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Grande-Rivière-Nord-Ouest–Port-Louis Ouest
Entre changement et statu quo, les souhaits divergent pour les prochaines élections
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Grande-Rivière-Nord-Ouest–Port-Louis Ouest
Entre changement et statu quo, les souhaits divergent pour les prochaines élections
En prévision des élections générales qui doivent se tenir cette année, «l’express» vous propose une série de reportages dans les 21 circonscriptions de Maurice à partir d’aujourd’hui. Nous débutons avec la circonscription n°1, connue pour être un bastion du Mouvement militant mauricien (MMM) car ses candidats y sont toujours élus depuis 1976. Mais les élections précédentes ont changé la donne. À deux reprises, les candidats mauves ont été devancés par ceux de l’Alliance Nationale et de l’Alliance Morisien en 2019, alors qu’en 2014, deux candidats de l’Alliance Lepep, Patrice Armance et Danielle Selvon, ont également devancé Veda Baloomoody. En 2019, sur les 41 812 électeurs, seuls 28 823 ont effectivement voté. Cette circonscription est connue pour être la deuxième la plus importante de la région de Port-Louis.
Notre reportage a débuté dans les vieilles rues très fréquentées de la capitale. Au cœur de la circonscription n°1, un bastion historique du MMM, les rues résonnent encore des échos des élections précédentes. Autrefois fief incontestable mauve, ce bastion semble avoir vacillé ces dernières années, comme en témoignent les résidents qui ont suivi de près l’évolution politique de leur quartier.«Je me souviens encore des jours où le MMM dominait sans partage ici», déclare Siven, un habitant de longue date. «Mais les dernières élections ont marqué un tournant. L’Alliance Nationale et l’Alliance Morisien ont réussi à s’imposer, une réalité qui aurait été impensable il y a quelques années seulement.»
Les chiffres des élections de 2019 révèlent une dynamique changeante. Fabrice David de l’Alliance Nationale a en effet émergé en tête de liste avec un nombre impressionnant de votes, suivi de près par Dorine Chukowry de l’Alliance Morisien. La surprise est venue avec la performance de Patrice Armance, qui a consolidé sa position malgré les défis du passé. «Ce fut une bataille difficile», explique Mirella, une électrice engagée. «Nous avons vu des candidats émerger avec des promesses et des visions différentes. C’était un choix difficile à faire, mais cela témoigne aussi de la diversité des opinions au sein de notre communauté.» Mais derrière les chiffres se cache une réalité plus profonde. La participation électorale reste un défi persistant dans cette circonscription dynamique. Sur les 41 536 électeurs inscrits, seuls 28 823 ont effectivement voté en 2019, un nombre qui soulève des questions sur l’engagement civique et la représentation politique réelle. «C’est décevant de voir un si grand nombre de personnes rester à l’écart du processus démocratique.» «Il est important que chacun se fasse entendre, car nos voix façonnent l’avenir de notre circonscription et de notre pays», ajoute un autre habitant.
En tant que deuxième circonscription la plus importante de la région de Port-Louis, le poids politique du n° 1 est indéniable. Mais alors que les élections générales approchent à grands pas, l’avenir politique de ce bastion historique reste incertain, laissant les électeurs et les observateurs se demander quelle voie la circonscription empruntera lors du prochain scrutin. Nous avons aussi procédé à un micro-trottoir pour savoir ce que pensent les résidents.
Sahil Khaidoo, un habitant de Port-Louis: «On s’attend à quelque chose de mieux. On comprend que l’élection est pour bientôt et je pense qu’il faut donner la chance à d’autres. Ce que j’attends de l’autre partie c’est qu’elle arrive à gérer là où le gouvernement présent n’a pu le faire.»
Un autre habitant de la capitale, âgé de 70 ans: «Mo nepli esper nanye ar sa bann la mwa. Tou seki vini mem parey, pena enn ki pli bon ki lot. Depi sipa ki banane monn aret atann. Pa trouv zot ni tann zot la. Fode ou trouve eleksion deryer laport pou ou trouv bann-la divan ou.»
Vimen, 40 ans: «J’attends les députés de pied ferme. J’ai une liste de doléances pour notre endroit. Le service de voirie ne passe plus comme cela se faisait avant, les routes sont en mauvais état et, en sus, on a ajouté des lignes jaunes devant la maison des habitants sans leur consultation. Les routes avec pavés ont été asphaltées avec du goudron. Les rivières sont bouchées et personne ne vient pour nettoyer malgré les plaintes. Et la liste s’allonge. Si vous me demandez ce que je pense des élections, je préfère ne pas vous le dire car j’ai une famille qui a besoin de moi.»
Naraindass Ramasamy, figure incontournable des Salines, âgé de 84 ans: «Isi dan nimero 1, bannla tou letan kont gouvernma. Me mwa mo panse li pou enn eleksion difisil. Jugnauth in regne pandan dizan ek mo trouve linn fer boukou travay, linn amelior boukou kondision lavi bann morisien. Dimounn dir ki zot in fatige ek li, me mo panse kan li pou fer so promes, dimounn pou al vot limem, parski bann lezot pann fer seki linn fer li. Li pou enn eleksion bien sere me mo espere tou pass trankil.»
Jagdish Nulliah, marchand de coco, habitant des Salines, 68 ans: «Les élections sont pour bientôt avec toutes ces annonces que l’on fait. Mais seulement ceux qui doivent les réaliser doivent comprendre que la vie devient dure. Les prix n’arrêtent pas d’augmenter, cet argent qui nous est donné, disparaît comme de l’eau. L’augmentation de la pension est bonne oui parce que la vie devient extrêmement chère. Je pense qu’il faut un changement dans notre circonscription car il y a beaucoup de choses à faire et à améliorer. Durant ces cinq dernières années, à part Fabrice David et Arianne Navarre-Marie, on n’a pas vu les députés.»
Jacques, 55 ans, ébéniste, qui a toujours vécu dans la circonscription: «Ou krwar mo pou al vot voler? Tou seki vini parey, zot konn zis zot pos. Ti dimounn al lager zot, al gagn problem ar parti advers, apre kan eleksion fini, ou trouve tou kandida ansam, pe manze bwar.»
Moorgess Veerapen, des Salines, âgé de 65 ans: «Les élections, ce sera en décembre. Pravind et son équipe vont revenir au pouvoir, mais ce sera une élection serrée. Mais je pense que dans les villes l’alliance PTr-MMM-PMSD sortira gagnante.»
Yovilen Pariadhaven, 45 ans: «Notre endroit n’a pas connu de développement du tout pour les habitants. Il y a un terrain à l’abandon, un jardin dont personne ne s’occupe et qui est fréquenté par des toxicomanes. Ceux qui viennent doivent encadrer davantage les jeunes. Il faut créer des loisirs pour les personnes âgées aussi, il y a des centres mais pas d’activités.»
Kareen, 40 ans, qui travaille à son compte: «Il est grand temps d’avoir ces élections. Le gouvernement n’est pas bon, il profite de nous. Il n’arrête pas d’augmenter tous les produits de consommation. Tout devient plus cher, comment les gens vont-ils vivre ? Nous travaillons toute la journée pour manger le soir. Un bon gouvernement devrait avoir à cœur le bien-être de son peuple, pas seulement de lui-même.»
Sunil Chummun, coiffeur à Bain-des-Dames âgé de 63 ans: «C’est Pravind Jugnauth lui-même qui va revenir. Il y a eu des hauts et des bas, comme partout dans le monde, aucun gouvernement n’est parfait mais le MSM a beaucoup fait pour notre île et il y a encore beaucoup à faire.»
Annick, 57 ans, de Résidence Vallejee: «Il faut attendre que le PM annonce la date des élections, mais je pense que cela ne tardera pas. Les gens souffrent beaucoup avec l’augmentation des prix. Il faut remettre de l’ordre dans le pays, rétablir la loi et l’ordre. Tout le monde doit être traité équitablement et il ne faut plus de favoritisme. Je pense que si le gouvernement ne peut plus contrôler, il faut laisser la chance à quelqu’un qui le peut.».
Anandrar Dhondoo, de Cité GRNW, âgé de 43 ans:«Tout le monde dit que le gouvernement ne sera pas réélu, mais vous allez voir, ce sont eux-mêmes qui vont revenir au pouvoir. Le gouvernement s’occupe bien de la population, ils ont augmenté le salaire et la pension. Beaucoup de gens arrivent à joindre les deux bouts.»
Sandra, la quarantaine, de Pailles:«Les gens sont dégoûtés. Partout où vous allez, vous n’entendez que ça. Personne n’écoute plus ce gouvernement. J’espère qu’il ne reviendra pas et que les gens apprendront à voter, pas pour la communauté mais pour l’action. Si ce gouvernement revient au pouvoir, il faudra comprendre qu’il y a eu des magouilles.»
Valérie, 52 ans, technicienne de surface, de Petite-Rivière: «Ils sont comme des affamés de pouvoir, ils tournent en rond. Pravind Jugnauth aurait dû agir en gentleman et dire qu’il laisserait la place à un plus jeune, plus dynamique et ayant plus de vision. Il en va de même pour les autres partis. Maurice ne peut pas être dirigé par deux familles seulement.»
Une habitante de Résidence Richelieu: «Les Bangladais ne devraient pas pouvoir voter alors qu’ils ne comprennent pas ce qui se passe. Le droit de vote aurait dû plutôt être accordé aux membres de la diaspora.»
Martha, de Cité Richelieu: «Il faut des changements. Les lois sont devenues floues. La drogue fait des ravages et personne ne peut l’arrêter. Les voyous ne craignent plus la police, les gens prennent la loi entre leurs mains et devant tout ce qui se passe, les parlementaires restent sans réaction. Tout doit être nettoyé, il faut remettre de l’ordre dans le pays. Notre pays est tombé bien bas. Si cela continue, il n’y aura plus d’avenir et les jeunes auront raison de quitter Maurice pour chercher une meilleure vie à l’étranger.»
Sheila, une habitante de La Tour Koenig: «On nous donne des miettes pour prendre un bœuf. Vous nous faites rire, vous augmentez le salaire, on entre dans un magasin avec Rs 1 000 et l’argent part comme de l’eau. Il y a des gens qui osent dire que maintenant ils vivent à l’aise.»
Devi, une autre résidente de La Tour Koenig: «Je pense que le PM a beaucoup de vision mais il est mal entouré. Il doit revoir son entourage s’il veut gagner les élections. Les déboires de ses ministres lui ont causé beaucoup de tort et les citoyens penseront à deux fois avant de voter pour eux. J’estime aussi que les membres de l’opposition sont faibles et doivent revoir leur stratégie et proposer des projets qui se concrétiseront et non des projets qui finiront dans les tiroirs, si jamais ils arrivent au pouvoir.»
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