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En mode Moody’s

1 février 2025, 10:59

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Cela aurait pu être pire mais Moody’s éclaire quand même notre fragilité. La note Baa3 se maintient mais les perspectives virent au négatif. Un signal clair : il faut agir. Rien de surprenant pour qui observe l’écart entre les promesses budgétaires et la réalité.

Le déficit prévu pour 2024 atteint 5,7 %, bien au-delà des prévisions. L’horizon 2025-2026 s’annonce plus sombre : un déficit potentiel de 7,6 %. Quant aux entreprises publiques ou parapubliques, elles accumulent les pertes. Pour éviter l’effondrement des services essentiels – eau, électricité – l’État doit injecter des fonds.

Moody’s ne mâche pas ses mots : la réforme fiscale est inévitable. Pourtant, cette voie sera semée d’embûches. Augmenter les impôts sur les entreprises compromettrait notre compétitivité. Réduire les dépenses sociales, qui absorbent près d’un tiers du budget, attiserait les tensions. Entre les exigences internationales et les pressions internes, la marge de manœuvre est presque nulle.

Les décisions à prendre sont politiquement coûteuses. Retarder l’âge de la retraite. Réviser les pensions. Restructurer les entreprises publiques et fermer la majorité des corps parapublics qui font doublon avec les ministères. Ces réformes, vitales mais impopulaires, risquent de provoquer une contestation sociale massive.

Le temps n’est plus un luxe. Maurice tourne en rond. L’inaction conduit à l’engrenage de la dette. Chaque report alourdit la facture.

Depuis quelques années, les solutions proposées relèvent de l’esbroufe. Les milliards espérés de l’assurance Wakashio ou du Joint Agreement sur Diego Garcia n’ont pas atterri dans nos caisses. À force de détourner le regard des véritables causes – un État hypertrophié, des dépenses démesurées, une création de richesse insuffisante – nous nous sommes enfermés dans nos propres contradictions.

Les réformes ont été maintes fois évoquées, ici comme ailleurs. Moins de ministères. Des entreprises publiques gérées avec rigueur. Une productivité accrue. Mais il faut plus que des suggestions.

Toute politique publique a deux effets, l’un immédiat et visible, l’autre différé et souvent invisible, selon Bastiat. Le politique, obnubilé par les applaudissements immédiats des meetings, choisit fréquemment des mesures qui plaisent mais compromettent l’avenir. Il privilégie «ce qu’on voit» – subventions, allocations, dépenses sociales – tout en masquant «ce qu’on ne voit pas» – les dettes accumulées, l’alourdissement de la fiscalité, la destruction lente de la compétitivité économique.

Réduire les dépenses, réformer les régimes sociaux ou améliorer la gestion des entreprises publiques, c’est choisir de se heurter à «l’inconfort du présent» pour éviter «la ruine de demain». Bastiat aurait insisté sur l’importance d’une pédagogie économique : les électeurs doivent comprendre que les sacrifices d’aujourd’hui préparent la prospérité de demain. Refuser les réformes, c’est persister dans l’illusion que l’argent public est inépuisable. «L’État, c’est cette grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde.» Il est temps que les dirigeants renoncent à cette fiction et agissent en véritables gestionnaires du bien commun.

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