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Audit

Dysfonctionnements majeurs et retards inquiétants à l’Environnement

3 avril 2025, 17:00

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Dysfonctionnements majeurs et retards inquiétants à l’Environnement

Le naufrage du «MV Wakashio», symbole des lacunes persistantes dans la gestion des déversements d’hydrocarbures à Maurice.

Le rapport de l’Audit sur le ministère de l’Environnement met en évidence plusieurs dysfonctionnements importants concernant la gestion des informations ou encore le suivi des projets environnementaux. Par exemple, en 2023-24, l’Economic Development Board a traité un total de 48 demandes d’Environmental Impact Assessments (EIA) et 11 demandes de Preliminary Environmental Report (PER) mais des lacunes ont été observées dans la mise à jour de la base de données, avec de nombreuses licences non enregistrées et des informations manquantes sur l’état des projets. Au 30 juin 2024, sur un total de 3 021 licences EIA et PER délivrées, 30 des 47 licences approuvées au cours de l’année financière 2023-24 n’étaient toujours pas enregistrées dans la base de données tenue par la EIA/ PER Monitoring Division. Dans 98 cas, la date de délivrance des licences n’était même pas indiquée.

De plus, le processus d’élaboration du National Adaptation Plan pour faire face aux changements climatiques, lancé en 2017, accuse un retard important et n’avait toujours pas été finalisé en 2024. Cette lenteur est liée aux difficultés à trouver un partenaire pour la rédaction du plan.

En matière de gestion des plastiques, bien que des amendements aient été proposés pour interdire certains produits, leur adoption tarde à cause de problèmes juridiques et du manque de ressources. Le rapport recommande un renforcement des efforts pour accélérer l’application de ces amendements et mettre en œuvre des mesures plus strictes.

Concernant les équipements de lutte contre les déversements des hydrocarbures, bien que le contrat ait été attribué en 2024, des retards ont perturbé le projet, principalement dus à une validation tardive des documents et au non-respect des engagements de certains fournisseurs.

L’audit recommande des améliorations dans la gestion des projets environnementaux, un suivi plus rigoureux, et des actions concrètes pour respecter les délais et les normes de sécurité.

Pour Sunil Dowarkasing, consultant en environnement, les retards accumulés et les lacunes observées dans la gestion des projets environnementaux sont préoccupants. Le rapport de l’Audit propose des analyses et des enquêtes approfondies pour ce ministère. «J’ai été étonné par le nombre d’EIA et de PER, qui ont été approuvés. Il faut plus de détails pour comprendre la direction que prendront les futurs développements et l’impact que cela aura sur l’environnement et les ressources naturelles.» Il ajoute que «le manque de données témoigne d’un grave manquement administratif. Est-ce délibéré pour que certains projets n’apparaissent pas sur la liste ? Cela soulève de nombreuses questions.»

Autre point d’inquiétude, selon lui ; la gestion de l’environnement par rapport au changement climatique. «La situation se dégrade. Le processus d’élaboration du National Adaptation Plan prend trop de temps alors que l’adaptation est cruciale pour Maurice, un pays vulnérable. Combien d’années faudra-t-il pour exécuter ce plan ? En attendant, nos ressources naturelles sont affectées et les impacts du changement climatique risquent de tout détruire.»

Il évoque également la question de la gestion du plastique, qui est essentielle. «Le plastique fait des ravages à Maurice. Seul un minime pourcentage est recyclé. Le reste finit dans la nature ou à Mare Chicose.» Il pointe aussi du doigt les 13 amendements toujours en attente concernant la réglementation des produits en plastique à usage unique. «Est-ce dû à la pression de certains lobbies ?», s’interroget-il. «Nous ne réglementons pas suffisamment les plastiques à usage unique, et d’un autre côté, certains exploitent les failles du système», déplore-t-il.

Enfin, il revient sur le drame de l’échouement du vraquier MV Wakashio. «Plus de deux ans après, on met encore du temps à acquérir l’équipement nécessaire pour lutter contre les déversements d’hydrocarbures. On n’a manifestement tiré aucune leçon de cette catastrophe. Beaucoup aurait pu être fait.»

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