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Produits pétroliers

Ehsan Juman dénonce le contrat passé avec MMG

18 septembre 2023, 09:00

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Ehsan Juman dénonce le contrat passé avec MMG

Le député travailliste Ehsan Juman avance que s’il existait de meilleures conditions sur le marché, la STC aurait dû lancer un nouvel appel d’offres.

Un appel d’offres lancé, examiné, puis écarté. Raison principale : un fournisseur qui n’y a pas participé aurait proposé un prix plus bas. Or, le prix n’a pas été rendu public.

Le député travailliste Ehsan Juman ne comprend pas pourquoi un contrat de Rs 15 milliards, qui a fait l’objet d’un appel d’offres où il y avait six soumissionnaires, a été annulé pour que la commande atterrisse finalement chez un autre fournisseur. Nous avons contacté Rajiv Servansingh, directeur de la State Trading Corporation (STC), qui nous a donné trois raisons pour justifier le recours au fournisseur Mercantile & Maritime Group (MMG) du Bahreïn qui n’avait pas participé à l’appel d’offres: le prix offert est inférieur; le paiement se fera en roupies mauriciennes, et l’obtention de 60 jours de crédit au lieu de 30.

Prix et paiement en roupies au lieu du dollars

Bien que le communiqué de la STC ne parle que de «significantly improved credit terms», Rajiv Servansingh nous a parlé à demi-mot de 60 jours de crédit. En fait, on n’a aucun document prouvant cela, ni que les autres soumissionnaires avaient proposé 30 jours. Le plus important «avantage» serait donc le prix. Or, Rajiv Servansingh n’a pas voulu nous le communiquer tout de suite. Pourtant, cet élément a été central lors de l’appel d’offres annulé. Le General Manager de la STC a justifié le choix de MMG par un autre argument: le paiement se fera en roupies mauriciennes au lieu du dollars. Mais quel taux de change a été utilisé pour convertir le prix coté en dollars en roupies ? On ne le sait pas. Pourtant, cette information (manquante) est primordiale pour nous renseigner un tant soit peu sur le véritable prix payé.

Même si le taux utilisé démontre un prix inférieur, pourquoi payer en roupies est mieux? Rajiv Servansingh a changé alors son fusil d’épaule : «C’est un avantage pourle pays qui manque actuellement de devises étrangères et, en payant en roupies, la STC a permis au prix du dollar de baisser sur le marché local.» Pour Rajiv Servansingh donc, en «libérant» le pays de USD 300 millions (Rs 15 milliards), la STC a permis de faire baisser le prix du dollar et, par conséquent, de juguler l’inflation en général. Pour lui, ce ne sont pas les USD 25 millions que la Banque de Maurice vient d’injecter sur le marché qui en est la cause.

Mais pourquoi un fournisseur étranger aurait-il accepté d’être payé en roupies dont la valeur connaît une baisse générale, avons-nous demandé à Rajiv Servansingh. Sa réponse : «Allez le lui demander». N’est-ce pas en fait pour permettre à MMG d’acheter des biens ou des parts dans une entreprise locale, avons-nous voulu savoir. «Je ne sais pas. D’ailleurs, si MMG voulait investir à Maurice, il aurait pu le faire en dollars, non ?» C’est vrai, mais notre question concernait la raison pour laquelle MMG a accepté des roupies pour ce deal.

Pour Ehsan Juman, s’il existait de meilleures conditions sur le marché, la STC aurait dû lancer un nouvel appel d’offres, d’autant plus qu’elle en avait le temps, plus de trois mois s’étant écoulé entre la fermeture de l’appel d’offres, le 23 avril, et le départ pour la négociation avec MMG, le 6 août 2023. Le député veut que le taux de conversion utilisé soit aussi rendu public. «En fait, toutes les données devraient être connues, telles que le prix, la prime, la quantité exacte et la qualité des carburants achetés, vu que cela a été fait en dehors d’un appel d’offres.»

Ehsan Juman souligne que MMG n’est qu’un courtier et n’est pas un producteur. «OQ Trading, une compagnie gouvernementale d’Oman, et qui a présenté l’offre la plus basse, a été écartée pour un courtier!» Et de se demander: «Est-ce que ces gros fournisseurs participeront à l’avenir à nos appels d’offres, après qu’elles ont vu comment on les a traités, comment on les a invités à soumettre leur offre pour qu’ensuite la STC aille voir ailleurs?»

Garantie bancaire

Rajiv Servansingh nous a parlé d’une garantie bancaire en argent reçue de MMG et se montant à 15 millions de dollars. C’est cette rentrée de dollars qui aura contribué à la baisse du prix de cette devise sur le marché, nous dit un cambiste, qui souligne toutefois que «cet argent n’est qu’une garantie qui ne nous appartient pas et qu’il faudra rendre à MMG après les livraisons de carburant».