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Manière de voir
Environnement marin: Un continent de plastique dans notre océan Indien
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Environnement marin: Un continent de plastique dans notre océan Indien
Nous avons longtemps cru que l’océan Indien n’était pas aussi pollué par le plastique comme les autres océans. Une thèse de doctorat à La Réunion contredit cette croyance. À la suite de 19 expéditions, les chercheurs ont même réussi à localiser ce «continent de plastique» dans l’est de l’océan Indien.
En pollution plastique, il dépasse celui repéré dans l’Atlantique sud et nord, dans le Pacifique sud mais le plus grand du monde se trouve dans le Pacifique nord non loin de Hawaï. Il aura fallu naviguer sur de longues distances pendant 4/5 ans pour le localiser entre la Réunion et l’Australie. Trois ans pour le quantifier.
Vision d’horreur
Après la localisation, on a étudié son impact sur la faune et la flore parce qu’il n’existait pas de véritable étude approfondie et précise. Ce long amas d’objets flottants a horrifié les chercheurs. Ils évoquent «un radeau de plastique» composé de sacs, de sachets, de bouteilles qui se dégradent au fil du temps. Cette soupe de microplastique descend jusqu’à trente mètres de profondeur.
Il représente 1 000 000 de particules par kilomètre carré alors que dans l’Atlantique, il ne dépasse pas 10 000 particules. Ces polluants sont très nocifs pour la faune marine comme les poissons, le thon et l’espadon.
Origine des déchets
La source principale qui alimente cette sauce se trouve en Asie du sud-est et notamment autour de l’Indochine. Mais les courants ramènent ces déchets provenant du détroit de Malacca et d’Australie vers notre région. Ils ne disparaîtront jamais. Il va falloir s’adapter au niveau de la chaîne alimentaire.
Ces continents de plastique dans les océans se composent de bouteilles, de pneus, d’emballages, de tuyaux… Ils représentent plusieurs millions de tonnes par an et auront doublé d’ici à 2060 si rien n’est fait. En chiffres, cela donne 140 millions de tonnes accumulées. La «soupe de plastique» se chiffre à 22 % de ce total et 78 % en écosystèmes en eau douce.
Les déchets à ciel ouvert proviennent surtout des décharges contrôlées ou sauvages. Ils flottent pendant des années, voire des décennies, sur les océans. Ces microplastiques se trouvent aussi dans les filets de pêche. Le micro plastique mesure moins de cinq millimètres. Il est le résultat de macroplastiques (plus de cinq millimètres) qui ont une durée de vie de six mois à… 35 ans ! Cette migration s’effectue via les cours d’eau, les rivières, la mer. C’est aux Philippines qui regroupent un million d’îles que se trouve le plus de pollution plastique en mer. Le fleuve philippin Pasig est le plus pollué du monde. Hormis les Philippines, les pays les plus polluants sont l’Inde et la Malaisie.
Le total, soit 1 221 tonnes par an, aura triplé d’ici à 2060. La moitié proviendra de l’Afrique sub-saharienne, de la Chine, de l’Inde et des pays asiatiques. En revanche, les chiffres baissent en Europe et aux États-Unis en raison d’une meilleure gestion des déchets.
Les pays les plus touchés dans notre région sont les îles Maldives où les autorités ont dédié une île entièrement à tous les déchets provenant des autres îles de cet archipel. Une île poubelle sur laquelle sont stockées des tonnes de déchets loin des yeux des touristes.
Ne croyons pas que ces montagnes de détritus ne sont pas habitées. Les plus pauvres y ont taillé des ouvertures pour faire des logis insalubres à l’intérieur de ces trouées.
Quelles solutions ?
Ce que les poissons avalent se retrouve dans nos assiettes. Seul le recyclage semble être une des solutions. Cela a démarré à Maurice (voir encadré). Cette concentration en mer est supérieure à celle constatée dans d’autres régions du monde. Il faudrait revenir à des bouteilles en verre par exemple.
L’ultime solution, et le temps presse, serait d’interdire totalement l’utilisation de bouteilles ou d’emballages en plastique. Faire sauter ces continents de plastique avec du… plastic s’avérerait des plus catastrophiques en éparpillant ces millions de tonnes de microplastiques.
Nocif pour la santé
Le 20 septembre était célébré dans le monde le World Cleanup Day. Il faut savoir que notre Terre croule sous le plastique, nocif pour le climat, la biodiversité et notre santé. Nous surproduisons du plastique issu à 99 % du pétrole, soit 460 millions de tonnes par an, ce qui représente le poids total de tous les humains sur Terre. Quelque 350 millions finissent en déchets incinérés à l’air libre. Notre santé en pâtit. Le plastique colonise notre corps au détriment de notre santé. Saviez-vous que les serviettes hygiéniques sont composées à 90 % de plastique ? Les habits en synthétique, y compris les maillots de bain, sont composés à 70 % de plastique. Ces fibres synthétiques introduisent des nanoparticules dans notre peau. Le pire pour terminer : on constate déjà que des enfants naissent pré-pollués aux particules de plastique. Et Plastic Bertrand de chanter : «Ça plane pour moi !»
Recyclage: Deux exemples locaux
PIM Recycling Ltd a été créée pour proposer des services de recyclage aux entreprises et industries locales. Située à Riche Terre, elle a la capacité de broyer 3 000 kg par jour. PIM Ltd s’est donné pour mission de promouvoir une utilisation responsable des plastiques, de déchets plastiques moyennement contaminés. Elle participe à une économie circulaire en recyclant en produits à écouler sur le marché. Elle veut redonner une seconde vie à ces déchets plastiques que l’on jette dans une déchetterie. Il existe de nombreux sites de collecte gérés par l’ONG Mission Verte. L’entreprise recycle 80 000 à 100 000 kg de plastique collectés par an. Les problèmes soulevés par le recyclage sont le tri à la source, la collecte, l’entreposage, la décontamination. Les autorités estiment que les mécanismes existants ne suffiront pas pour lutter contre la pollution plastique. En outre, ce recyclage entraîne des coûts énormes. Il existe aussi la transformation de ces déchets par combustion pour produire de l’électricité. Autre procédé : faire brûler le plastique à haute température pour récupérer du carburant liquide, puisque ce plastique est fabriqué à partir du pétrole. Mais ces matériaux chauffés à des températures élevées émettent des toxines et des polluants nocifs pour l’homme.
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