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Fibromes - chirurgie novatrice
Dr Farhad Aumeer : «La reconstruction de l’utérus pour éviter l’ablation est une réalité»
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Fibromes - chirurgie novatrice
Dr Farhad Aumeer : «La reconstruction de l’utérus pour éviter l’ablation est une réalité»

Le Dr Farhad Aumeer, «Senior Consultant» en gynécologie à Welkin, et son équipe.
Une technique médicale novatrice qui évite l’ablation de l’utérus dans les cas où il y a des fibromes de taille importante. C’est ce que le Dr Farhad Aumeer, «Senior Consultant» en gynécologie à Welkin et député du gouvernement, a présenté lors du symposium «Elevating excellence in healthcare: Innovation and insights in quality care» organisé par C-Care samedi dernier.
Le gynécologue a présenté une étude de reconstruction de l’utérus dans le cas où il y a des fibromes de taille très importante, réalisée sur 37 patientes entre 2020 et 2024. Son exposé a été fait devant un parterre d’invités composé d’Anil Bachoo, ministre de la Santé, Guillaume Dalais, le Chief Executive Officer (CEO) du groupe CIEL, et Hélène Echevin, CEO de C-Care, entre autres. Lors de ce symposium, d’autres spécialistes ont présenté leurs travaux, à l’instar du Dr Veerasamy Damodaran, qui a fait son exposé sur les nouveaux traitements contre les hémorroïdes.
L’hystérectomie : Pas la seule option
Le Dr Aumeer est revenu sur les prémices du développement de cette chirurgie reconstructrice de l’utérus. Tout a commencé en 2020. Une Nigérienne, âgée de 32 ans, est venue à Maurice à la requête d’un médecin pour se faire opérer d’un fibrome. Arrivée ici, elle a été informée qu’il n’y avait pas d’autres solutions qu’une ablation de l’utérus. «Je n’avais rien à faire dans cette affaire à ce stade. Un soir, j’ai reçu l’appel d’un cadre du groupe hôtelier où elle réside, me disant qu’il y a une cliente avec des complications et qu’elle est en sanglots. Il m’a demandé si je pouvais la voir», a raconté le Dr Aumeer. Après l’avoir auscultée, il a proposé une alternative à l’ablation pour la première fois. «L’hystérectomie n’était pas la seule option.» Il a proposé d’enlever la tumeur bénigne et de reconstruire l’utérus. Mais il y avait des avertissements qui accompagnaient la chirurgie. Il ne pouvait pas promettre que la dame tomberait enceinte ou que les malformations des muscles utérins ne reviendraient pas par la suite. «J’ai aussi prévenu la patiente que lors de l’opération, si elle saigne trop, il n’y aura pas d’autre choix que de l’enlever.» Le fibrome pesait 2,2 kg.
Après l’opération, tout s’est bien passé. Comme il y a un traitement post-opératoire, le gynécologue a demandé à sa patiente de ne pas tomber enceinte pendant 18 mois. Au 17e mois, il a reçu un appel d’elle lui disant qu’elle était enceinte depuis trois mois. «Elle était tombée enceinte naturellement. Elle m’a demandé de venir la voir pour son accouchement, mais je n’ai pas pu y aller. Mais j’étais en contact avec son médecin pour le guider sur la meilleure façon d’accoucher selon moi.» Aujourd’hui, mère et fils se portent bien. «Cette histoire est intéressante car culturellement, il était très important pour cette dame de pouvoir avoir un enfant afin de maintenir son statut de femme dans la société.» Raison pour laquelle, selon le spécialiste, l’ablation de l’utérus doit être vraiment le dernier recours pour toutes les femmes.
Le gynécologue lors du symposium organisé par C-Care samedi dernier.
Retrouver une vie normale
Depuis cette première chirurgie, il a opéré 37 patientes. Aujourd’hui, a-t-il expliqué, la reconstruction des utérus pour éviter l’ablation est une réalité bien ancrée. Toutes les patientes sont venues le voir pour un deuxième avis car, dû à la taille des fibromes, elles ont été informées en première instance que la seule option était l’ablation. En quoi la reconstruction est-elle novatrice ? Les fibromes des patientes pesaient entre 800 g et 2,2 kg. Traditionnellement, dans ces cas, avant la chirurgie de reconstruction, il y a deux options : l’ablation to- tale ou partielle. Dans les deux cas, il était impossible de tomber enceinte par la suite. «Avec les gros fibromes, l’utérus est totalement déformé. C’est pour cela qu’il faut reconstruire par la suite», a dit le Dr Aumeer. Pour les fibromes de petite taille, une myomectomie, soit une intervention pour enlever les parties problématiques, est courante.
«Cependant, lorsqu’on a affaire à un fibrome de la taille d’un ballon de foot, la situation est différente. Imaginez-vous à quel point l’utérus est déformé. C’est pour cela qu’après l’avoir enlevé, il faut reconstruire pour que l’utérus retrouve sa forme originelle.» L’opération est très complexe et délicate. «Je la fais avec mon équipe composée de jeunes médecins, d’anesthésistes et d’infirmiers, entre autres», a souligné le Dr Aumeer. Comme il a été formé par les meilleurs chirurgiens gynécologiques en Angleterre pendant sa spécialisation, il a l’habitude de ce type d’inter- ventions. «Je faisais des opérations sur les patientes atteintes de cancer qui pouvaient durer entre quatre et six heures. Donc, j’ai une très bonne connaissance de l’anatomie qui me permet de faire ces opérations.»
Le Dr Farhad Aumeer a expliqué que cette nouvelle méthode pour éliminer les fibromes a plusieurs buts. Le principal est de préserver l’utérus. Puis, la femme retrouve un cycle de règles et une fertilité normale par la suite. Avec les fibromes de grande taille, les traitements conventionnels préopératoires n’ont pas fait leurs preuves, surtout si l’utérus est très déformé. Les patientes sélectionnées doivent respecter certains critères. Elles doivent être âgées entre 35 et 45 ans. Mais comme partout, il y a des exceptions. Il est ainsi revenu sur un autre cas, le deuxième sur lequel il était intervenu. Trois femmes d’une même famille, âgées entre 18 ans et 26 ans, sont venues le voir pour le même problème. «L’aînée avait déjà eu une ablation de l’utérus. J’étais horrifié lorsque j’ai appris cela.» Il a opéré les deux autres et a enlevé des fibromes d’un kilo et 1,3 kg. Aujourd’hui, les deux femmes ont un utérus fonctionnel. «Les patientes ont toutes un point en commun. Elles n’ont pas d’enfant. Cependant, les avertissements sont les mêmes pour toutes», a-t-il précisé. D’ailleurs, il a eu deux cas où il avait quand même dû procéder à l’ablation à cause des hémorragies pendant la chirurgie.
Le diagnostic des fibromes touche environ 40 % de femmes entre 30 et 50 ans, et est plus présente chez les femmes d’origine africaine. Parmi les 37 patientes, sept sont tombées enceinte, dont trois de manière naturelle. Quatre ont déjà accouché, et dix sont toujours en soins post-opératoires qui durent entre 18 mois et 20 mois. Dans deux cas, il a fallu opérer à nouveau car les fibromes avaient réapparus. «Toujours est-il que, désormais, avoir cela n’est pas une fatalité. Les femmes peuvent mener une vie normale, sans douleurs et sans médicaments par la suite. Je ne vous cache pas ma fierté de pouvoir redonner le sourire et la tranquillité à toutes ces femmes», a dit le Dr Aumeer.
Maintenant que la technique est bien ancrée, il songe déjà à la prochaine étape : la transplantation de l’utérus. Mais pour cela, il faudra une évolution au niveau des lois.
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