On laisse le monde réel au-dehors pour libérer ses sens dans le cocon de pierres de la House of Digital Arts (HoDA). Rendez-vous à Edith, à Port-Louis, pour la saison 2 qui propose de découvrir une dizaine de nouvelles oeuvres artistiques numériques. Un ensemble qui invite la réflexion sur notre rapport au monde, à la nature, à l’histoire, à la spiritualité. Cette collection entièrement renouvelée est visible du jeudi 4 avril jusqu’au 31 juillet 2024.

Les nouvelles oeuvres numériques nous transportent loin des pierres, vers un monde où les questionnements des artistes se traduisent en sons, vidéos, réalité augmentée, expérience immersive. L’imaginaire y est nourri. La participation active des visiteurs est souhaitée, que ce soit pour créer de la lumière pour la photosynthèse d’une plante. Ou pour dessiner des maisons dans un jeu vidéo musical. Au cours de la nouvelle saison, HoDA espère dépasser la barre des 32 000 visiteurs qui s’y rendent pour la saison inaugurale.

Jusqu’où l’intelligence artificielle a-t-elle pénétré nos vies ? Aucune sphère ne lui résiste, pas même la spiritualité. Dès que l’on rentre dans HoDA, le tintement de clochettes happe l’oreille. Il couvre par intermittence les explications du médiateur culturel qui nous guide dans le circuit des oeuvres. Jusqu’à ce que nous arrivions à un couloir sombre qu’il faut traverser. Au-dessus de nos têtes, des clochettes de temples, faites sur mesure. Qui les actionnent sans se fatiguer ? Un bras robotique avec contrôleur de moteur. L’installation Swār de Budhaditya Chattopadhyay réagit aux humains qui traversent le couloir. C’est ce qui déclenche les sonneries.

Ils sont invisibles, mais partout : le réseau des racines des arbres et des champignons qui s’y greffent. Wood Wide Web, de Béatrice Lartigue, le pendant naturel du www de la toile virtuelle. Pour mieux nous prendre dans la toile, cette oeuvre en réalité augmentée propose des animations, à voir en téléchargeant une application.

Imaginez une visite au bassin des nénuphars au jardin de Pamplemousses. Mais au lieu de rester sagement au bord du bassin, vous plongez tête la première parmi les plantes aquatiques. Expérience sensorielle avec Nymphea, création audiovisuelle de Minh Boutin de France. Si le titre rappelle l’oeuvre de Monet, ici les impressions sont poussées à un autre niveau grâce aux agrandissements et superpositions numériques. On se rapproche tellement que l’on pourrait compter les épines des feuilles flottantes. La bande son, portée par la voix transformée de l’artiste, accentue le côté méditatif de l’oeuvre. Cela donne envie de s’asseoir, voire de s’allonger, pour s’abandonner à la lumière.

Du sol au plafond, d’un mur à l’autre, suivons le personnage de Maa imaginé par Max Anish Gowriah. Robe rouge, longs cheveux noirs, pieds nus dans les herbes hautes. La salle immersive de HoDA, c’est le clou du spectacle. On quitte Maa endormie dans la plaine, là voilà qui traverse le sol à nos pieds dans une pirogue. Vive, parfois imprévisible, cette Mère Nature enfante. Tout comme chaque spectateur accouche de sa propre expérience au contact de cette oeuvre enveloppante qui passe en boucle.

Une façon de dire à chaque visiteur de ne pas oublier d’arroser les plantes. Sauf qu’avec cette sculpture interactive de Tom Lellouche, il faut donner des coups dans la cuve pleine d’eau où s’épanouit une plante aquatique. Ce sont ces vibrations générées par le visiteur qui déclenchent la lumière, vitale à la photosynthèse. Le visiteur est acteur dans cet écosystème. Il n’est pas là que pour regarder, mais pour agir. À charge pour lui de réfléchir aux conséquences de ses actes dans le reste de l’environnement.

Infos pratiques

Tarifs : Rs 250 (adulte résident), Rs 150 (enfant de 4-12 ans), Rs 200 (étudiants/ado de 13-18 ans), Rs 200 (senior citizen), Rs 600 (adulte voyageur), Rs 300 (enfant/ ado de 13-18 ans), Rs 200 (visiteur porteur d’un handicap), Rs 150 additionnelles pour la visite guidée.

HoDA ouvert du mardi au vendredi de 10 heures à 17 heures, le samedi de 10 heures à 23 heures, le premier dimanche du mois de 10 heures à 16 heures. Fermé les jours fériés. Compter au moins 45 minutes, voire une heure, pour rentrer dans chacun des univers proposés. Les services d’un médiateur culturel sont conseillés, pour faciliter le dialogue avec les oeuvres.