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Entre populisme et résilience
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Entre populisme et résilience
Les premiers pas du nouveau gouvernement (pratiquement deux mois au pouvoir) et le retour de Donald Trump (dans moins d’une semaine) à la Maison Blanche rappellent deux dynamiques contrastées mais connectées : un populisme fondé sur des promesses (simplistes) et une nécessité (urgente) de résilience face à un monde en mutation.
Derrière les slogans de protectionnisme et les critiques du passé, les nations, grandes ou petites, doivent repenser leurs trajectoires pour s’adapter à des défis globaux complexes. Trump promet des droits de douane exorbitants, notamment 60 % sur les importations chinoises, et un resserrement sur les migrations. Si ces mesures venaient à se concrétiser, elles bouleverseraient les chaînes d’approvisionnement mondiales, affectant des secteurs vitaux comme l’électronique et l’automobile. Pourtant, l’expérience de son premier mandat montre une réalité différente : des annonces bruyantes suivies de compromis discrets, comme la renégociation symbolique de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).
Mais les conditions économiques actuelles rendent ces politiques encore plus risquées. L’inflation élevée et les taux d’intérêt resserrés par la Réserve fédérale compliquent toute tentative de stimulation fiscale. Les baisses d’impôts promises, en faveur des plus riches, ne feront qu’accroître les inégalités et alourdir une dette publique déjà préoccupante. Ces choix, loin de favoriser les travailleurs américains, pourraient exacerber les déséquilibres mondiaux en renforçant le dollar et en pénalisant les exportateurs.
Le protectionnisme américain risque de catalyser des tendances déjà en cours : la déglobalisation et une réorganisation des échanges. La Chine, cible principale de Trump, accélère son pivot vers le «Sud global» en renforçant ses partenariats régionaux. L’Asie du Sud-Est, l’Inde et d’autres économies émergentes pourraient tirer parti de cette recomposition, au détriment d’un leadership américain affaibli par ses contradictions internes.
Ces bouleversements rappellent à Maurice la nécessité de diversifier son économie. Notre pays ne peut plus se contenter des piliers traditionnels que sont le tourisme et le sucre. Les secteurs numériques, les biotechnologies ou les énergies renouvelables offrent des opportunités pour construire une économie résiliente, capable de mieux absorber les chocs extérieurs.
La démocratie mauricienne traverse une période de doute. Les promesses autour de la transparence institutionnelle, notamment sur les dossiers des Chagos et d’Agaléga, illustrent un décalage entre les discours et ce qui peut être fait dans la pratique. Pourtant, une gouvernance exemplaire est essentielle pour regagner la confiance citoyenne et attirer des investissements étrangers durables.
Maurice doit également investir dans son capital humain. Une réforme ambitieuse de l’éducation et des infrastructures, en parallèle d’une modernisation technologique, est indispensable pour renforcer la productivité. La compétitivité économique ne peut s’enraciner que dans une vision à long terme, alliant innovation, transparence et durabilité.
Les promesses populistes, qu’elles viennent de Washington, DC, ou de Port-Louis, séduisent par leur simplicité. Mais elles ne peuvent répondre à des défis aussi complexes que le changement climatique, les tensions géopolitiques ou la transformation technologique. À l’inverse, un pragmatisme éclairé, fondé sur des principes comme la vérité, la transparence et la coopération internationale, ouvre la voie à une résilience collective.
Maurice, en tant que petite nation insulaire, doit tirer parti de sa position stratégique et de ses alliances. En renforçant ses partenariats régionaux et en participant activement à des plateformes multilatérales, elle peut non seulement peser sur les négociations globales, mais aussi sécuriser un avenir plus stable et équitable.
Les défis auxquels Maurice et le monde sont confrontés aujourd’hui ne se résoudront pas par des discours spectaculaires ou des retours en arrière. Comme l’histoire l’a démontré, ce ne sont pas les crises elles-mêmes qui définissent une nation, mais sa capacité à y répondre de manière audacieuse et créative. Maurice doit quitter le rétroviseur et tracer sa propre route vers un avenir durable, en combinant pragmatisme économique, résilience démocratique et ambition collective.
En définitive, face aux incertitudes d’un monde en recomposition, il revient à chaque nation, grande ou petite, de dépasser les illusions populistes pour bâtir des sociétés plus justes, plus fortes et mieux préparées aux défis de demain.
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