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Interview de ...
Farhad Aumeer: «Entre le speaker et moi, l’un de nous ment… et ce n’est pas moi»
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Farhad Aumeer: «Entre le speaker et moi, l’un de nous ment… et ce n’est pas moi»
Le Dr Farhad Aumeer a été «named» par le speaker mardi après une altercation verbale concernant une lettre qu’il affirme avoir envoyée au ministre Bobby Hurreeram en mars 2023. Dans cet entretien, le député rouge revient sur les circonstances dans lesquelles il a fait parvenir cette correspondance et par la même occasion, il évoque les problèmes d’inondations récurrentes dans sa circonscription.
Selon le speaker, la lettre portant votre nom est fausse ; vous affirmez le contraire. Qu’en est-il réellement ?
Cette lettre a été envoyée au ministre Bobby Hurreeram le 28 mars de l’année dernière. Laissez-moi vous parler des circonstances dans lesquelles nous avons envoyé cette missive. Je dis ‘nous’ car c’était une pétition signée par une cinquantaine d’habitants de ma circonscription (no 2 – Port-Louis Sud – Port-Louis Centre). J’y ai été élu en 2019 et l’une des doléances récurrentes des personnes qui habitent sur la berge du Ruisseau du Pouce concerne les inondations. L’année dernière, après les pluies torrentielles de janvier et les dégâts causés, je suis allé à la rencontre de mes mandants non seulement pour leur apporter un soutien moral et social, mais aussi pour voir ce qui pouvait être fait pour les aider. Je leur ai proposé de solliciter les autorités – Land Drainage Authority, National Development Unit et ministère des Infrastructures nationales – pour remédier à la situation.
Je leur ai cependant dit que cela aurait plus de poids s’ils étaient partie prenante de la démarche. C’est là que l’idée de la pétition a surgi. Une cinquantaine de personnes ont signé, j’ai ensuite préparé une lettre d’accompagnement et j’ai tout envoyé au ministère. La lettre a été expédiée en recommandé par mon staff qui m’avait remis le reçu. Mais on parle d’événements qui se sont passés il y a plus d’un an. Si je savais qu’il y aurait eu tant de mauvaise foi, j’aurais gardé les reçus ou j’aurais envoyé des personnes prendre en photo la lettre qui arrive au ministère. Toujours est-il que quelque temps après cette lettre, on a entendu qu’il y avait des travaux de rehaussement de la berge. Par la suite, lorsque le leader de l’opposition préparait sa Private Notice Question, il nous a demandé des informations sur cette rivière qui déborde en permanence. Je lui ai remis la lettre, qu’il a ensuite déposée à l’Assemblée.
Donc, c’est une vraie lettre ?
Oui. Mais le speaker a dit le contraire. Donc, entre nous deux, il y en a un qui ment et ce n’est pas moi. Je suis un professionnel avec une longue carrière, j’ai été formé par l’une des plus prestigieuses académies en Angleterre, vous croyez que je vais mettre ma réputation en jeu en donnant une fausse lettre ? La lettre porte l’en-tête de la République. Certes, il a dit qu’il n’y a pas de signe de réception, mais c’est normal, vu que c’est une copie de celle que j’ai envoyée ! Si ce speaker belligérant m’avait dit que ce n’était pas recevable pour une raison quelconque, ou qu’il ne peut pas l’accepter car le ministre ne l’a pas reçue, j’aurais accepté. Mais venir dire qu’elle est fausse, c’est une ligne rouge qui a été franchie.
Vous le lui avez dit ?
Évidemment. Il s’est rattrapé en disant que c’est «fake for the purpose of Parliament». Il a dit cela car il sait qu’il bénéficie de l’immunité parlementaire. Il a rajouté que je ne suis pas un leader, mais un simple membre. Lorsque je lui ai dit que je suis un élu du Parlement et que lui, il ne l’est pas, cela ne lui a pas plu. Il m’a «name». Je lui ai alors répondu que «he is a disgrace». Expulser et réduire l’opposition au silence, c’est son arme. Mais c’est mal me connaître. J’ai déjà rencontré des hommes de loi pour voir s’il y a un moyen d’obtenir réparation, car il s’est quand même attaqué à mon intégrité. D’ailleurs, je l’invite fortement à venir me dire la même chose hors du Parlement, s’il est sûr de son point. En plus, lui qui, à tout bout de champ, réfère les affaires du Directeur des poursuites publiques, pourquoi ne l’a-t-il pas fait cette fois, s’il pense que la lettre est fausse ? Cela m’aurait donné l’occasion de le mettre face à ses arguments en cour.
Je tiens à faire ressortir que le ministre lui-même n’a pas dit cela. Il a dit qu’il n’a pas reçu la lettre. Que voulez-vous que je réponde ? Qu’il doit personnellement recevoir son courrier et faire les entrées ? Non ! Il n’a pas reçu la missive selon lui, c’est bon. Mais le speaker, en agissant comme gardien de but, est allé trop loin, tout comme il l’a fait quand il a traité des élus de ‘fous’ ou de ‘malades’. Ou encore, comme il était allé trop loin lorsqu’il était ambassadeur et avait dû être rappelé. En disant que la lettre est fake, ce n’est pas moi qu’il accuse, mais tous les signataires de cette pétition, et cela est inacceptable.
La lettre concernait la situation à Tranquebar l’an dernier. Qu’en est-il cette année ?
Nous parlons de personnes qui ont tout perdu. Électroménagers, produits alimentaires, meubles… Ces gens vivent actuellement dans une situation inhumaine. Mais ce n’est pas tout. Au poste de police, ils sont persécutés. Les policiers ne prennent pas leurs doléances en compte, il n’y a pas d’enquêtes pour voir ce qu’ils ont perdu. Il faut bien comprendre que nous parlons déjà de personnes qui vivent avec peu de moyens. Vous savez combien d’entre eux paient toujours le crédit pour des produits qu’ils ont perdus dans le cyclone Belal et qu’ils n’ont pas pu racheter ? Qui s’intéresse à eux ? Sont-ils des secondclass citizens ? Ou on ne s’intéresse pas à eux car ils n’ont pas de voiture et donc, doivent attendre pour être remboursés ? Ou doivent-ils se contenter de leur petite compensation ?
Il y a eu des dégâts irréversibles cette fois. Des maisons se sont effondrées. D’autres ne tiennent à rien et vont s’écrouler aux prochaines pluies. Des drames waiting to happen. Où sont les ingénieurs ? Le ministre a-t-il rencontré ces personnes pour savoir ce qui doit être fait ? Ont-ils rencontré le Premier ministre, eux ? On parle de changement climatique et de catastrophes naturelles, mais personne ne s’intéresse aux solutions.
Justement, vous en avez proposé ?
Nous parlons d’une lettre au ministère des Infrastructures nationales. J’en avais envoyé une deuxième au conservateur des Bois et forêts. Je lui avais dit qu’à la source du Ruisseau du Pouce, il fallait faire un nettoyage. Dans le passé, des arbres étaient tombés, ce qui avait obstrué le ruisseau et causé un débordement. Des rochers s’étaient déplacés, ce qui n’aide pas la situation. Des officiers de la Special Mobile Force étaient venus sur place, sont restés pendant trois heures environ et par la suite, ils sont repartis. Rien n’a été fait. On a vu un défilé de parliamentary private secretaries et autres qui sont venus raconter tout ce qui leur passait par la tête. Certains ont dit que les maisons sont trop proches de la rivière. C’est maintenant que les autorités voient cela, alors que ces constructions ont été faites il y a des décennies ? Personne n’avait vu que c’était mal fait pendant tout ce temps ? La solution serait de leur donner une compensation adéquate, faire ce qu’il faut sur les berges pour remédier à la situation et traiter ces habitants comme des humains. Et surtout il ne faut pas oublier que les solutions ne seront pas trouvées sans l’apport des habitants.
** À chaque fois, on constate le même problème. Qui en est responsable, finalement ?**
Dans cette région, beaucoup de personnes ont construit sur les terres de l’État car elles n’avaient pas les moyens. Par la suite, leur situation a été régularisée. Disons – même si ce n’est pas le cas –que ces personnes ont eu tort. La municipalité fait quoi, vu qu’elle a un droit de regard sur les constructions ? Personne n’a rien vu pendant tout ce temps, personne ne sait où il faut démolir, où reconstruire ? Quand prendra-on des décisions pour le bâtiment de KFC ou le parking de Rogers ? Ou encore, le mur construit par Metro Express à Richelieu et qui a causé des inondations ? Les responsables, ce sont les autorités ! Vous n’allez pas me dire que la National Empowerment Foundation, qui a des registres, ne sait pas qui vit dans quelles conditions. Ou encore, qu’un ingénieur qui décide de laisser faire des excavations sous des maisons ne sait pas qu’elles vont s’effondrer !
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