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30 ans de carrière

Farhad Aumeer: «Si seulement mon père était là…»

5 septembre 2023, 19:05

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Farhad Aumeer: «Si seulement mon père était là…»

Comme les deux fils et la fille du Dr Aumeer ont grandi, il a accepté de faire de la politique, en 2019. «Démann so madam…»

Plusieurs raisons de célébrer dimanche. Le Dr Farhad Aumeer a fêté son anniversaire, mais aussi ses 30 ans de carrière dans le domaine médical. Une conversation sur l’évolution du secteur de la santé s’est transformée en un aperçu de la vie du médecin politicien.

Il y a certaines dates qu’il n’oublie pas. Comme la fin de ses études à l’université de Dublin en 1992, et son inscription à l’Ordre des médecins de l’Irlande, en 1993. Il se souvient de la fierté qu’il a ressentie, d’autant plus qu’il avait réussi du premier coup. Il se souvient aussi des années passées à l’école primaire Villiers René, puis au RCPL. Les souvenirs de ses années post-collège, comme stagiaire à la MCB sous la tutelle de Ramaputty Gujadhur, qui est toujours parmi ses amis aujourd’hui. Puis, il y a eu sa spécialisation, complétée en 1998, suivie de son acceptation en tant que Member of the Royal College of Obstetricians & Gynaecologists de Londres.

Entre les études, quelques autres dates moins agréables. Comme le décès de son frère aîné, à l’âge de 30 ans, en 1993, en France, et la lourde tâche d’annoncer la nouvelle à ses parents et de s’occuper du rapatriement du corps. Mais ce n’était pas une année totalement noire. Neuf mois avant ce drame, son épouse et luimême s’étaient dits oui et. depuis, ne se sont plus quittés. D’ailleurs, après 30 ans de mariage, Farhad Aumeer fait partie de ces personnes qui, au cours de la conversation, lancent souvent «mo bizin démann mo madam sa…» lorsqu’il n’a pas les réponses aux questions.

Depuis, il a cumulé les postes. Certes, son retour à Maurice n’a pas été simple. Il se souvient de ce moment où, avec des idées plein la tête, il a rejoint le service public. «Mais c’était une jungle, avec des loups à chaque tournant. Les nouvelles idées passaient mal, il y avait des coups bas récurrents…» Il était sur le point de repartir en Angleterre, mais a été retenu par son collègue, et il ne regrette pas la décision. Du ministère, il est passé à la pratique privée, mais entre les deux, il a tenu d’autres postes comme responsable du programme Safe Motherhood de 2005 à 2007 ou encore Reproductive Health de 2001 à 2003 ; les deux mis en place conjointement par la Santé et l’OMS. Il a aussi été nommé Chairman de l’Islamic Cultural Centre de 2009 à 2014.

«Mais il ne faut pas croire que je ne fais que travailler !» confie le gynécologue. Hors de sa salle de consultation, il bricole, il se documente sur la politique internationale, les avancées en médecine et joue au foot. D’ailleurs, il est membre exécutif de l’équipe de foot ASPL 2000 depuis 2015.

Le petit Farhad Aumeer devenu grand a fêté son anniversaire et 30 ans dans le domaine médical, dimanche..jpg Le petit Farhad Aumeer devenu grand a fêté son anniversaire et 30 ans dans le domaine médical, dimanche.

Arène politique

Puis est survenue la politique active. Sa famille, dit-il, a toujours eu de bonnes relations avec la classe politique. Lorsque ses parents, tous deux enseignants, se sont mariés, les deux témoins étaient sir Harold Walter et sir Veerasamy Ringadoo. «Mais il ne faut pas croire que mes parents étaient riches. Ils ont fait énormément de sacrifices pour que mon frère, ma sœur et moi-même puissions faire des études en Europe.» Il se souvient aussi de sa première rencontre avec Navin Ramgoolam fin des années 1980.

Cependant, c’est en 2005 qu’il a été approché par l’état-major des Rouges pour être candidat. «Mais je n’étais pas prêt, ni financièrement ni professionnellement.» De plus, sa priorité, à cette époque, était ses enfants. Depuis, ils ont grandi, ses deux fils sont devenus avocats et sa fille travaille à Londres. Il a accepté la deuxième fois que la proposition est arrivée, en 2019. Moins de trois semaines avant les élections et après une heure de réflexion – il n’en avait pas plus –, il a accepté, et il ne cache pas qu’il souhaite poursuivre cette voie dans sa circonscription. Au-delà de ses fonctions au parti, le Dr Aumeer avance qu’un des moments forts de sa carrière de médecin a d’être à la tête de l’équipe médicale de Navin Ramgoolam lorsque ce dernier a eu le Covid-19.

Se voit-il ministre un jour ? Il redevient politicien une minute. Cela dépendra du leader des Rouges. Mais si l’opportunité se présente, il ne dirait pas non au portefeuille de la Santé. «J’ai vu la naissance d’Apollo Bramwell, et le niveau que Dawood Rawat a apporté à Maurice. Wellkin continue dans cette lignée. C’est à cela qu’il faut aspirer», soutient-il, rappelant dans la foulée que la médecine de pointe existe à Maurice, et il faut désormais qu’elle soit publique. Il parle des chirurgies de la reconstruction de l’utérus sur des femmes condamnées à les enlever ou encore, l’ablation d’un kyste géant d’une patiente de 15 ans par la «keyhole surgery».

Après ces années, il n’a pas encore pensé à la retraite. Cependant, il a un regret. «Si seulement mon père était là pour voir ce que j’ai accompli…»