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Circonscription n°16 Vacoas–Floréal

En attendant… Manhattan

4 mai 2024, 20:00

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En attendant… Manhattan

La circonscription n°16, Vacoas–Floréal, au climat frais mais moins humide que Curepipe, est celle que préfèrent les riches et les parvenus. C’est probablement la circonscription où habitent le plus de députés, ministres, ex-ministres et ex-Premiers ministres. Mais on les voit peu dans la rue…

À Riverwalk, se trouve le domicile de Navin Ramgoolam et à quelques mètres de lui, celui de Paul Bérenger. La proximité entre les deux voisins a été la source de bien d’alliances et de mésalliances ; les deux entretenant une relation en dents de scie. De l’autre côté du chemin principal, à quelques dizaines de mètres, se trouve le grand domaine de Pravind Jugnauth à Angus Road, qui demeure au centre d’une actualité qui couve sur le feu électoral. Le domicile de feu sir Anerood Jugnauth où a grandi Pravind se trouve, lui, à La Caverne/Vacoas. Plus haut, se regroupent plusieurs membres du Mouvement socialiste militant : Mahen Seeruttun, Mahen Jhugroo et Yogida Sawmynaden. Plus haut encore habitent Zouberr Joomaye, puis Alan Ganoo et, au sommet, Steven Obeegadoo. Le speaker Sooroojdev Phokeer, qui habitait au bas de Floréal et qui voulait migrer vers le haut dans un appartement ayant appartenu à la famille Rawat, a dû changer de projet. On ne sait pas où il a finalement atterri. On voit peu les ministres et politiciens dans les rues et encore moins à pied, sauf à l’approche des élections quand on peut croiser ceux qui sont les candidats de la circonscription.

Floréal est la région où résident les ambassadeurs et ambassadrices, et autres riches familles. Mais c’est aussi la région où habitent des Mauriciens de la classe moyenne et où se trouvent plusieurs résidences densément peuplées, comme la Résidence Mangalkhan. Pour Wesley, qui habite le lieu, «la vie ici n’est pas celle des riches du haut de Floréal, mais ce n’est pas non plus comme les autres résidences». Il a raison, la résidence est propre et l’on peut voir sur certaines clôtures des pancartes demandant aux voisins «gard ou salté kot ou. Pa vinn zet li isi». Ou «ale fer ou lisien fer malprop kot ou». Il faut aussi dire que le ramassage des ordures se fait d’une manière très régulière par un entrepreneur du privé. Le jeune prêtre Laurent Rivet est souvent vu, en civil, parlant aux habitants. Le terrain de foot près de la chapelle occupe les jeunes et moins jeunes.

À Réunion, où les propriétés cossues commencent à faire place aux petits morcellements, les haies de bambous se font de plus en plus rares, les habitants préférant les murs en briques ou en pierres taillées. La tranquillité est toujours présente. Un projet de l’ex-ministre et actuel ambassadeur de Maurice aux États-Unis, Mahen Jhugroo, d’y construire non pas Manhattan mais un hall pour les mariages et autres fêtes a été interdit par la justice après la protestation des riverains à cause du bruit et du désordre qui allaient troubler ce coin tranquille. L’intérêt général a primé sur l’intérêt personnel…

Changement climatique…

Plus bas, à Vacoas, alors que certains regrettent le manque de «devlopman», c’est-à-dire de bâtiments, de béton et de bitume, et que d’autres comme Gilbert Bablee promettait une grande urbanisation pour faire de Vacoas un Manhattan local, beaucoup d’habitants, eux, sont contents que la ville ait gardé un peu de sa ruralité. «Qu’arrivera-t-il», se demande un planteur de Quinze-Cantons, «si l’on remplace les plantations de légumes par des bâtiments ?» Un autre habitant déclare : «Heureusement, il n’y a pas eu de Manhattan, avec ses crimes et ses délinquants.» Les inondations qui frappent de plus en plus la localité démontrent le danger de l’urbanisation.

À Camp-Roches, la douzaine de maisons est régulièrement inondée depuis plus de 15 ans. Le passage de Belal a traumatisé les habitants. L’eau est montée à un mètre dans les cours et les maisons, et la petite ruelle en cuvette, elle, ressemblait à un lac. «Chaque année, nous raconte un riverain, les experts du ministère concerné et de la municipalité que nous contactons nous parlent de changement climatique alors que le drain n’a pas de sortie !» C’est vrai. Le drôle de drain se trouvant au beau milieu de la ruelle n’en a pas. «Il a fallu que ce soit nous, les habitants, qui leur ayons proposé l’idée de continuer le drain vers la rivière lors de leur visite il y a deux semaines.» C’est-à-dire juste avant les élections… Durant notre visite la semaine dernière, en un jour pourtant ensoleillé, on pouvait voir une eau stagnante et nauséabonde accumulée dans le drain, près des pourtant belles maisons. «On devrait baptiser la ruelle rue des Moustiques», nous dit un habitant sur un ton sérieux.

À Glen-Park, Azeema, une commerçante, nous dit espérer un changement aux prochaines élections. «Rien que cette année, on a pris connaissance de plusieurs scandales dont celui impliquant un ministre qui, en parallèle à son travail de ministre, s’occupait surtout de son projet de clinique privée. C’est pour cela qu’il n’a pas le temps de se pencher sur les problèmes de ses mandants et des Mauriciens en général, notamment concernant les inondations.» Cela, ajoute-t-elle, «alors que quand on va à l’hôpital, le médecin nous donne des prescriptions pour aller acheter les médicaments dans les pharmacies du privé». Azeema est aussi en colère concernant la congestion routière à Vacoas. «On se croirait à Port-Louis. Depuis l’arrivée du métro, pour aller de Glen-Park à Vacoas, cela nous prend plus d’une heure.»

Vols, agressions, drogues

La délinquance inquiète aussi les Vacoassiens. «On n’avait pas de problème de drogue il y a quelques années», se désole un boutiquier. «Les vols et cambriolages sont surtout l’œuvre des drogués. Cela, alors que le gouvernement parle de sa lutte inlassable contre le trafic de drogue.» Même dans le quartier huppé de Floréal, on a rapporté plusieurs cas de vols avec violence. Des messages circulent parmi les habitants, les prévenant de voleurs qui se font passer pour des élagueurs d’arbres. Des photos de ces cambrioleurs sont même partagées.

En 2023, trois drogués ont pénétré une maison où l’un d’entre eux avait auparavant travaillé, et ils ont battu, bâillonné et ligoté un couple âgé, dont le mari est paralysé, et la sœur de ce dernier. Bilan : de l’argent et des bijoux emportés. Cet événement a secoué les habitants qui vivent maintenant dans la peur. De leur côté, les policiers de la station de Floréal se plaignent de manquer d’effectifs. «On nous impose des patrouilles régulières là où habitent des VVIP avec le peu de policiers dont nous disposons…»

Cas d’école

La State Secondary School de Floréal est surtout connue pour ses problèmes d’électricité qui avaient provoqué une manifestation des élèves en février. Mais le collège est plus réputé pour sa devanture, avec les portes défoncées de la poubelle depuis plus de trois ans. Cette poubelle, un véritable «eyesore», se trouve hors de l’enceinte du collège et certains voisins l’utilisent comme dépotoir municipal. Des sacs d’ordures y sont déposés et d’autres lancés de loin. Interrogée en début de 2023, la rectrice a accusé les riverains avec raison, tout en promettant de transférer ladite poubelle dans l’enceinte du collège, «ainsi personne d’autre que le personnel du collège ne pourrait plus (mal) utiliser la poubelle», nous promettait-elle.

Des tonnes de terre ont aussi été jetées près de la poubelle depuis plus de trois ans. Elles s’y trouvent toujours de même que la poubelle en piteux état (voir photo). Pourtant, un constructeur y travaille depuis plusieurs mois pour agrandir le collège – on ne sait pas si c’est nécessaire – et réparer les clôtures. Mais le constructeur n’a pas pensé à enlever cet amas de terre et les ordures empilées dessus. Cela, alors que la rectrice a fait acheter en 2023 plusieurs tonnes de terre pour créer un potager et initier les élèves à l’agriculture. Ce projet est toujours en attente après un an et la terre s’est transformée en un amas de mauvaises herbes...

Mort des arbres

Les arbres parfois centenaires sont menacés non seulement par les abattages et développements sauvages, mais aussi par ces lianes invasives qui finissent par les étouffer. Ces lianes étrangleuses sont surtout présentes à Curepipe, mais aussi jusqu’à Floréal. Ni les municipalités ni le ministère de l’Environnement n’y font quoique ce soit. «Pourtant, nous dit un écologiste de Vacoas, il suffirait de les enlever de temps en temps.» Un vieil habitant se souvient qu’il y a une trentaine d’années, ces lianes étaient «récoltées» par les éleveurs de vaches pour les nourrir. «Les élevages ont disparu à Vacoas», se désole-t-il, «de même que le commerce de lait frais, les voisins ne supportant plus l’odeur des étables. Ces animaux ont été remplacés par des chiens».

Élus en 2019

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Nando Bodha (MSM)

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Les candidats potentiels pour les prochaines législatives

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