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Allocation mensuelle de Rs 2 000 pour les femmes au foyer

Entre accueil favorable et mise en garde contre des mesures populaires

26 octobre 2024, 18:00

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Entre accueil favorable et mise en garde contre des mesures populaires

À quelques jours des élections, la bataille pour attirer les votes est lancée, avec l’Alliance Lepep ayant présenté son manifeste électoral le mercredi 23 octobre et ayant annoncé une nouvelle mesure phare : l’allocation mensuelle de Rs 2 000 pour des femmes au foyer si elle forme le prochain gouvernement. Alors que cette mesure est déjà applicable dans différents pays, les modalités de cette mesure restent pour l’instant inconnues pour notre pays.

Si le timing de l’annonce d’une telle mesure peut être perçu comme une simple promesse pour récolter des voix, «nous devons reconnaître que ce ne sont pas toutes les femmes au foyer qui jouissent d’une stabilité financière. Les autorités, quelle que soit leur couleur politique, devraient adopter cette mesure dans l’intérêt des femmes», estime Prisheela Motee de l’ONG Raise Brave Girls. L’année dernière, la participation des femmes au marché du travail était de 43 %, soit un chiffre inférieur de 25,5 % à celui des hommes, selon le Gender Data Portal de la Banque mondiale. «La proposition de Rs 2 000 aidera sans doute les femmes au foyer qui ont besoin d’un coup de pouce pour faire des économies. Certaines initiatives peuvent découler vraiment des manifestes politiques parce qu’il s’agit d’une idée proposée à la population», affirme Prisheela Motee.

Elle souligne que plusieurs gouvernements dans d’autres pays ont déjà mis en place des programmes dans le même sens que cette proposition. Le Royaume-Uni, par exemple, offre des crédits de pension aux femmes au foyer par le biais du système de crédits de la National Insurance (NI). Si une femme au foyer s’occupe principalement d’enfants ou d’adultes dépendants, elle peut prétendre à des crédits d’assurance nationale, qui sont pris en compte dans le calcul de sa pension d’État, ce qui lui permet de ne pas être désavantagée pour être restée en dehors de la main d’œuvre rémunérée.

«Au Japon, les femmes au foyer sont prises en compte dans le plan de retraite de leur époux et le gouvernement leur accorde des allocations pour l’éducation des enfants, ce qui leur est directement bénéfique. La France prévoit également des allocations pour les femmes au foyer et les parents au foyer.» Il s’agit notamment de l’Allocation de Parent Isolé pour les femmes seules au foyer. Les femmes au foyer peuvent également bénéficier d’une assurance maladie au titre de l’assurance de leur époux et d’autres formes de protection sociale.

Naina, la vingtaine et mère d’un nourrisson, est en faveur de cette mesure de l’Alliance Lepep. Elle estime que «rien que cela va m’apporter un plus pour me soulager. Alors que j’étais employée au sein d’une petite entreprise auparavant, je ne travaille plus depuis la maternité, car ma santé est fragile et mon bébé a besoin de moi. Mes beaux-parents sont retraités et mon époux a un petit boulot. Cette mesure sera accompagnée d’autres comme la gratuité de l’enseignement pré-primaire, l’augmentation des pensions pour mes beaux-parents, et l’allocation de Rs 5 000 pour mon enfant. Cela fera une différence substantielle dans l’épargne mensuelle».

D’autres mettent en garde contre un «feel good factor» délibéré qui pourrait simplement rester des promesses non tenues après les élections et évoquent l’instabilité de l’économie. «Tout d’abord, nous devrons réfléchir attentivement aux modalités de cette mesure. Avec l’augmentation des pensions déjà promise aux personnes âgées, cette mesure vise spécifiquement les femmes au bas de l’échelle. D’où viendra l’argent pour la financer ? Nous serons confrontés à une situation bien pire : la roupie continuera à se déprécier, le coût des produits de base et les repo rates augmenteront, et c’est la classe ouvrière féminine qui en fera les frais», pointe K.N., jeune professionnelle travaillant dans le secteur privé.

Elle ajoute que «le fléau de la drogue touche autant les femmes et les mamans que les hommes. Cette mesure va créer une culture de dépendance envers les aides gouvernementales plutôt que de promouvoir des politiques qui encouragent réellement le développement des compétences ou les opportunités d’emploi pour les femmes. Je connais des familles où les pensions des personnes âgées sont volées par des jeunes pour acheter de la drogue. C’est comme si on disait aux femmes : ‘Restez à la maison, produisez des enfants et consommez davantage de drogue, nous vous donnerons de l’argent pour ceci si vous votez pour nous !’».

Amina, fonctionnaire à la retraite après plus de 40 ans de service, est d’avis que «si les mesures dans leur ensemble semblent prometteuses, pourront-elles être maintenues plus tard alors qu’à l’heure actuelle, le gouvernement sortant n’a pu réduire le prix des carburants, contrôler le prix des médicaments, assurer l’approvisionnement en eau 24/7 ou lutter contre la toxicomanie ? Ces mesures, ainsi que l’augmentation du revenu minimum garanti, peuvent tenter les femmes d’abandonner leurs études et de trouver de simples petits boulots. Mon enfant est titulaire d’un diplôme acquis à l’étranger et vient de voir son salaire atteindre Rs 30 000, après des années de travail, alors qu’un nouvel arrivant gagnera Rs 25 000. D’autant plus que de plus en plus de jeunes quittent le pays par manque de stabilité financière (...) À moins qu’ils ne comptent sur les milliards d’allocation qu’ils recevront du gouvernement britannique pour Diego Garcia. Cela pourrait représenter une énorme source d’argent».