L’audition de Yashin Emamdee, hier, par la Horse Racing Division (HRD) a soulevé plusieurs interrogations. Tant au niveau de la pertinence d’une enquête de la HRD avant le verdict de la cour, que sur l’absence d’un appui légal afin d’orienter au mieux des enquêtes très complexes comme celle d’Emamdee. Tenez-vous bien. Le board des commissaires a demandé à Emamdee de mettre la main sur le palefrenier ayant avoué son crime afin de l’auditionner vendredi prochain. N’est-ce pas une entorse à une des conditions de la caution d’Emamdee, soit celle de ne pas «interfere with any witness» ?

Un rappel des faits s’impose. Un out of competition test est effectué sur Secret Circle le 25 avril dernier à Petit Gamin. QuantiLAB se charge d’effectuer l’analyse. Le cheval est positif au Stanozolol. La police met la main sur le palefrenier de Secret Circle, un dénommé Kapil Jugnauth, alias «Jagatpal».

Ce dernier est accusé de «tricherie» après qu’il a avoué avoir administré le produit interdit, soit du Stanozolol. Pressé de questions, «Jagatpal» incriminera l’entraîneur Emamdee, ainsi qu’une autre personne proche de l’écurie Daby, disant qu’ils en sont les instigateurs. Emamdee est arrêté le vendredi 10 mai. Sa demande de liberté conditionnelle est acceptée par la Bail and Remand Court le mardi 14 mai.

L’enquête étant toujours d’actualité du côté de la cour et de la police, les commissaires de la HRD se sont, eux, appuyés sur les Rules Of Racing pour entendre la version d’Emamdee, et éventuellement sanctionner tout manquement.

Qu’on se le dise d’emblée, les commissaires ont mis les pieds dans le plat en prenant cette décision. On vous explique. Emamdee a estimé qu’il devait être innocenté vu que son palefrenier a avoué être l’auteur du méfait. «Linn dakor linn fer li.» La ligne de défense d’Emamdee était clairement l’aveu de culpabilité de son palefrenier.

Le chief stipe, Riyaz Khan, a, alors, déclaré qu’il était du ressort d’Emamdee, en tant que convoqué, de faire témoigner ce palefrenier devant le board des commissaires. Et que la HRD tenterait d’abord de lui mettre la main dessus mais qu’ultimement c’était de son devoir de faire paraître tous les témoins susceptibles de l’aider durant l’enquête.

Reste que l’une des conditions de la caution d’Emamdee repose justement sur l’interdiction de contacter les témoins. Riyaz Khan aurait dû le savoir ! N’est-il pas logique d’attendre plutôt le verdict de la cour et ainsi s’assurer d’obtenir les déclarations sous serment des protagonistes dans cette affaire ?

Et ainsi juger le cas avec toutes les informations en main, sans compromettre le hearing de la cour. «C’est une entorse effectivement. Il est temps de mettre un avocat sur le board des commissaires », a déclaré un avocat.

Par ailleurs, ce serait étonnant que quiconque puisse convaincre le palefrenier de se présenter devant les commissaires et faire face à Emamdee. Rappelons qu’Emamdee a déclaré que son palefrenier a menti à son sujet. D’autant plus qu’il n’y a aucun agent de police ou de sécurité à la HRD pour calmer les esprits en cas d’embrouilles. «Kisana pu tire si bez lev ?» fait ressortir un journaliste.

Emamdee est arrêté le vendredi 10 mai. Sa demande de liberté conditionnelle est acceptée par la Bail and Remand Court le mardi 14 mai.

«C’est un strict liability offence», dira un ancien commissaire de courses mauricien. «La responsabilité d’Emamdee est avérée dans cette affaire, ce peu importe comment la chose a pu se produire à Petit Gamin», a-t-il ajouté. Il fera, ensuite, part qu’il s’agit de trouver des «mitigations factors certes» pour bien mesurer la pénalité à être infligée à Emamdee.

N’empêche que Khan et ses lieutenants pourraient avoir une bonne excuse. C’est la toute première fois que la police devance le board des commissaires sur un cas de dopage. La coutume veut que les commissaires statuent d’abord. Ce n’est qu’après que la police prend le relais. «On ne comprend pas trop la précipitation de la police cette fois-ci», fait ressortir un ancien commissaire du MTC. «Si l’affaire tourne pendant trois ans en cour ? Que fait la HRD entre-temps ?» se demande-t-on.

Puis ! Les commissaires de courses se sont appesantis sur les mesures de sécurité mises en place à Petit Gamin. Or, Petit Gamin n’a pas le même set up que le Champ de Mars. Les différentes écuries sont toutes logées au sein d’un même complexe sous la Global Equestrian Ltd (GEL). Il n’y a pas de démarcation physique entre écuries.

Emamdee a souligné que les caméras de surveillance ont été installées par la GEL… dans les couloirs. «Any camera in your boxes ?» devait demander Sanjev Takan. «Non !» dira Emamdee. «It is your responsibility to protect your stable Mr Emamdee», a déclaré Khan. Le problème de sécurité à Petit Gamin peut, en effet, poser problème tant le centre est gigantesque.

Le plus ahurissant dans cette affaire demeure que les commissaires de courses semblent ne pas connaître la logistique de sécurité mise en place à Petit Gamin. Il se dit que les commissaires n’ont pas visité le centre depuis l’agrandissement de celui-ci. Cela, au lendemain des festivités liées à l’Indépendance cette année et ayant forcé l’exode momentané de plusieurs coursiers du Champ de Mars à Petit Gamin.

Du coup, Emamdee s’est fié à la sécurité de la GEL pour opérer. Tout comme les nombreux entraîneurs qui y possèdent des chevaux. «Les autres entraîneurs vont réfléchir à deux fois lorsqu’Emamdee sera sanctionné par les commissaires», fera part un observateur.

Les commissaires ont aussi interrogé Emamdee sur le choix de ses palefreniers. Ils lui ont reproché de n’avoir pas mieux discerné. «Kuma mo pu kone zot pa korec ? Fode beze inn lev pu ki al konn sa bann zafer la», a rétorqué Emamdee. Une autre question se pose. Ces palefreniers sont-ils employés par les entraîneurs ou par la GEL ?