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Éducation et changement climatique
Des parents voudraient décaler la rentrée, les syndicats plaident pour l’enseignement à distance
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Éducation et changement climatique
Des parents voudraient décaler la rentrée, les syndicats plaident pour l’enseignement à distance
Les écoliers et collégiens n’ont été en classe que pendant six jours depuis le début de cette année.
Dame nature semble vouloir altérer le déroulement de la vie scolaire. Depuis la rentrée, la plupart des écoliers et collégiens ont assisté en présentiel à seulement six jours de classe sur les 12 initialement prévus. Cette situation suscite des inquiétudes parmi les parents, même si le corps enseignant s’engage à faire tout son possible pour rattraper le retard. Une question émerge alors : serait-il nécessaire de reconsidérer la période de la rentrée scolaire ? Les syndicalistes semblent être en faveur de l’éducation à distance...
Les journées se suivent et se ressemblent pour les élèves en ce début d’année scolaire. Les caprices du temps jouent les trouble-fêtes, suscitant de l’inquiétude chez les parents, en particulier ceux dont les enfants doivent se préparer pour des examens internationaux à partir d’octobre. D’autres parents remettent en question la période choisie pour la rentrée, notamment en raison du changement climatique qui semble prolonger les conditions météorologiques difficiles en été. Face au nombre limité de jours de cours depuis la rentrée, le 11 janvier, certaines personnes se demandent s’il ne serait pas judicieux de débuter les cours en février et d’étendre le calendrier scolaire afin que les cours se terminent vers le 15 décembre au lieu de début novembre. D’autant que cela fait quelques années que ce schéma se reproduit.
La question a été soulevée auprès des professionnels de ce secteur. Pour Vishal Baujeet, président de la Government Teachers Union (GTU), la possibilité de revoir le calendrier à ce stade ne se pose pas. Il souligne que la saison du mauvais temps persiste jusqu’à la fin de mars, rappelant des incidents tragiques survenus à cette période, comme les inondations du 29 mars 2008 où une collégienne a perdu la vie à Mont-Goût, ainsi que les 11 décès survenus le 30 mars 2013. Il interroge ainsi la pertinence de modifier le calendrier scolaire pour une rentrée plus tardive.
Il soulève également des questions concernant les trimestres et la tenue des examens, en particulier ceux du School Certificate et du Higher School Certificate, de niveau international. «C’est pourquoi, au sein de la GTU, l’accent est davantage mis sur les cours en ligne. On devrait insister sur d’autres modes d’enseignement, tels que des cours télévisés professionnellement conçus pour le primaire et des cours en ligne pour le secondaire.» Il souligne l’importance de créer un institut spécialisé pour étudier, conceptualiser, mener des recherches et proposer des méthodologies alternatives pour l’avenir, semblable au Mauritius College of the Air qui a été démantelé. En résumé, il plaide en faveur de la structuration de l’enseignement à distance.
Certes, il reconnaît que dans certains cas, l’enseignement en ligne peut s’avérer difficile, surtout pour ceux qui sont au primaire. Il souligne la nécessité de considérablement améliorer les leçons à la télévision, affirmant que ceci pourrait être une solution viable. Cependant, il insiste sur le fait que le changement de calendrier n’est pas une solution appropriée. De plus, en cas de multiples jours d’absence dus au mauvais temps, il suggère qu’une solution envisageable, après consultation avec les syndicats et autres parties prenantes, serait de remplacer les jours perdus pendant les vacances, comme cela a été le cas l’année dernière.
De son côté, Arvind Bhojun, président de l’Union of Private Secondary Education Employees (UPSEE), est d’avis que l’option de remplacer les jours perdus semble également se dessiner pour cette année. Il exprime sa préoccupation en soulignant que ceci pourrait être imposé aux enseignants comme cela s’est produit l’année dernière. Il critique le fait que le ministère ne semble pas prendre en compte le fait que certains enseignants ont déjà planifié leurs périodes de vacances. Il souligne également que, étant donné qu’ils ont déjà les vacances scolaires, ils bénéficient seulement de 20 jours de congé tous les 20 ans.
En ce qui concerne la modification de la rentrée scolaire, le sujet a déjà été abordé dans un passé récent. «Des réflexions collectives ont été menées à ce sujet, mais cela s’est avéré difficile à mettre en œuvre. Au cours des trois dernières années, le changement climatique a déjà perturbé le premier semestre du calendrier scolaire», souligne Arvind Bhojun. Il met en avant le fait que le calendrier est élaboré en fonction des besoins des élèves. «Nous devons concevoir un programme où l’élève puisse assimiler tout ce qui lui est enseigné. C’est pourquoi il a besoin d’une pause pour se reposer avant de reprendre les études afin de continuer à assimiler la suite. Il est essentiel de préciser que nous ne sommes pas des robots et qu’il n’est pas possible de déverser toutes les informations sur l’enfant sans qu’il ne comprenne de quoi on parle.» Le président de l’UPSEE souligne que tout est planifié et proportionné en trois semestres. Il évoque également la question des examens de Cambridge, se demandant si cette institution accepterait de modifier la période des examens pour convenir à la situation locale, en tenant compte notamment du fait que ces examens sont organisés à travers le monde à cette période.
Arvind Bhojun évoque une autre possibilité : celle d’une rentrée scolaire en février. Il se demande si cela permettrait de compléter le programme d’études de manière adéquate afin que les élèves puissent aborder les examens en toute confiance. Il rappelle que pendant la pandémie de Covid-19, le calendrier a été perturbé. «On pensait que ce serait une bonne chose. Malheureusement, en novembre et en décembre, nous avons constaté que les infrastructures dont nous disposons dans les écoles ne sont pas adaptées aux enfants. Il n’y a pas de salles climatisées et, après la première pause, les enfants et les enseignants s’assoupissent avec la chaleur. De plus, en décembre, de nombreux jeunes ont déserté les classes. Ils expliquent qu’ils préfèrent travailler dans des magasins pour gagner de l’argent afin de se procurer des fournitures scolaires pour janvier. Ou ils aident leurs parents qui, pendant cette période festive, travaillent à leur compte. Il ne faut pas oublier que le coût de la vie est élevé de nos jours.»
Le président de l’UPSEE souligne que si le troisième trimestre débute en janvier, la fin du programme d’études risque d’être encore plus perturbée pour les enfants. Il plaide en faveur des études en ligne, soulignant que cette approche est déjà en place à travers le monde. Il questionne l’idée de résilience, se demandant où elle se trouve concrètement. Il insiste sur l’importance de ne pas discriminer les élèves, soulignant que tous n’ont pas accès à la même technologie. Il mentionne le cas de familles avec plusieurs enfants mais seulement deux smartphones, se demandant s’il est juste de pénaliser l’un des enfants. Il interroge également le choix du ministère de ne pas investir dans les équipements pour l’enseignement en ligne et suggère d’investir dans la formation des enseignants pour cette modalité. Selon certaines sources, le Mauritius Institute of Education aurait entrepris des travaux pour mettre en place un système d’études en ligne, mais des changements auraient eu lieu, et le projet semble une fois de plus avoir été mis de côté. Toutefois, qui dit enseignement en ligne dit parents à la maison et absents du travail à la dernière minute pour cause de mauvais temps… Un autre aspect qui fait que ces derniers ne trouvent pas leur compte dans l’enseignement en ligne.
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