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Euro-2024/France

Didier Deschamps, l'éternel débat

27 juin 2024, 20:33

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Didier Deschamps, l'éternel débat

Le sélectionneur des Bleus Didier Deschamps affiche son agacement, lors du match nul (1-1) contre la Pologne à Dortmund, le 25 juin 2024 AFP/Archives FRANCK FIFE

Les piètres prestations de l'équipe de France au 1er tour de l'Euro-2024 ont relancé le débat récurrent sur le style de jeu restrictif prôné par Didier Deschamps, même si le sélectionneur doit aussi composer avec la méforme de ses deux leaders techniques, Kylian Mbappé et Antoine Griezmann.

C'est la même rengaine qui revient à chaque grande compétition depuis l'arrivée de l'ancien champion du monde aux commandes des Bleus en 2012. Priorité donnée à l'assise défensive, absence de prises de risques et d'ambition sur le plan offensif: les griefs n'ont pas varié et collent aux basques de Deschamps malgré un palmarès unique dans les annales du football tricolore.

Les critiques étaient tout aussi sévères après l'entame de l'Euro-2016 ou des Coupes du monde 2018 et 2022, mais elles n'avaient pas empêché les Français d'aller à chaque fois en finale, et même de cueillir une 2e étoile à l'issue du Mondial en Russie il y a six ans, tout en marquant beaucoup de buts (14 en 2018, 16 en 2022).

Les reproches ont cependant pris une autre tournure durant cet Euro au vu de la maladresse chronique des attaquants, des choix contestables du sélectionneur et de ses tâtonnements tactiques.

Un constat que le technicien a d'emblée balayé d'un revers de la main juste après une nouvelle production terne et préoccupante, mardi face à la Pologne (1-1), sans doute l'une des formations les plus faibles du tournoi, condamnant les Bleus à finir à la 2e place du groupe D et à un parcours très compliqué à partir des 8e de finale.

«Je ne suis pas déçu, pas du tout, a-t-il assuré. L'objectif était d'aller chercher la première place, on a fait ce qu'il fallait. J'aurais été beaucoup plus inquiet si on n'avait pas eu d'occasions.»

Ce pragmatisme à toute épreuve est aussi partagé par certains cadres, qui placent, comme leur patron, les résultats au-dessus de tout.

«A la fin de notre carrière, on se rappellera plus du palmarès de chacun plutôt que de la manière de jouer. Il y a eu pas mal de très bons résultats ces derniers temps avec ce coach-là. On n'est peut-être pas l'équipe qui joue le mieux mais on est l'équipe qui se retrouve le plus souvent dans le carré final», a estimé le milieu Aurélien Tchouaméni.

Frilosité

La question de la qualité de jeu avait déjà rebondi pendant la préparation, Antoine Griezmann ayant reconnu que le spectacle proposé par l'équipe de France était «chiant».

Cette petite musique a de nouveau été entendue après le nul concédé contre la Pologne, certains joueurs pointant, en creux, un manque de volonté offensif, comme un petit caillou dans le jardin de Deschamps.

«Je pense qu'on a fait un peu trop de gestion», a ainsi noté Bradley Barcola alors qu'Adrien Rabiot n'a pas hésité à affirmer que les Bleus n'en avaient pas «mis assez pour gagner».

Le onze de départ aligné était symptomatique d'une certaine frilosité. Contraint de l'emporter face à une nation éliminée, le sélectionneur avait opté pour trois milieux de terrain à vocation défensive (Kanté, Tchouaméni, Rabiot), sacrifiant un cadre historique comme Griezmann. Une option qui a forcément eu des conséquences sur la créativité des Bleus.

A sa décharge, Deschamps doit gérer un groupe qui tire la langue au terme d'une très longue saison en club, à commencer par Mbappé et Griezmann. Le capitaine, handicapé par ses derniers mois compliqués au PSG et des petits bobos (dos, genou), n'est pas à 100%. Des soucis athlétiques accentués par sa fracture du nez.

«Grizou» est lui méconnaissable avec une perte d'influence sur le jeu que les tergiversations de Deschamps, tiraillé entre son schéma habituel en 4-3-3 et un 4-4-2 ayant fait ses preuves au Mondial-2018, n'arrangent pas.

Pour noircir encore un peu plus le tableau, les coachings en cours de match du sélectionneur n'ont jusqu'ici produit aucun effet et il est en outre privé de ses relais privilégiés dans le vestiaire après la retraite internationale de plusieurs joueurs majeurs (Lloris, Varane) et les ennuis de Paul Pogba.

De quoi le placer encore plus au pied du mur avant de défier la Belgique, lundi à Düsseldorf.