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Nouveau marché de Bel-Air
Frustration des marchands existants après le rejet de leurs demandes de permis
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Nouveau marché de Bel-Air
Frustration des marchands existants après le rejet de leurs demandes de permis
Reza Saumtally et les avocats Chetan Baboolall et Joy Beeharry ont décidé d’aider les marchands sur le plan légal.
Le 5 juin, Bel-Air-Rivière-Sèche a accueilli en grande pompe l’inauguration de son nouveau marché, un projet phare réalisé par le gouvernement, à hauteur de Rs 153 millions. Ce marché flambant neuf, érigé sur une superficie de 5 arpents et 35 perches, se voulait être un moteur de développement pour la région. Avec ses 434 stands, une aire de restauration, une quarantaine de magasins et un vaste parking, il avait pour objectif de faciliter le quotidien des habitants et des commerçants de la région.
Pourtant, quelques mois après cette inauguration, l’enthousiasme des marchands de légumes a rapidement laissé place à une grande désillusion. En effet, plus de 80 marchands ont vu leurs demandes d’exploitation dans le nouveau marché être refusées, et ce, pour diverses raisons avan cées par le conseil de district de Flacq.
La situation a atteint son paroxysme le 17 septembre, lorsque ces marchands se sont réunis au MKS Hall, à Caroline, pour tenter de trouver une solution à ce qu’ils considèrent comme une injustice. Encadrés par Reza Saumtally, membre du Parti travailliste (PTr) et ancien candidat aux élections de 2019, et accompagnés de deux avocats, Chetan Baboolall et Joy Beeharry, les marchands ont exprimé leur frustration face à ce qu’ils considèrent comme une trahison de la part des autorités.
Parmi les marchands présents, un commerçant, qui vend des légumes au marché de Bel-Air depuis 40 ans, a exprimé sa colère. «Nous sommes des travailleurs qui peinons nuit et jour pour nourrir nos familles, et maintenant, on nous refuse notre gagne-pain», a-t-il déclaré avec amertume. Il a ajouté que le conseil de district de Flacq avait imposé des conditions inadaptées aux marchands, et qu’un seul stand par personne n’était pas suffisant pour certains d’entre eux. Selon lui, les marchands de longue date auraient dû bénéficier de la priorité dans l’attribution des stands.
Gawtam Sungsaur, un autre marchand bien connu dans la région sous le nom de Gandhi, vend des légumes depuis 30 ans. Lui aussi a vu sa demande de permis rejetée, cette fois-ci en raison de son Business Registration Number (BRN) et de la possession d’un camion. «Comment peut-on nous refuser un stand sous prétexte que nous avons un BRN, alors que sans cela, nous n’avons pas accès au National Wholesale Market de Wooton pour acheter nos produits ?» se demande-t il perplexe. Il rappelle que c’est justement le gouvernement qui, durant la pandémie de Covid-19, avait encouragé les marchands à s’enregistrer pour obtenir des aides financières.
Raichandramah Gangkur, une autre vendeuse de légumes, raconte avoir fait une demande pour obtenir un stand dans le nouveau marché, mais son nom n’est même pas apparu sur la liste des bénéficiaires. Elle a découvert plus tard que sa demande avait été rejetée en raison de son BRN. Cette situation n’est pas unique, puisque plusieurs autres marchands de la région ont également vu leur demande rejetée pour les mêmes raisons administratives.
Critères contradictoires
Roy Jean-Luc, un marchand de gâteaux, a également été victime de ce qu’il considère comme une injustice. «Il y avait 13 stands réservés aux vendeurs de gâteaux, mais seulement quatre à cinq marchands présents au tirage au sort étaient réellement des commerçants existants. Les autres étaient de nouveaux venus», explique-t-il. Après avoir tiré un billet vide, il a immédiatement compris qu’il n’obtiendrait pas de stand. «Les marchands existants auraient dû être priorisés», déplore-t-il.
Dewanan Hanzeraz, un autre marchand de légumes qui travaille à Bel-Air de puis 30 ans, a quant à lui réussi à obtenir un stand, bien qu’il soit aussi détenteur d’un BRN. «Comment est-ce possible que certains d’entre nous aient un BRN et aient tout de même obtenu un stand ? Il y a des contradictions dans les critères du conseil de district», dit-il.
Pour Reza Saumtally, qui a visité le marché de Bel Air la semaine précédant la réunion, la situation est inacceptable. «Les marchands de légumes qui travaillent ici depuis 10, 20, voire 40 ans, auraient dû être relogés en priorité dans ce nouveau marché, sans même avoir besoin de faire une demande. La gestion des permis s’est faite dans l’opacité, et il y a une incohérence flagrante concernant le BRN. Comment peut-on interdire un BRN pour un stand, alors que c’est justement un BRN qui est requis pour acheter des légumes au National Wholesale Market ?» interroge-t-il.
Reza Saumtally déplore également le manque de soutien du conseil de district qui, selon lui, aurait dû accompagner les marchands dans le processus de demande de permis. Il souligne qu’il reste encore environ 200 stands non attribués, et demande aux autorités de reconsidérer la situation.
Vers une solution légale ?
Chetan Baboolall, l’un des avocats qui assistent les marchands, est lui-même originaire de Bel-Air et af firme comprendre la souffrance des commerçants. Il avance que ceux qui vendent depuis des années dans l’ancien marché devraient avoir un droit légitime à un stand dans le nouveau marché. Selon lui, il s’agit d’une question de «legitimate expectation», un principe juridique qui pourrait être défendu devant les tribunaux.
Joy Beeharry, l’autre avocat impliqué dans cette affaire, confirme qu’ils sont en train d’étudier tous les cas de rejet de permis et en visagent de déposer une injonction en Cour suprême pour suspendre la distribution des stands. «Nous avons déjà rédigé des affidavits pour les marchands et allons déposer ces documents en Cour», précise-t-il.
De son côté, Chandra Dev Bundhoo, président du conseil de district de Flacq, affirme que l’ancien marché de Bel-Air est un marché privé. Il explique que le conseil de district a mené trois enquêtes qui ont révélé qu’il y avait environ 200 marchands dans ce marché privé, alors qu’on en comptait 300 dans la réalité. Un appel à Expression of Interest (EOI) avait alors été lancé pour le nouveau marché, et près de 700 demandes avaient été reçues.
Il précise que l’évaluation des demandes a été réalisée par une équipe extérieure, conformément à des critères fixés par le ministère concerné, et non par le conseil de district lui-même. «Le conseil de district a pour objectif de créer de l’emploi, mais nous devons respecter les critères fixés», affirme le président. Toutefois, il promet de relancer le processus de de mande de permis dans les deux semaines à venir pour les marchands existants, à condition qu’ils remplissent correctement leurs formulaires et respectent les critères.
Zahid Nazurally, député de la région, a pour sa part assuré qu’il suit de près l’évolution de la situation. Il a également promis de continuer à travailler avec le conseil de district et les autorités concernées pour trouver une so lution satisfaisante pour ces marchands.
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