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À 12 ans

Elysha Dea Bhoobun-Sholay réussit les examens de GCE O’Level

17 février 2024, 20:00

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Elysha Dea Bhoobun-Sholay réussit les examens de GCE O’Level

Les enfants rêvent généralement d’émuler leurs parents ou de devenir une célébrité. Le rêve d’Elysha Dea Bhoobun-Sholay, 12 ans, est autre : elle veut être la plus jeune étudiante à intégrer une université américaine. Et s’en donne les moyens. Elle a pris la voie accélérée en suivant des cours auprès de Cambrilearn, école en ligne internationalement accréditée, et vient d’obtenir son General Certificate of Education (GCE) O’Level, l’équivalent du School Certificate. Portrait d’une ado qui sait déjà ce qu’elle attend de la vie.

Physiquement, Elysha Dea Bhoobun-Sholay fait son âge. Mais à son expression orale et à la détermination qui se lit dans ses yeux, on sent une maturité certaine. «You know, I really love learning. But I also do make time for myself», affirme-t-elle. On veut bien croire qu’elle aime étudier puisqu’elle a bouclé en deux ans un curriculum qui se fait généralement en cinq ans.

A-t-elle toutefois su faire la part des choses entre études et loisirs pour éviter le bourrage de crâne ? Oui, réplique-t-elle. Comme l’endroit où elle vit est pratiquement pieds dans l’eau, dès que le soleil se couche, elle va prendre un bain de mer et ce, presque quotidiennement. Elle fait aussi de la plongée en apnée et vient de s’initier à la pêche. Et deux fois par mois, elle voit ses amies en week-end et va parfois au cinéma. Elle écoute beaucoup de musique classique aussi. «I have a better life here», raconte cette adolescente née en Grande-Bretagne de parents mauriciens. Elle vit avec sa mère Dimple Bhoobun, qui a passé une vingtaine d’années dans ce pays où elle a étudié et obtenu un diplôme en droit et un autre en éducation.

Mère et fille ont quitté le Royaume Uni quand la petite avait quatre ans pour s’installer à Maurice où Dimple Bhoobun a encore de la famille. Elysha a été ravie de quitter le froid et le climat maussade anglais pour retrouver ses racines, soit ses grands-parents, le soleil et la mer.

Dans un premier temps, l’enfant a été scolarisée dans une école primaire privée où elle a fait ses classes, de grade II au grade VI. Autant elle avait d’excellentes notes dans certaines matières, notamment en anglais écrit et oral – elle a d’ailleurs participé à un débat sur les Jeux Olympiques en grade VI et a obtenu le certificat d’excellence pour son «outstanding debate skills and commitment to teamwork», d’autres matières au programme d’études n’étaient pas à son goût. Comme par exemple Design and Technology, l’informatique en raison en raison d’algorithmes et de codage qu’elle a trouvés ardus. La géographie et l’histoire n’ont également pas été sa tasse de thé. «Si je veux en savoir plus sur la géographie, je n’ai qu’à voyager et à voir du pays ou lire. Quant à l’histoire, je peux visiter l’Egypte et d’autres pays pour découvrir d’anciennes civilisations.»

Dimple Bhoobun ayant une amie qui a retiré sa fille du cadre de l’école formelle pour lui faire suivre des cours en ligne auprès de Cambrilearn, école en ligne accréditée au niveau international et offrant un environnement d’apprentissage flexible, elle a mis Elysha à l’essai dans ce système d’apprentissage pendant deux semaines. La gamine a adoré car «le programme est bien détaillé, les cours par visioconférence bien organisés, les devoirs étalés sur la durée mais plus important encore, c’est que j’ai pu apprendre à mon propre rythme.»

Mère et fille étant convaincues par ce système d’apprentissage, en 2022, Elysha a adhéré à Cambrilearn, qui a une filiale en Afrique du Sud et a pris comme matières à l’étude l’anglais, les mathématiques, la chimie, la physique, le français comme langue étrangère et le piano. Trois fois la semaine, ses cours en ligne vont de 9 à 17 heures et les deux autres jours c’est de 8 h 30 à 15 heures. Son grand-oncle, Ishwar Chuttoo, qui a eu une longue carrière dans l’enseignement de la chimie au New Eton College avant de se retirer, l’encadre quotidiennement pour les sciences et les mathématiques tandis que Veena, la sœur de ce dernier, qui travaillait dans l’administration du Curepipe College et «my Nani Chitra», ajoute la gamine, le font pour le français. Dimple Bhoobun soutient sa fille en anglais. Le dimanche, Elysha prend ses cours de piano avec Kenneth Babajee.

Comme elle passe beaucoup de temps à surfer le Net, depuis qu’Elysha a découvert qu’une Américaine de 14 ans et qu’un Anglais de 15 ans ont mis les bouchées doubles pour compléter le programme d’études du secondaire et entrer à l’université de Harvard à Boston, elle s’est mise en tête d’en faire autant. Et depuis, rien ne peut l’en dissuader. «Leur histoire m’a inspirée et je me suis dit que je voulais être la plus jeune élève à aller à l’université et ainsi rendre l’île fière de moi.» C’est ce qui explique qu’elle ait bouclé les programmes d’études des Foundation Course I (l’équivalent de la Form I et II) en un an et le Foundation Course II (l’équivalent de la Form II et II) en un an également.

Après quoi, elle a décidé de suivre les cours menant au GCE O’Level en mathématiques, anglais, chimie, physique, français comme langue étrangère. Elysha reconnaît qu’il y a un monde de différence entre les Foundations Courses et le GCE O’Level mais elle s’est accrochée à son rêve. C’est dans les locaux du Queen Elisabeth College (QEC) qu’elle a pris part aux examens en tant que Private student à la fin de l’année dernière. Et en janvier, la récompense l’attendait en bout de parcours. Elle a obtenu un A en anglais et français et un B en chimie, physique, mathématiques et distinction en piano aux examens de la Royal School of Music. «Je suis très fière de ce que j’ai accompli», avoue-t-elle, en remerciant tous ceux qui l’ont aidée dans cette ‘traversée’.

La gamine qui lit énormément de polars, regarde des documentaires sur les crimes et écoute des podcasts sur les grands criminels, s’est désormais mise en tête d’étudier pour réussir le GCE A level, soit l’équivalent des deux années de Form VI et ce, en un an et demi. Elle a d’ailleurs déjà démarré les cours y relatifs et a conservé comme matières l’anglais, la chimie et la physique. «C’est le défi que je vais tenter de relever car je me sens désormais en confiance.»

Le programme d’études du GCE A Level ne sera-t-il pas trop lourd pour Elysha ? Dimple Bhoobun indique qu’elle interroge sa fille chaque jour pour savoir comment elle se sent. «Elysha ne trouve pas ça trop lourd. De toutes les façons, elle ne prendra l’examen que si elle est prête.»

Et si la gamine ne le réussit pas ? «It will not be the end of the world. I’ll resit for the exams.» Dans sa tête, son avenir est déjà tout tracé. «I see myself studying law, and particularly children’s law. I want to work for UNICEF and be a world leader in defending children’s rights. Every child has rights and a voice and it must be heard.»

Elle a déjà commencé à faire des demandes d’admission auprès d’universités américaines et à s’enquérir de l’octroi de possibles bourses pour ne pas grever celle de sa mère. Elysha espère obtenir son ‘précieux sésame’ après l’examen et pouvoir s’envoler aux Etats-Unis pour commencer l’université en… septembre 2025.

Ça c’est le plan A. Et le plan B? «I still do not know about plan B.» Tel que nous voyons les choses, Elysha Dea Bhoobun-Sholay ne devrait pas tarder à le trouver…

Davessen, l’homme providentiel

Elysha aurait pu rater son examen de rédaction anglaise en octobre dernier car la voiture de sa maman est tombée subitement en panne, le moteur ne répondant plus alors que la veille, le véhicule fonctionnait parfaitement. Il était 7 h 17 et l’examen au QEC était à 8 heures. Heureusement qu’elles étaient non loin d’une station essence Shell. Dimple Bhoobun s’y est engouffrée pour tenter de chercher de l’aide. En parallèle, elle a appelé son mécanicien qui lui a dit de vérifier l’huile. Or, le niveau d’huile était correct. Face à leur désarroi, un vigile d’une compagnie de sécurité, qui était sur place et qui avait tout entendu, s’est enquis du problème et a dit à la maman qu’un taxi prendrait trop de temps pour les conduire au centre d’examen. Et de façon inattendue, il lui a tendu sa clé de voiture et lui a dit de l’emprunter et de la lui ramener après l’examen. Devant une telle générosité, mère et fille étaient saisies. «Je lui ai demandé son nom et il m’a dit qu’il s’appelait Davessen. J’ai pris sa voiture et j’ai heureusement pu arriver à l’heure au centre d’examen où Elysha est restée deux heures en salle», raconte Dimple Bhoobun. La maman a ramené la voiture au vigile, non sans avoir au préalable fait le plein d’essence et lui avoir déposé un chocolat sur la banquette arrière. «Je ne pourrais jamais suffisamment le remercier pour sa confiance et pour ce geste. Grâce à cela, ma fille a pu prendre l’examen et obtenir un A en anglais», déclare Dimple Bhoobun, qui dit s’être arrêtée à plusieurs reprises à cette station essence mais n’avoir jamais revu Davessen. «Il se reconnaîtra.» Vous avez dit ‘ange gardien’ ?