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Questions au…
Dr Sudesh Kumar Gungadin : «Il est rare que les agresseurs soient des inconnus»
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Dr Sudesh Kumar Gungadin : «Il est rare que les agresseurs soient des inconnus»
Dr Sudesh Kumar Gungadin, chef du département médico-légal de la police.
Le Dr Sudesh Kumar Gungadin nous explique que son département doit soumettre un rapport psychologique du prédateur sexuel pour les besoins de l’enquête de la police. Cela, après avoir examiné à la fois le suspect et la victime. Nous nous sommes intéressés à la dimension psychologique des victimes et des prédateurs.
Que se passe-t-il dans la tête d’un prédateur sexuel d’enfant ?
Avant de comprendre ce qui se passe dans la tête d’un prédateur sexuel infantile, il est impératif de savoir qui est le prédateur. Les parents ont beau expliquer aux enfants de ne pas trop s’approcher d’inconnus ou de ne pas prendre de bonbons d’eux car ils peuvent les enlever ou leur faire du mal, il est rare que les prédateurs soient des inconnus. L’immense majorité des auteurs de délits sexuels sur les enfants sont des personnes proches, voire très proches, de l’enfant victime. Dans plus de la moitié des cas, c’est quelqu’un de la famille. Les enfants sont les premières victimes de violences sexuelles, et les petites filles comme les petits garçons sont concernés.
Si la majorité des auteurs de violences sur les enfants sont des hommes, les enquêtes les plus récentes font apparaître qu’une fois sur cinq, lorsqu’un enfant est victime, l’auteur est une femme. Et les auteurs de violences sexuelles ne sont pas toujours des adultes. D’ailleurs, lorsqu’un mineur est victime, près d’une fois sur deux l’agresseur a lui-même moins de 18 ans. On imagine aussi souvent un célibataire, isolé, qui a des difficultés avec les femmes. Pourtant, lorsque les auteurs sont des hommes adultes, ils sont souvent en couple, parfois des pères de famille.
La plupart du temps, ces violences surviennent dans une relation entre un adulte et un enfant, où l’adulte ne respecte pas l’intégrité et l’intimité de cet enfant et lui fait du mal sans toujours en avoir conscience. Il ne voit plus l’enfant comme tel, mais comme un égal qui partage les mêmes désirs que lui.
Y a-t-il une différence dans le raisonnement entre celui qui fait des attouchements, un violeur et un pédophile en série ?
On ne peut pas tous les mettre dans le même panier. Chaque acte est différent et chaque personne est amenée à succomber à des actes monstrueux sur des enfants. Chacun d’eux a des pulsions totalement différentes. On ne peut pas dire qu’une personne raisonne ainsi quand elle fait des attouchements ou qu’un violeur de cette façon, ou encore d’une telle façon pour un pédophile en série. Chaque situation est différente vu les différents contextes sociaux, les différents noyaux familiaux ou les expériences antécédentes, ou même les prédateurs en état d›ébriété ou sous l’influence de la drogue.
Avez-vous déjà eu des cas qui vous ont marqué ?
Oui, chaque cas que je suis amené à traiter me marque. On ne peut être insensible quand ça touche des enfants. Je reste après tout un père de famille et surtout, un humain.
Un prédateur a-t-il lui-même en général été victime dans sa petite enfance ?
Une personne qui a elle-même été victime dans son enfance ne devient pas nécessairement un prédateur. Cela dépend de la prise en charge médicale quand elle était victime ou même de l’aide et de l’écoute que la personne a eues.
Quelles sont les questions que vous posez à un enfant victime pour gagner sa confiance ?
Gagner la confiance d’une personne qui vient d’être victime est bien plus dur. Surtout quand l’enfant a été trahi par une personne de son entourage et de confiance. Il faut plus de temps pour faire parler un enfant qui a été victime d’un acte sexuel.
Pourquoi la police a besoin du rapport psychologique ?
Elle en a besoin pour mieux mener l’enquête. Il faut aussi bien comprendre que quand on mène une enquête, il n’y a pas que l’enquête mais aussi la post-enquête.
Comment faire pour éviter de tels cas dans le futur ?
Il y a des policiers qui vont parler à des enfants dans les écoles en prévention d’autres cas.
Comment le rapport est-il important pour les besoins de l’enquête ?
Le rapport du médecin est primordial pour l’enquête car il aide à mieux comprendre la motivation des agresseurs à passer à l’acte. De même, le rapport aide à mettre l’enfant en valeur et à comprendre sa peine.
Comment se passe-t-il pour la victime ?
Une fois la plainte déposée, l’enfant est pris en charge par des médecins et suivi par des psychologues et des psychiatres de la Child Development Unit et de l’hôpital. Hélas, c’est une bataille qui commence pour l’enfant, pour guérir, pour faire face à son prédateur, pour pouvoir refaire confiance aux gens. Dans les cas où les enfants ne sortent pas de leur mutisme, ils souffrent bien plus en silence.
Comment réagissent les enfants qui sont victimes d’un prédateur sexuel ?
Les enfants peuvent réagir de plusieurs façons à une agression sexuelle. Des réactions physiques, affectives, cognitives et comportementales peuvent survenir au moment de l’agression, lors du dévoilement de l’agression, ainsi que plus tard.
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