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Chagos
«Enn poto pa pou kapav mete laba san lakor Langleter !» s’insurge Pravind Jugnauth
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«Enn poto pa pou kapav mete laba san lakor Langleter !» s’insurge Pravind Jugnauth

L’ancien Premier ministre a tenu sa première conférence de presse depuis l’annonce du 60-0 des législatives de 2024, hier. Pravind Jugnauth a qualifié la restitution des îles Chagos à Maurice comme une victoire à demi-teinte, car le gouvernement sous Navin Ramgoolam a bradé la souveraineté sur les Chagos et ment à la population.
Pravind Jugnauth dénonce trois points «inacceptables» dans l’accord signé le 22 mai. Tous, selon lui, portent atteinte à la souveraineté de Maurice sur l’archipel.
La première différence soulignée par l’ancien Premier ministre se trouve dans l’annexe 1 de l’accord qui porte sur le Mauritian Security Review. L’accord du 3 octobre 2024 stipule que tous les développements sur terre sur les îles de l’archipel des Chagos, à l’exception de Diego Garcia et dans un rayon de 3 miles nautiques de la base militaire américaine, ne requièrent pas le processus de Security Review. Dans ce cas de figure, Maurice est libre d’entreprendre divers projets sans que le Royaume-Uni ne s’immisce dans ses affaires.
C’est ce qui a été modifié dans l’accord du 22 mai 2025, selon Pravind Jugnauth, où il est stipulé que toutes les propositions de développement sur terre des autres îles des Chagos, à l’exception de Diego Garcia, doivent impérativement passer par le processus d’une Security Review.
🔵La liberté sur les projets futurs piétinée
La deuxième différence soulevée se trouve aussi dans l’annexe 1, portant sur la prise de décision. Selon l’accord du gouvernement MSM d’octobre 2024, si le Royaume-Uni émet des réserves quant à un projet sur les îles Chagos, Maurice avait le pouvoir de prendre une décision finale sur le projet en question. Comparativement, dans l’accord du gouvernement actuel, si l’Angleterre émet des réserves quant à un projet et que Maurice décide quand même d’aller de l’avant, ce sera la Commission conjointe qui tranchera.
Pravind Jugnauth accuse l’actuel gouvernement de mentir à la population sur les fonctions de cette même Commission conjointe.
Pendant la conférence de presse sur la signature de l’accord avec le Royaume-Uni, vendredi dernier, au bâtiment du Trésor, le DPM Paul Bérenger affirmait que cette commission ne concernait que la base militaire à Diego Garcia.
Or, le leader du MSM souligne que dans l’annexe 3 de l’accord du 22 mai, portant sur les fonctions de la Commission conjointe, il est stipulé que cette commission agit comme forum de dialogue entre les deux pays pour des activités dans l’ensemble de l’archipel des Chagos.
Il a d’ailleurs cité une déclaration de John Healey, Secretary of State for Defence du Royaume-Uni, en date du 22 mai, où ce dernier affirme qu’il y a un «effective veto on all developments or hostile activities».
Toujours selon Pravind Jugnauth, la pêche, les projets de développement ou même la simple circulation dans la zone seraient ainsi conditionnés à l’autorisation britannique. «Zot finn sign enn deal kot bizin dimann permision angle pou lapess ek tou bann lezot zafer!»
Qui plus est, il suggère que le gouvernement actuel ment à la population sur le paiement locatif indexé sur l’inflation. Selon lui, l’accord de 2024 prévoyait bel et bien de prendre en compte l’inflation à partir du onzième mois de location. L’accord actuel prévoit cette démarche à partir de la quatorzième année.
Il critique aussi la procédure d’appel d’offres internationale pour les projets d’infrastructure sur les îles Chagos, hormis Diego Garcia, qui était ouverte à toutes les entreprises de divers pays, alors que le nouveau texte semble privilégier uniquement des entreprises britanniques.
Il a aussi mentionné la mise en place d’un fonds de 2 milliards de dollars destiné à financer des projets d’infrastructures. Selon lui, son administration avait négocié un versement de 400 millions de dollars répartis sur une période de sept ans, avec une possibilité de reconduction sur cinq cycles successifs, ce qui équivalait à un engagement de 35 ans au total. En revanche, il critique l’actuelle administration pour avoir opté pour un échéancier limité à 25 ans.
Concernant la base de Diego Garcia, il accuse le gouvernement en place de ne pas dire la vérité. Il maintient que la durée du bail reste de 99 ans. Il ajoute que, selon les termes de l’accord qu’il avait négocié, le Royaume-Uni devait notifier son intention de renouveler le bail à la 89e année, ce qui aurait alors permis d’ouvrir des discussions en vue d’une prolongation de 40 années supplémentaires.
Une question pressante demeure, selon le leader du MSM : peut-on parler de souveraineté si chaque démarche qu’entreprendra le gouvernement mauricien nécessite l’aval de Londres ?
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