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Journée internationale
Destins de femmes ∣ Meryl chueng: L’as des neurones
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Journée internationale
Destins de femmes ∣ Meryl chueng: L’as des neurones
Le vendredi 8 mars, on célébrait la Journée internationale des droits des femmes. L’occasion, à travers cette galerie comprenant quelques portraits, de rendre hommage à celles qui se battent au quotidien, celles qui traversent des obstacles, qui balaient les échecs d’un revers de la main entre des larmes, à coups de courage et de persévérance. Celles qui changent en toute discrétion la vie des autres, celles qui ont des rêves, des ambitions, celles qui montent au créneau pour défendre les injustices. Des citoyennes lambda qui n’ont pas l’habitude d’être sous les projecteurs mais qui portent en elle cette lumière si particulière.
Forte d’une conviction profonde que chaque enfant mérite d’être compris au-delà des étiquettes simplistes, Meryl Chueng, 33 ans, psychologue spécialisée en neuropsychologie clinique, est une professionnelle passionnée qui cherche à éclairer les chemins complexes de l’apprentissage et du développement.
«La neuropsychologie m’a aidée à mieux comprendre les différentes difficultés d’apprentissage et de comportements que nous pouvons avoir, en faisant le lien avec notre fonctionnement cérébral et nos capacités cognitives et émotionnelles», dit-elle. «Un enfant qui échoue aux examens est un enfant ‘bête’. Un enfant qui bouge beaucoup en classe et n’écoute pas est ‘paresseux’. Jadis quand j’étais élève, j’ai souvent entendu ces phrases et j’ai été confrontée à ces idées préconçues. En grandissant, j’ai pu me rendre compte que d’autres facteurs pouvaient influencer les résultats, qui n’ont rien à voir avec la paresse ou le ‘manque d’intelligence’. Par exemple, des difficultés d’apprentissage réelles, le stress ou l’anxiété, un environnement familial perturbant, entre autres.»
Détentrice d’un BSc (Hons) en psychologie de l’université de Maurice et d’un Mastère en sciences psychologiques avec une spécialisation en neuropsychologie à l’université catholique de Louvain en Belgique, elle a plongé dans les méandres du cerveau humain. Son intérêt pour la neuropsychologie clinique l’a conduite à une carrière éclairée, où elle relie les comportements et les difficultés d’apprentissage aux nuances subtiles du fonctionnement cérébral.
Durant son parcours professionnel, Meryl Chueng a eu l’opportunité de travailler dans différents secteurs, à Maurice et en Europe, comme des écoles spécialisées pour des enfants avec des besoins spécifiques, des centres pluridisciplinaires, des ONG et le secteur hospitalier. Toutefois, lorsqu’elle est rentrée à Maurice, elle a éprouvé des difficultés à trouver une organisation où elle puisse vraiment pratiquer le métier de neuropsychologue, comme elle l’aurait souhaité. «J’ai donc décidé de me mettre à mon compte afin de faire quelque chose qui me passionne, et cela fait plus de six ans que j’ai ouvert mon cabinet.»
Dans son cabinet sis à Coromandel, elle accueille avec bienveillance les enfants et leurs familles, offrant bien plus que des diagnostics et des recommandations. «Je reçois principalement des jeunes qui rencontrent des difficultés scolaires et qui, souvent, ne sont pas nécessairement ‘bêtes’ ou ‘paresseux’. J’aide la famille et l’école à mieux comprendre les difficultés de l’enfant à travers des observations cliniques, des tests psychométriques et standardisés, des prises en charge et des recommandations pour l’école et la maison.» En particulier, cette habitante d’Ebène aide les personnes ayant des troubles spécifiques de l’apprentissage comme la dyslexie, la dyspraxie, la dyscalculie et le trouble déficitaire de l’attention, avec ou sans hyperactivité.
Ces troubles engendrent des difficultés de lecture, d’écriture, de coordination des gestes moteurs, de l’hyperactivité, de l’inattention, et ainsi de suite, sans pour autant toucher l’intelligence. Elle assiste aussi les familles pour des questions concernant ceux possédant un haut potentiel intellectuel, ceux qui sont surdoués mais aussi et surtout ceux qui ont des retards intellectuels ou de développement, d’autisme, etc. Par ailleurs, Meryl Chueng est en contact avec d’autres professionnels du domaine médical et paramédical – généralistes, psychiatres, orthophonistes, ergothérapeutes – afin de mieux aider le patient dans sa globalité.
À Maurice, il y a beaucoup d’enfants qui ont un, ou plusieurs, troubles d’apprentissage et qui sont souvent diagnostiqués tardivement. Bien que cela progresse, fait remarquer la psychologue, il y a encore peu de sensibilisation et de formations adéquates auprès des professionnels de l’enfance, tels que les enseignants, afin de dépister les signes d’un trouble de manière précoce pour les référer vers des professionnels appropriés. Par ailleurs, elle souligne le manque de professionnels pour aider ces jeunes. «À ma connaissance, il y a environ quatre neuropsychologues seulement ici.»
Son métier n’est pas toujours facile et il n’y a pas autant de ressources d’aide pour les jeunes, comme à l’étranger. Le travail de cette professionnelle n’est pas seulement une vocation, c’est un acte de compassion et d’autonomisation. Guidée par une foi inébranlable en la capacité de chaque individu à briller, elle éclaire les voies sombres de l’incompréhension, offrant aux jeunes les outils dont ils ont besoin pour s’élever au-dessus des étiquettes et s’épanouir dans toute leur diversité.
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