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Manque de dollars Américains sur le marché
Difficultés des travailleurs étrangers à envoyer de l’argent à leur famille
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Manque de dollars Américains sur le marché
Difficultés des travailleurs étrangers à envoyer de l’argent à leur famille
Plusieurs travailleurs étrangers se tiennent aux abords des agences de transfert d’argent pour envoyer une partie de leur salaire à leurs proches au quotidien.
Face au manque de dollars américains sur le marché, les cambistes sont contraints de diminuer le seuil de transfert d’argent afin de permettre à un maximum de travailleurs étrangers d’effectuer des transactions. Pour ces derniers, qui doivent faire la queue pendant des heures à plusieurs reprises pour envoyer de l’argent à leurs proches dans leur pays d’origine, cela signifie des défis accrus, des congés plus nombreux, et donc, des réductions de salaire plus élevées.
Une scène habituelle, surtout dans la capitale, est loin de disparaître. Chaque jour, plusieurs travailleurs étrangers se tiennent aux abords des agences de transfert d’argent pour envoyer une partie de leur salaire à leurs proches, résidant au pays natal. Jeudi, malgré le soleil brûlant de midi à la rue sir William Newton, ils étaient encore une vingtaine de travailleurs étrangers à attendre et à afficher une part d’espoir et de frustration en face du bureau de Ria Money Transfer. L’agence a dû fixer un seuil de transfert de seulement Rs 5 000 par travailleur étranger.
«Je perçois un salaire de Rs 20 000 par mois, dont j’envoie Rs 15 000 à mes parents au Bangladesh. Auparavant, la limite était de Rs 15 000 et je pouvais les envoyer en une seule fois, mais maintenant je ne peux envoyer que Rs 5 000 en une seule transaction, par personne et par jour, ce qui m’oblige à faire trois transactions. Parfois, je viens mais je ne peux pas effectuer la transaction et je dois repartir avec l’argent liquide. (...) J’ai également été à une autre banque à Quatre-Bornes hier, ainsi qu’à cinq autres banques, mais elles n’ont pas accepté en disant “limit is finished”. Je suis venu ici aujourd’hui depuis 7 heures du matin et j’espère pouvoir enfin envoyer de l’argent chez moi», explique un travailleur. Il déplore que «si le taux de change est satisfaisant, le seuil limite implique que je dois prendre plusieurs jours de congé pour venir faire la queue et que l’agence prélève des frais trois fois pour les trois transactions. De plus, l’employeur réduit mon salaire pour les heures où je dois m’absenter»
Dilemmes des agences
L’absence de dollars américains sur le marché crée une situation tout aussi complexe à gérer au niveau de l’agence. «Lorsqu’un travailleur étranger vient remettre une somme en roupies à transférer au Bangladesh, par exemple, étant donné que nous n’avons pas de taka (devise du Bangladesh) ici, l’agence est chargée de convertir cet argent en dollars américains, qui sont ensuite envoyés à Ria International. L’agence internationale envoie ensuite le montant reçu à la famille du travailleur en taka», explique un responsable de la direction de Ria Money Transfer.
Notre interlocuteur poursuit : «Le manque de dollars américains pour travailler implique que, par exemple, si à notre niveau, nous n’avons qu’une limite de 100 000 dollars pour travailler, si nous ne fixons pas un seuil bas pour les transactions, seule une dizaine de personnes pourront transférer autant d’argent qu’elles le souhaitent. Pour trouver un juste milieu et ne pas pénaliser les travailleurs étrangers, nous limitons la transaction à Rs 5 000 et permettons à un maximum de travailleurs de transférer au moins un peu d’argent dans leur pays d’origine. Nous veillons également à ce qu’une personne ne puisse effectuer que trois transactions par mois afin de donner à tous les autres une chance égale de transférer de l’argent. Avant la pandémie, tout allait bien et aucune limite ne se posait. Mais aujourd’hui, la situation s’est aggravée. C’est également difficile pour les membres du personnel qui font souvent face à la frustration des travailleurs étrangers», souligne-t-il.
Cela entraîne également des frais plus élevés pour les travailleurs étrangers lorsqu’ils transfèrent de l’argent. Selon les règles standard établies par Ria International, dont le système de transfert d’argent a été adopté ici, pour un transfert de Rs 15 000, des frais de Rs 190 sont facturés, et pour un transfert de Rs 5 000, le service facture Rs 140. «Ces frais sont répartis entre les trois agences, respectivement à Maurice, au sein de Ria International et au Bangladesh.» Pour les travailleurs bangladais, cela signifie qu’ils doivent maintenant payer un total de Rs 420 pour trois transactions au lieu de Rs 190 pour une seule transaction. Afin de s’assurer qu’ils puissent au moins effectuer un transfert sans subir de réduction de salaire de la part de leur employeur, «le mieux est de faire la queue devant l’agence pendant la soirée, de dormir ici pendant la nuit et d’être parmi les premières personnes à pouvoir utiliser le service le matin, puis d’aller travailler», nous disent plus d’un.
Cette situation pose également des problèmes de sécurité pour les travailleurs étrangers qui sont déjà soumis à des conditions d’abus et d’exploitation à Maurice, souligne Faisal Ally Beegun, syndicaliste et défenseur des travailleurs étrangers. «Des cas ont été constatés où des travailleurs étrangers ont dû retourner dans leurs dortoirs ou ont dormi des nuits entières devant des bureaux de change avec leur argent durement gagné, et ont été attaqués par des voleurs ou des toxicomanes. D’autre part, pour les travailleurs qui utilisent des systèmes tels que les cartes bancaires, lorsqu’ils font la queue pour envoyer de l’argent dans les banques, ils sont confrontés à des commentaires préjudiciables et xénophobes de la part de nombreux Mauriciens (...). La solution idéale serait que les banques et les agences de change, qui ont les moyens de renforcer leur sécurité, se rendent deux fois par mois sur les lieux de travail de ces travailleurs et les aident à effectuer leur transfert.»
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