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Révolution politique dans leur pays
Des ouvriers bangladais à Maurice expriment soulagement et espoir
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Révolution politique dans leur pays
Des ouvriers bangladais à Maurice expriment soulagement et espoir
Alors que le Bangladesh traverse une révolution politique après des semaines de manifestations ayant conduit à la démission de la Première ministre Sheikh Hasina, des travailleurs bangladais à Maurice, vivant la situation de loin, expriment leur soulagement et leurs espoirs d’un avenir meilleur dans leur pays d’origine. «C’est pour moi une satisfaction qu’elle ne soit plus au pouvoir. Le système de quotas était préjudiciable aux étudiants et aux jeunes, car il favorisait les enfants issus des dynasties politiques et ceux proches du pouvoir. Les étudiants se font entendre et soutiennent le Dr Yunus pour diriger le pays. Baad mein kaun aayega ya jayega, nahin maloom. Abhi acha hai (nous ne savons pas qui sera ou ne sera pas élu plus tard, mais pour l’instant, c’est bien)», affirme Nuraiz (prénom fictif), ouvrier bangla¬dais travaillant dans une entreprise textile à Lallmatie. Face à la cherté de la vie au Bangladesh, il est arrivé à Maurice en 2022 pour mieux subvenir aux besoins de sa famille.
«Ici, je gagne environ Rs 20 000 par mois. Je peux envoyer au moins Rs 15 000 à ma famille, ce qui représente environ 40 000 Taka, le double de ce que je pouvais leur fournir auparavant (...) Les manifestations ont eu lieu dans différentes régions urbaines. Comme je suis originaire d’un village, ma famille était relativement à l’abri. Mais en raison des violences, je n’ai pas pu leur envoyer d’argent pendant trois semaines, y compris lorsque j’ai reçu mon salaire de juillet. Les activités financières ont également été affec¬tées, la banque au Bangladesh ayant déclaré ne pas avoir de fonds disponibles à ce moment-là. Maintenant que le calme revient peu à peu, j’ai effectué une transaction hier», confie Nuraiz.
Bayazid, 38 ans, qui travaille dans un supermarché de la capitale, espère pouvoir transférer de l’argent à sa famille dans les prochains jours, grâce à la réouverture progressive de quelques banques au Bangladesh. Il se souvient d’avoir été témoin, dans son enfance, de la mise en place du système de microcrédit, dont Muhammad Yunus a été le pionnier. Ce système a conduit à la création de la Grameen Bank, permettant aux personnes à faibles revenus de contracter de petits prêts sans garantie pour créer leur propre entreprise et sortir de la pauvreté.
«Par la suite, nous avons déménagé à Dhaka. Le gouvernement de Sheikh Hasina est deve¬nu dictatorial, réprimant la liberté d’expres¬sion et procédant à des arrestations politiques. Le système de quotas pour les familles d’anciens soldats est utilisé comme prétexte, les riches s’enrichissant et les proches de la Première ministre obtenant des emplois, tandis que les enfants pauvres, mais éduqués, des planteurs ou des marchands de denrées alimentaires sont confrontés à un chômage croissant et à un coût de la vie élevé», explique Bayazid. Titulaire d’un MBA, il avance que de nombreux jeunes au Bangladesh ont un niveau d’éducation élevé.
«Mon neveu, par exemple, étudie à l’université de Dhaka et fait partie de ceux qui ont manifesté pour défendre leurs droits et pour un avenir meilleur. Heureusement, il est resté sain et sauf tout au long des mobilisations. Les policiers étant absents des rues, mon neveu a participé aux efforts pour maintenir l’ordre et nettoyer la ville», ajoute Bayazid, avec un sentiment de fierté visible sur son visage. «La situation politique, malgré le chaos, s’est améliorée, et nous espérons que les choses continueront à s’améliorer.»
Appel à assurer des conditions humaines aux travailleurs bangladais
Faizal Ally Beegun, syndicaliste et défen¬seur des droits des travailleurs étrangers, appelle le ministère du Travail et le gouvernement mauricien à «accorder des considérations spéciales jusqu’à ce que la normalité soit rétablie au Bangladesh, en particulier pour les travailleurs bangladais dont les permis de travail ou les visas ont expiré et qui sont incertains quant à leur renouvellement. Il est crucial de leur assurer un lieu de séjour adéquat dans des conditions humaines».
Il ajoute que les travailleurs étrangers, fuyant les conditions de vie difficiles de leur pays pour travailler à Maurice, sont souvent victimes d’abus et d’exploitation de la part de leurs employeurs, et sont déportés dès qu’ils dénoncent ces violations des droits humains. L’enquête de Transparentem, publiée en janvier dernier, évoque «l’esclavage moderne» dont sont victimes des travailleurs étran¬gers à Maurice. Faizal Ally Beegun appelle également les différentes ambassades «qui rendent continuellement des visites de courtoisie aux ministres mais choisissent de rester silencieuses face aux mauvais traitements infligés à leurs propres citoyens travaillant ici» à assurer la protection de ces derniers.
Pour rappel, les étudiants au Bangla¬desh ont commencé à protester à l’université de Dhaka en juillet, exigeant la levée du système de quotas gouvernemental, selon lequel seuls 44 % des emplois publics de première et de deuxième classes sont basés sur le «mérite». Ce système réserve également 30 % des postes de la fonction publique aux descendants des anciens soldats ayant participé à la guerre d’indépendance du Bangladesh contre le Pakistan en 1971. Les postes réservés offraient sécurité d’emploi et salaires plus élevés. Les manifestants ont jugé que le système de quotas était discriminatoire et favorisait les partisans de l’ancien parti au pouvoir, l’Awami League, dirigée par l’ex-Première ministre Sheikh Hasina.
Les manifestations ont exercé une pression nationale pour contraindre Sheikh Hasina à démissionner. Les manifestants ont subi une forte répression du gouvernement, entraînant environ 455 morts, selon les médias locaux. Ce lundi 5 août, Sheikh Hasina a démissionné après que les manifestants ont pris d’assaut sa résidence. Depuis, le Dr Muhammad Yunus, lauréat du prix Nobel de la paix et économiste, a été nommé conseiller principal à la tête du gouvernement intérimaire du Bangladesh. Le président du Bangladesh, Mohammed Shahabuddin, a également dissous le Parlement, indiquant que de nouvelles élections seront organisées dès que possible.
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