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Paléoart

Et si le dodo n’était pas celui qu’on croyait…

18 juillet 2025, 09:25

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Et si le dodo n’était pas celui qu’on croyait…

■ Une reproduction du dodo réalisée par Karen Fawcett, et qui est considérée comme la plus fidèle qui existe à ce jour.

L’image bien ancrée du dodo, cet oiseau emblématique de Maurice, disparu il y a plus de trois siècles, est remise en question par le travail de l’artiste Karen Fawcett, réalisé en 2019, et analysé par Jocelyn Timperley dans un article publié cette semaine sur «BBC Future».

Le dodo : «un gros pigeon incapable de voler» ? La morphologie même du dodo – petites ailes, grosses pattes, silhouette peu commune – a souvent semé la confusion. Le paléoartiste Karen Fawcett, dont la reproduction de cet oiseau disparu est décrite comme étant la plus proche de la réalité, tente une description : «Je n’ai jamais vu cet oiseau et tout ce que j’avais, c›étaient des petits indices sur ce qu’il était… et des dessins d’artistes», explique-t-elle. La tâche était d’autant plus complexe que ces artistes n’avaient, pour la plupart, jamais observé de dodo vivant : ils s’appuyaient sur des spécimens empaillés mal préparés, ou sur des oiseaux captifs en Europe.

Pour créer sa sculpture, Fawcett s’est appuyée sur des documents plus fiables : les dessins d’un marin hollandais ayant observé le dodo à Maurice et une peinture moghole de 1625 montrant un dodo brun-gris dans une ménagerie indienne. Elle a aussi étudié un pigeon domestique, «Pidge», pour modéliser des détails comme les paupières, ainsi que des jeunes pigeons pour imaginer les ailes du dodo, probablement utilisées pour garder l’équilibre en courant.

Le biologiste évolutif Beth Shapiro précise que le dodo pondait un seul œuf au sol, rendant sa reproduction extrêmement vulnérable. Contrairement à l’image populaire, l’oiseau pouvait aussi courir très vite, notamment dans les forêts et entre les rochers.

En 2016, une équipe de chercheurs a utilisé des scanners 3D pour reconstituer le squelette du dodo conservé au Musée d’histoire naturelle de Port-Louis. Ils ont montré que l’oiseau se tenait plus droit qu’on ne le pensait. Des analyses de ses os suggèrent qu’il avait de puissants tendons, comparables à ceux d’oiseaux rapides ou grimpeurs.

L’extinction du dodo ne fut pas immédiatement remarquée. Ce n’est qu’un siècle plus tard que son absence a suscité des questions, au point que certains ont cru à un mythe. Les journaux de bord des navires néerlandais indiquent que l’oiseau était peu apprécié en cuisine, sa viande étant jugée trop dure. La vraie cause de sa disparition : les espèces introduites par l’homme (rats et cochons), qui ont détruit les œufs ou concurrencé le dodo pour la nourriture.

Ces travaux ont révélé un oiseau plus grand, plus élancé et plus agile que les anciennes représentations ne le laissaient croire. Le dodo était bien adapté à son habitat naturel – un environnement dense, rocheux et sans pré- dateurs naturels.

Aujourd’hui encore, la disparition du dodo reste un avertissement. Son cousin, le pigeon à dents de Samoa, est en voie d’extinction. Si rien n’est fait, plus de 500 espèces d’oiseaux pourraient disparaître au cours de ce siècle.

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