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Portrait

Entre barreau et «Lakwizinn» : le parcours de Mᵉ Shamila Sonah-Ori

31 juillet 2025, 10:00

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Entre barreau et «Lakwizinn» : le parcours de Mᵉ Shamila Sonah-Ori

■ Shamila Sonah-Ori a continué de défendre Pravind Jugnauth même après sa chute du pouvoir, comme dans l’affaire des valises, en avril, à la FCC.

Avouée et conseillère, Mᵉ Shamila Sonah-Ori incarne la porosité croissante entre sphère politique et pratique juridique à Maurice. Cousine de Kobita Jugnauth, elle est officiellement l’avouée personnelle de l’ancien Premier ministre Pravind Jugnauth : le 10 juillet 2023, elle plaidait devant le Privy Council à Londres sur un dossier d’intérêt étatique. Cette proximité familiale et professionnelle s’est matérialisée à plusieurs reprises, notamment via sa signature d’un communiqué où le Premier ministre menaçait de poursuites après la diffusion d’une photo le montrant avec Rikesh Sumboo, ancien proche de Franklin.

Sonah-Ori débute sa carrière politique comme conseillère municipale de Quatre-Bornes (2000–2005) sous la double bannière MSM-MMM, avant de démissionner en janvier 2005. Elle soutient néanmoins activement le MSM : Election Agent pour Ridwane Sheik Hossen (circonscription n° 8) en 2014 – alors même qu’elle se présentait comme indépendante – puis pour Pravind Jugnauth en 2019. En mai 2018, le Premier ministre proposait sa nomination à l’Electoral Supervisory Commission et à l’Electoral Boundaries Commission, provoquant un tollé de l’opposition qui y voyait une violation du principe de neutralité constitutionnelle. Dans une lettre datée du 30 mai 2018, adressée à l’ancien président par intérim Barlen Vyapooree, elle déclarait renoncer à ces postes, dénonçant la «politisation à outrance» de sa désignation.

🟦 Une carrière multidimensionnelle

Mᵉ Sonah-Ori a enchaîné les responsabilités stratégiques :

🔵 2000–2005 : responsable du Recovery of Claims chez Mauritius Telecom.

🔵 2010–2011 : Legal Advisor à la Banque de développement et à la State Insurance Company of Mauritius Ltd.

🔵 Depuis mars 2015 : membre de la Commission for the Protection of Borrowers.

Depuis mars 2018 : administratrice non exécutive de Landscope Mauritius Ltd, Informatics Park Ltd et BPML Freeport Services Ltd.

Le recrutement, en septembre 2022, de sa fille comme stagiaire au département légal de Mauritius Telecom – à peine assermentée – a suscité de vives critiques quant au népotisme potentiel au sein des grandes entreprises publiques.

🟦 «Missie Moustass»

Depuis octobre 2024, six enregistrements de Missie Moustass la mettent en scène :

🔵 2 novembre 2024 (affaire de «sniffing») : voix attribuée à Sonah-Ori aux côtés de Raouf Gulbul et de l’assistant commissaire de police (ACP), Heman Jangi, évoquant la manipulation de la déposition de Girish Guddoy et l’intervention d’un technicien indien pour le «sizing-up».

🔵 3 novembre 2024 (meurtre de Kistnen) : échange avec Ken Arian sur la stratégie judiciaire de Yogida Sawmynaden, où elle affirme : «Il faut protéger d’autres personnes avant que l’affaire n’éclabousse tout le monde.»

🔵 Épisodes ultérieurs : relances autour de la même affaire, mêlant Krishna Rajaram et le commissaire de police (CP), Anil Kumar Dip, avec des conseils pour «orienter le rapport» et éviter la réouverture médiatique.

Certains témoins, dont Yassin Bhuglow (voir 5Plus du 3 novembre 2024), affirment avoir reconnu sa voix dans ces fuites. Ces révélations ont conduit plusieurs de ses parties adverses à demander son retrait du dossier (audience du 18 mars 2025 devant Rehana Mungly-Gulbul), arguant que les enregistrements compromettent équité et impartialité.

🟦 Entre influence et controverse

Mariée au Dr Bhushan Ori (cité dans l’enquête Molnupiravir par l’ex-Principal Pharmacist Brijrendrasing Naeck), Mᵉ Sonah-Ori navigue entre hautes sphères politiques et grands groupes économiques. Sa défense de personnalités comme l’ex-CP Dip face au Directeur des poursuites publiques ou Maneesh Gobin dans l’«affaire cerf», confère à sa pratique une dimension résolument politique.

À travers son parcours, de Quatre-Bornes aux bancs du Privy Council, elle illustre, plus que quiconque, la montée d’une «jurisprudence de pouvoir» où l’identité professionnelle se nourrit, inextricablement, d’allégeances partisanes.

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