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Logement

Devenir propriétaire d’une maison : Rêve ou illusion pour les jeunes ?

13 juin 2025, 08:00

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Devenir propriétaire d’une maison : Rêve ou illusion pour les jeunes ?

[Photo d’illustration]

La question du logement est au cœur du débat politique. Selon le Budget Highlights 2025-2026 publié par la Mauritius Chamber of Commerce and Industry, le 5 juin 2025, les deux mesures fiscales que sont le Home Ownership Scheme et le Home Loan Payment Scheme, actuellement en vigueur, prendront fin le 30 juin 2025 et ne seront pas renouvelées.

Steven Obeegadoo, ancien ministre du Logement et des terres, revient sur l’impact du Home Ownership Scheme et du Home Loan Payment Scheme, deux dispositifs inscrits dans la Registration Duty Act, et qui arriveront à échéance le 30 juin 2025. «Encore un exemple de la contradiction flagrante entre, d’une part, l’énoncé de bonnes intentions du gouvernement à fournir un logement décent à tout le monde, et, d’autre part, les mesures d’austérité visant à réduire les dépenses de l’État, au détriment de la classe ouvrière.»

Sous le Home Ownership Scheme, explique Steven Obeegadoo, toute personne achetant une maison, un appartement ou un terrain à des fins résidentielles pouvait bénéficier d’un remboursement de l’État équivalant à 5 % de la valeur de l’achat : «Si quelqu’un achetait un appartement au coût de Rs 3 millions, l’État offrait un remboursement de Rs 150 000. Le plafond de l’achat étant de Rs 10 millions, cela représentait un remboursement maximal de Rs 500 000.» Il précise également que la procédure était encadrée : «La requête était régulée et se faisait auprès du notaire.»

Le Home Loan Payment Scheme, quant à lui, couvrait 5 % du montant de l’emprunt immobilier, avec le même plafond. «Ces deux dispositions bénéficiaient essentiellement à la classe moyenne. L’État soutenait non seulement l’achat avec un remboursement direct, mais aussi le remboursement de l’emprunt. Une personne pouvait bénéficier des deux dispositifs», souligne l’ancien ministre.

Steven Obeegadoo va plus en profondeur dans son analyse : «Je fais un parallèle avec le Housing Loan Relief Scheme, une disposition qui se trouve dans l’Income Tax Act depuis juillet 2023. Pendant deux ans, l’État a accordé Rs 1 000 mensuellement à tout particulier mauricien ayant contracté un emprunt pour acheter, construire ou agrandir sa maison.» Il précise que cette disposition sera elle aussi supprimée progressivement: «Nous assistons à l’élimination d’une série de mesures visant à aider la classe moyenne, les jeunes comme les moins jeunes.»

Il aborde également les difficultés auxquelles fait face la classe ouvrière et reconnaît à propos des logements sociaux : «Le nombre de logements sociaux ne suffit pas. On n’a pas suffisamment construit pendant les dernières décennies. Ce qui fait qu’aujourd’hui, avec raison, le Premier ministre et ministre des Finances vient dire que même après la livraison des 8 000 logements sociaux en construction, il y aura toujours une grosse demande.»

Il fait également référence au modèle singapourien du logement en soulignant que le marché mauricien ne génère pas un nombre suffisant de logements à un prix abordable. Pour les jeunes, obtenir une garantie pour un emprunt n’est plus chose aisée. Il rappelle que la décision du gouvernement, ces dernières années, de soutenir l’effort de ceux qui cherchent à construire ou à acheter une maison – que ce soit à travers le Home Ownership Scheme ou le Home Loan Relief Scheme – représentait un véritable soutien désormais en voie de disparition.

Un parcours semé d’embûches

Elvissen Adaken, jeune professionnel, tire, lui, la sonnette d’alarme face aux difficultés rencontrées par les jeunes dans le secteur du logement. Selon lui, l’accès au prêt bancaire demeure un parcours semé d’embûches et il est temps de revoir les critères d’éligibilité pour permettre à davantage de jeunes de concrétiser leur projet immobilier. «Il est impératif de faciliter l’accès au prêt bancaire et de revoir les seuils en matière d’éligibilité», affirme-t-il.

Dans cette même optique, Elvissen Adaken propose la mise en place d’un système encadré visant à garantir la transparence et l’efficacité des professionnels de la construction, un secteur souvent critiqué pour son manque de régulation.

Enfin, il souligne que l’augmentation des prix des matériaux de construction constitue un frein majeur pour l’acquisition d’une propriété et qu’il est urgent de trouver des mécanismes pour alléger le fardeau financier des jeunes souhaitant bâtir leur maison.

Pour sa part, Ashvin Bukhory, directeur d’Ayaviva Ltd et membre de l’Estate Agents Association, indique que les conditions actuelles d’accès au prêt immobilier freinent considérablement les jeunes. Il explique que selon la législation en vigueur, le montant du prêt ne peut excéder 40 % de la capacité de remboursement, ce qui exclut automatiquement une grande partie de la population.

«Quelqu’un percevant un salaire d’environ Rs 20 000 ne pourra jamais acheter une maison dans ces conditions. Il faut engager une discussion avec les banques et les autorités, notamment en revoyant les taux d’intérêt pour les jeunes», fait-il ressortir.

Ashvin Bukhory insiste également sur la nécessité de mieux encadrer les transactions immobilières. Il recommande que les transactions immobilières soient effectuées exclusivement par l’intermédiaire de propriétaires ou d’agents dûment enregistrés.

De son côté, Christopher Durhone, membre d’En Avant Moris, attire l’attention sur la flambée des prix des terrains. Il explique que c’est un obstacle majeur à l’accès à la propriété pour la jeune génération. «L’appréciation continue des terrains rend l’acquisition extrêmement coûteuse. Il faut aujourd’hui non seulement contracter un prêt, mais aussi disposer d’un apport initial, ce qui est impossible pour ceux qui vivent de mois en mois, avec une faible capacité d’épargne», déplore-t-il.

À cela s’ajoute l’augmentation du coût des matériaux de construction et de la main-d’œuvre, qui alourdit davantage la facture. Face à ce constat, Christopher Durhone propose une série de mesures visant à améliorer l’accès au logement.

Tout d’abord, un accès facilité au financement, y compris pour les jeunes sans stabilité financière. Ensuite, une ouverture des dispositifs d’aide aux petits entrepreneurs, souvent exclus des critères traditionnels fondés sur des revenus salariés réguliers. De plus, il recommande l’élargissement du portefeuille de logements sociaux en l’orientant vers la classe moyenne. Enfin, il suggère l’ouverture du marché à davantage de promoteurs immobiliers afin d’encourager la concurrence et de diversifier l’offre.

Sollicitée notamment sur les critères d’éligibilité, l’attachée de presse du ministère du Logement et des terres met en avant la révision à la hausse du revenu de celui qui fait une demande pour un logement de la National Housing Development Company, soulignant que le montant passe à Rs 48 000.

N.F

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