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Cri du cœur
Elisabeth, malgache, venue pour travailler: «On nous traite comme des esclaves ici… »
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Cri du cœur
Elisabeth, malgache, venue pour travailler: «On nous traite comme des esclaves ici… »
Son histoire fend le cœur. Elle est âgée de 27 ans et figure parmi ces femmes et hommes qui ont quitté leur pays croyant que l’herbe est plus verte ailleurs. Sauf que pour elle, ailleurs c’est ici, à Maurice, où elle croyait venir travailler en tant que danseuse. Finalement, cela a été la descente aux enfers, elle a même perdu son bébé, et maintenant elle veut rentrer à Madagascar à tout prix.
Qui êtes-vous ?
Je suis Jeanne Elisabeth et j’ai 27 ans. Je viens de Madagascar.
En ce moment, nous sommes à deux, moi et ma copine qui s’appelle Rolana.
Quand êtes-vous arrivée à Maurice ?
Je suis venue ici à Maurice le 24 novembre 2022. C’est un monsieur qui s’appelle Ahmad qui nous a fait venir ici.
Nous sommes ici pour travailler en tant que danseuses dans les hôtels. Nous dansons pour une compagnie dont le même Ahmad est le directeur.
Où vivez-vous en ce moment ?
Dans un abri qui se trouve à Rose-Hill, mais là-bas, nos conditions de vie sont un peu difficiles. Il y a des punaises, on ne peut pas dormir tranquillement, pas manger, ce n’est pas bien du tout, et on ne peut pas sortir.
Initialement, pourquoi êtes-vous venue à Maurice ?
Nous étions venues en tant que danseuses, c’est notre profession. Mais ici, on fait animatrices dans les hôtels et en plus on lave des vêtements pour le spectacle. On fait le nettoyage, tout ça, sauf que ce n’était pas dans nos conditions.
Et le traitement que vous avez reçu jusqu’ici ? On nous a traitées comme des esclaves. En plus, en ce moment, on n’a pas de passeport avec nous. C’est avec le même Ahmad. J’ai porté plainte contre lui en août, pour trafic humain, à la suite de quoi la police nous a mis dans ce centre, mais depuis, rien. Elle n’a pas fini de prendre ma déposition.
Il vous est aussi arrivé un malheureux accident récemment, où vous avez perdu un enfant. Racontez-nous.
J’étais enceinte de quatre mois, mais j’ai perdu mon bébé. Je n’ai pas pu suivre mon traitement. J’étais partie au dispensaire pour dire que je devais commencer mon traitement, mais ils m’ont repoussée parce que je n’avais pas de carte d’identité avec moi ni mon passeport et je n’ai pas pu me faire soigner. Le 20 décembre, vers 8 heures, j’ai eu des contractions vraiment douloureuses. C’est là que j’ai perdu mon enfant. Les employés du centre où je vis ont téléphoné à l’ambulance pour m’emmener à l’hôpital mais c’était déjà trop tard.
Aujourd’hui, quel est votre plus grand souhait ?
Que la personne du nom d’Ahmad soit jugée et condamnée par rapport à des choses qu’on a subies ici. Et on veut retourner dans notre pays, à Madagascar, mon amie et moi. Nous souhaitons que la justice soit vite rendue.
Le ministère des Arts suit l’affaire
Jeanne Elisabeth et son amie se sont tournées vers un bon samaritain, de l’Union des artistes, qui a pris en main le dossier pour les aider à rentrer, jugeant cette situation injuste. Il a aussi contacté un avocat. Ils reprendront le dossier au retour de ce dernier, le 15 janvier. Il nous revient que le ministère des Arts et du patrimoine culturel est au courant de l’affaire et suit de près.
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