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Chagos

Et les négociations continuent !

9 septembre 2024, 16:00

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Et les négociations continuent !

Jonathan Powell aidera-t-il à conclure un accord sur les Chagos ?

La nomination de Jonathan Powell comme envoyé politique pour les Chagos ne paraît pas changer quoi que ce soit dans ce que nous devrions attendre des Britanniques. Au contraire…

À son retour, le 30 juillet, du Royaume-Uni, Pravind Jugnauth n’avait fait absolu- ment aucune déclaration à propos de ses négociations avec les Britanniques sur les Chagos. Était-ce parce qu’il revenait bredouille, les mains vides ? Le communiqué du Conseil des ministres du 2 août disait seulement que le Premier ministre avait eu des discussions avec le nouveau PM britannique, Keir Starmer, à propos, entre autres, des Chagos. Car il y aurait eu d’autres discussions. Ce n’est qu’après des articles du 31 août des journaux britanniques qu’un autre communiqué du Conseil des ministres, du 6 septembre, a donné un peu plus de détails sur cette rencontre. «Cabinet has taken note that following the meeting between the Prime Minister and the Prime Minister of the United Kingdom on 23 July 2024, Mauritius and the United Kingdom have agreed to continue the negotiations on the exercise of sovereignty over the Chagos Archipelago. (...)» S’il n’y avait pas eu ces articles de presse, Pravind Jugnauth aurait-il communiqué sur ces négociations ?

Vijay Makhan, diplomate de carrière, s’interroge : «Pourquoi la population mauricienne doit-elle compter à chaque fois sur la presse étrangère pour apprendre ce qui se passe au sujet des Chagos ou d’Agaléga ? Pour Agaléga, c’est grâce aux médias indiens que l’on avait appris que l’Inde y construisait une base militaire.» Ce qui est sûr, c’est que si Pravind Jugnauth avait reçu de bonnes nouvelles, comme la promesse du paiement d’une compensation ou d’un loyer, il n’aurait pas tardé à le dire à sa descente d’avion.

Le communiqué du Conseil des ministres de vendredi fait aussi mention de la nomination par le gouvernement britannique de Jonathan Powell comme envoyé spécial «to expedite the conclusion of the negotiations». Si l’on comprend bien, Jonathan Powell veillera à ce que ces interminables négociations trouvent une issue le plus vite possible. Vijay Makhan nous rappelle que les discussions sur les Chagos ont commencé en novembre 2022. «Bientôt deux ans que cela dure. Il y aurait eu 22 sessions en tout.» Cependant, s’interroge-t-il, «comment l’affaire pourra-t-elle être expédiée ? Il faudrait que Jonathan Powell ait des pourparlers d’abord avec les Américains. Or, on est en pleine campagne électorale aux États-Unis. Avec qui Jonathan Powell discutera-t-il aux États-Unis ? Idem pour Maurice».

Lors de la conférence de presse de l’alliance de l’opposition PTr-MMM-ND samedi, le leader du MMM, Paul Bérenger, a enfoncé le clou en faisant comprendre que Jonathan Powell ne lui inspire aucune confiance. «Il était le bras droit de Tony Blair et celui-ci était hostile au règlement du problème des Chagos lorsqu’il était Premier ministre.» Il a aussi souligné que c’était un Premier ministre travailliste, Harold Wilson, qui avait détaché les Chagos de Maurice. Ce qui voudrait dire qu’il ne faudrait pas s’attendre à un changement de position sur les Chagos de la part des Britanniques avec l’arrivée des travaillistes au pouvoir ?

«L’idiot utile»

C’est vrai, Jonathan Powell a servi sous le PM travailliste Tony Blair. Mais aussi sous le gouvernement conservateur de David Cameron. Il est connu pour avoir été très critique des Wikileaks, déclarant en 2010 : «It is very difficult to conduct diplomacy effectively when your confidential deliberations are made public in this way. Mutual trust is the basis of such relations and once that trust is breached, candid conversations are less likely.»

Pourtant, ce même Jonathan Powell fera, deux ans plus tard, des révélations sur les tactiques utilisées par le MI6, les services secrets britanniques, pour communiquer avec ses agents en Russie. Vladimir Poutine sautera sur l’occasion pour démontrer à ses opposants qu’il avait raison lorsqu’il avait déclaré que le MI6 était très actif en Russie. Le journaliste Peter Oborne du Daily Telegraph dira que l’indiscrétion de Jonathan Powell avait desservi les opposants de Putin et que Powell était devenu l’«idiot utile» du président russe.

Dans le dossier Chagos, qui sera l’«idiot utile» de l’Oncle Sam et de la perfide Albion ?