Publicité

Accusée d’infanticide

Éloïse Raffin, 22 ans, et la tragédie de ses deux fillettes en deux mois

27 novembre 2024, 10:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Éloïse Raffin, 22 ans, et la tragédie de ses deux fillettes en deux mois

À 22 ans, elle a avoué le meurtre de sa petite fille de 18 mois et en a enterré une autre il y a peine deux mois. Rowena Raffin, plus connue sous le prénom d’Eloïse, aurait donné un violent coup de poing au front de la petite Esteer Enaelle Jolicoeur avant de la conduire à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo, lundi 25 novembre. Éloïse Raffin a comparu hier devant le tribunal de Port-Louis sous une charge provisoire de meurtre. Elle a été reconduite en cellule jusqu’à sa prochaine comparution devant la justice. Les funérailles de la petite Esteer auront lieu à Rodrigues. Elle sera rapatriée chez elle ce mercredi matin, où il nous revient que ses proches attendent déjà l’arrivée du corps depuis l’annonce du drame.

Si, dans un premier temps, la jeune mère, une habitante de Roseaux à Rodrigues, avait fait croire aux médecins qu’elle avait fait boire l’enfant avant de la coucher vers les 10 heures ce matin-là et que la petite ne s’était plus réveillée, Éloïse Raffin a par la suite été confrontée au rapport de l’autopsie pratiquée par le Dr Jankee en fin de journée le même jour. L’examen postmortem stipule en effet que la petite Esteer a succombé à une hémorragie méningée à la suite d’un probable acte malveillant. À la lumière des nouveaux développements, la mère de l’enfant a alors de nouveau été convoquée par les enquêteurs de la Criminal Investigation Division (CID) de Port-Louis North. Et, pressée de questions par le Detective Inspector Lullith, en présence de la Woman Police Constable Ramjuttan et du personnel de la CID, sous la supervision du Deputy Superintendent of Police Behary et sous le commandement de l’assistant commissaire de police Oozeer, Rowena Eloïse Raffin a avoué avoir «cogné» la petite dans un accès de colère, car celle-ci la dérangeait pendant qu’elle dormait, entre autres.

C’est au domicile du frère de l’accusée que l’irréparable s’est produit. Accablé par la douleur et dépassé par les événements, l’oncle de la petite victime, qui est policier de profession, raconte que sa sœur et sa nièce étaient arrivées à Maurice le 6 novembre pour les traitements médicaux de l’enfant qui était souffrante. Esteer souffrait effectivement d’épilepsie et avait fait le déplacement depuis Rodrigues, en compagnie de sa mère, pour une série de d’analyses à l’hôpital Jeetoo, où elle avait été admise à son arrivée. Toujours selon son oncle, les médecins lui avaient également décelé une sévère infection sanguine, mais elle avait été autorisée à rentrer à la maison avec sa maman, le lundi 11 novembre.

Violée par un pasteur

Disant ne pas vouloir prendre la défense de sa sœur, l’homme tient tout de même à faire ressortir qu’Éloïse a connu une enfance difficile car elle aurait été violée durant plusieurs années par un pasteur à Rodrigues. Il s’agit d’un scandale qui avait d’ailleurs secoué l’île autonome et défrayé la chronique en août 2021 et qui impliquait l’accusé présumé, Jacquelin Lisette, aujourd’hui âgé de 66 ans. Bien que l’affaire soit toujours en cours et que le coupable présumé ait toujours clamé son innocence, pour les proches d’Éloïse, ils assistent aujourd’hui aux dégâts et au traumatisme causés par cet abus dont a été victime cette mère désormais accusée d’infanticide. Selon les proches de la jeune mère accusée, le fait qu’elle ait aussi perdu une fillette de trois ans en septembre a également accentué les dégâts psychologiques qu’elle avait déjà subis sans qu’elle n’ait jamais bénéficié d’un vrai suivi médical des autorités concernées dans de tels cas.

Parlant du décès de cette première enfant, Jean Edique Cupidon, dit Jokenson, est dans tous ses états depuis qu’il a appris l’arrestation de son excompagne, Éloïse, dont il est séparé depuis environ deux ans. Le jeune homme de 25 ans, lui aussi d’origine rodriguaise mais installé à Résidence Tulipe, Baie-du-Tombeau, est le père de la petite Léanne Elliana Cupidon. Elle avait trois ans lorsqu’elle a poussé son dernier souffle avant d’être conduite à l’hôpital de Crève-Cœur à Rodrigues, le 19 septembre. Comme sa petite sœur, Elliana souffrait elle aussi d’épilepsie et sa mère, Éloïse, avait appelé le papa ce jour-là pour lui dire qu’elle avait de nouveau été malade et que toutes deux se trouvaient à l’hôpital. Elle devait par la suite le rappeler pour lui annoncer la triste nouvelle.

Selon Jokenson, qui se trouvait alors à Maurice, sa fille avait une énorme bosse lorsqu’il a pu la prendre dans ses bras au lendemain de son décès, soit quelques heures avant qu’elle ne soit enterrée. Il affirme qu’il n’a jamais compris pourquoi son ex n’avait jamais demandé qu’une autopsie soit pratiquée sur Elliana, comme il le lui avait demandé à plusieurs reprises au téléphone lorsqu’elle venait de mourir. «Li ti dir mwa zanfan inn remalad ek inn desede. Mo ti dir li fer lotopsi me li’nn dir mwa li ti tro tipti ek li’nn malad, kifer pou bizin al martiriz so ti lekor.» Attristé par la perte de sa fille sur le moment, le père explique qu’il n’a pas su à quelle porte frapper, mais qu’il a toujours senti que quelque chose de louche était arrivé à son enfant. Jokenson Cupidon demande ainsi aux autorités d’instituer sans tarder une nouvelle enquête pour établir si sa fille Elliana n’a pas, elle aussi, été tuée par sa mère, comme vient de l’être sa petite sœur Esteer.