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Des voeux pas trop convenables

30 décembre 2023, 13:58

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Les messages affluent sur WhatsApp, mais aussi sur Signal pour ceux qui ont peur de l’intrusion de la police secrète ou de la future Financial Crimes Commission (FCC).

C’est la saison des bilans et des prévisions, des souhaits ou bons mots. Regardez autour de vous, quand vous décollerez vos yeux de votre écran.

Chacun défend sa partition, se décerne volontiers des satisfecit pour l’année écoulée et claironne ses résolutions pour celle à venir.

À la charnière de 2023 et 2024, l’on oscille facilement entre regret mélancolique du temps qui fuit et espoir angélique d’un monde qui s’en portera mieux.

On balance, pêle-mêle, selon les interlocuteurs, ce qui n’a pas pu être accompli et ce que l’on projette d’entreprendre. En somme, chacun peut peindre le monde dans lequel il/elle vit comme bon lui semble, loin de la guerre qui déchire le Proche Orient et l’Europe de l’Est. On avait déjà connu un changement de paradigme assez similaire le 11 septembre 2001, après l’attentat contre les tours jumelles et le Pentagone. Un basculement vers un monde plus violent, avec l’arme nucléaire bien en évidence.

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Alors que nous vivons les derniers jours de 2023, il est bon de se rappeler que le changement n’est pas juste une affaire de date. C’est avant tout un regard nouveau que l’on devrait pouvoir s’offrir. Comme changer de perspective, recentrer l’angle. Aller, si possible, de l’autre côté de la barrière pour mieux comprendre notre monde, sous ses multiples complexités.

Les élections se profilent, mais on risque de ne rien changer du tout. Un voeu qui restera pieux : si seulement Ramgoolam et Jugnauth, enterrant la hache de guerre quelque part entre River Walk et Angus Road, pouvaient sortir des sentiers battus afin de plaider pour un État démocratique, ouvert, transparent, où les dynasties politiques, jouant aux musical chairs, n’auront pas prise sur tout : de la nomination du prochain directeur général de la FCC à celui de la MBC, en passant par le nombre de séances parlementaires en une année ou tout un mandat ? Peuvent-ils, à l’unisson, au grand dam de leurs chamchas, souhaiter à Maurice une profonde et courageuse réforme électorale susceptible de faire émerger une vraie – et nouvelle – classe de dirigeants politiques, pas celle qui se mesure au nombre d’années passées au PMO ? Peuvent-ils vraiment mettre en chantier un développement économique intègre, intégral et intégré de Maurice, en sauvegardant tous nos atouts environnementaux ? Veulent-ils l’émergence d’un mauricianisme qui ferait mourir de sa belle mort le recensement obsolète de 1972, et son rejeton hideux qui n’a aucune raison d’être, si l’on se base sur la méritocratie et l’intégrité, le tant décrié Best Loser System qui est maintenu en vie par des lobbies sectaires ?

Si le vrai changement de 2023 à 2024 devait être la prise de conscience de l’électorat mauricien de sa capacité à agir collectivement – presque comme une seule personne –, or les choses ne se passent pas comme prévu. Les voeux à nos dirigeants politiques devront être moins convenables que ceux qu’ils nous adressent derrière un écran. Mettons de côté les poncifs, et regardons en face ceux qui travaillent pour nous et sont payés avec nos sous. Il faut les pousser à être responsables et transparents face à leur programme gouvernemental. Ils ne peuvent pas se permettre de faire la sourde oreille. Voici nos souhaits, déjà exprimés dans le passé, qui sont restés inexaucés, car pas trop convenables pour tout un chacun :

Le temps de l’ouverture. La mondialisation nous oblige à nous ouvrir, pas à nous replier sur nous-mêmes, surtout si l’on veut trouver sa place dans la nouvelle économie mondiale. Pourquoi se fermer aux compétences étrangères? Est-ce ainsi qu’on pourra devenir un pays à revenu plus élevé ?

Le temps des institutions. Pourquoi remercier quelqu’un qui serait perçu comme étant trop indépendant ? Il faut que les institutions puissent fonctionner librement sans l’ingérence politicienne. La ligne de démarcation entre État et gouvernement doit être redéfinie. Sur un autre plan, la séparation des pouvoirs doit demeurer un principe sacro-saint. L’exécutif ne doit pas chercher à faire pression sur le judiciaire.

Le temps de la transparence. À quand la Freedom of Information Act et une vraie politique d’open government ?