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Campagne électorale

Des travailleurs étrangers «kol lafis»... des syndicalistes tirent la sonnette d’alarme

15 octobre 2024, 20:03

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Des travailleurs étrangers «kol lafis»... des syndicalistes tirent la sonnette d’alarme

Les syndicalistes souhaitent que les partis politiques n’utilisent les services d’aucun travailleur étranger dans le cadre des élections générales.

Une vidéo devenue virale met en lumière le rôle des travailleurs étrangers pendant la campagne électorale. En effet, un internaute a filmé des ouvriers étrangers installant des banderoles à proximité de la résidence d’un candidat. Pour les syndicats, cette pratique devrait cesser car elle compromet la sécurité de ces travailleurs.

Pour Fayzal Ally Beegun, il est impératif de mettre un terme à ce genre de situation. «Nous n’avons aucun droit moral de jouer avec la sécurité de ces travailleurs étrangers. Il est regrettable que cette pratique persiste dans différentes régions du pays. On est en droit de se demander si le Premier ministre ou le ministre du Travail a autorisé ces travailleurs à poser des affiches ou à peindre les routes aux couleurs des partis politiques. Je suis sûr qu’ils n’ont jamais donné cette consigne.»

Le syndicaliste va même jusqu’à dire, avec une pointe de cynisme, que les Mauriciens ne veulent plus effectuer ce type de travail pendant la période électorale. «Il faut aussi comprendre que ces ouvriers étrangers ne connaissent pas la réalité mauricienne.»

Il pousse la réflexion encore plus loin en affirmant que, selon ses sources, certaines personnes lui auraient indiqué que les travailleurs étrangers seraient surveillés, le 10 novembre, jour des élections. «Leurs dortoirs seront placés sous surveillance. Au cours des dernières années, il a souvent été rapporté que des travailleurs étrangers auraient voté lors des élections législatives, bien que ces allégations de fraude électorale n’aient jamais été prouvées, ni devant les tribunaux, ni devant des instances internationales.»

Il lance un appel au Premier ministre sortant, Pravind Jugnauth, demandant qu’aucun travailleur étranger ne soit employé pour soutenir les partis ou les candidats durant les prochains jours. «Nous devons éviter que cela se reproduise car cela ternit l’image du pays sur la scène internationale.» C’est pourquoi il demande aux travailleurs étrangers de se tenir à l’écart de la politique mauricienne.

De son côté, Ashvin Gudday, négociateur syndical de la Private Sector Employees Union, affilié à la General Workers Federation, affirme qu’il est impossible de dissocier les travailleurs étrangers de Maurice, surtout compte tenu de leur contribution significative à la bonne marche de l’économie. «Surtout avec l’exode des talents locaux.» Cependant, il condamne fermement l’exploitation, voire la surexploitation, de certains de ces travailleurs sur le sol mauricien.

«Ils font face à des conditions difficiles, avec de longues heures de travail et des dortoirs qui ne respectent pas les normes. Ils sont venus dans l’espoir de subvenir aux besoins de leurs familles, restées dans leur pays d’origine. Par conséquent, il est inacceptable qu’ils soient instrumentalisés à des fins politiques.» En effet, certains, comme on le voit dans la vidéo devenue virale, posent des banderoles. «Ou encore, ils sont parfois transportés en bus pour assister à des meetings politiques, comme cela s’est vu dans le passé. Ils ne comprennent rien à la politique mauricienne et peuvent même être attaqués ou brutalement pris à partie, surtout en raison des barrières de communication. C’est un signal très négatif pour notre démocratie.»

Tout comme Fayzal Ally Beegun, il revient sur les rumeurs, qui ont circulé après les dernières élections, selon lesquelles des travailleurs étrangers auraient voté. «Je prends cela avec beaucoup de réserve, car il n’y a aucune preuve tangible que cela se soit réellement passé.» Ashvin Gudday déplore que les travailleurs étrangers soient souvent des cibles faciles.

Il souligne également le dernier amendement à la Finance Act, qui permet à certains secteurs de recruter de la main-d’œuvre étrangère, sans être soumis à des quotas. «Cela pousse les Mauriciens, notamment les jeunes, à émigrer. Aujourd’hui, on peut même recruter un travailleur pour Rs 22 500, c’est une véritable farce !» Il tient néanmoins à préciser que sa fédération n’est pas xénophobe et que le respect de tous les travailleurs étrangers est primordial.