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Une virée dans les cimetières
Garder en mémoire le souvenir des êtres disparus
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Une virée dans les cimetières
Garder en mémoire le souvenir des êtres disparus
À Bambous, cette femme sourit en se remémorant les bons moments passés avec son parent disparu.
Les cimetières sont submergés de fleurs et d’émotions bienveillantes en cette journée de la Toussaint où les Mauriciens, issus de toutes les communautés, ont rendu hommage à leurs proches disparus. D’autres leur emboîteront le pas aujourd’hui, jour de prière pour les défunts que l’on nomme communément Fête des Morts. Dans ces lieux de repos éternel, le moment est non seulement propice aux souvenirs et à la réflexion mais également à l’entretien de tombes. Même les enfants s’y emploient, comme ceux que l’on a croisés à Petite-Rivière, Bambous et Saint-Martin.
Stacey, 20 ans, assure la responsabilité de ses quatre frères et sœurs en parcourant le cimetière depuis 8 heures hier. Ils offrent leurs services moyennant rémunération. «Nous apportons de l’eau aux tombes et nous les nettoyons. Cela fait 15 ans que je le fais. Nous restons là jusqu’à 15 heures» , explique-t-elle. Malgré le soleil brûlant, ces jeunes ne ménagent pas leurs efforts. «Nous faisons preuve de courage.» À la fin de la journée, ils espèrent recueillir environ Rs 500. «Cet argent est d’une grande aide pour nous car ce que je gagne avec mon travail à l’hôtel est insuffisant pour aider ma famille.» Néanmoins, malgré la chaleur, ces jeunes gardent le sourire.
Plus loin, au cimetière de Bambous, Jeffrey arrose une tombe en suivant les indications d’une dame âgée. «Je ne vends pas d’eau mais j’aide les gens, surtout les personnes âgées, à arroser les fleurs qu’elles ont apportées. Le point d’eau est assez éloigné.» Il se rend au cimetière depuis cinq ans pour rendre visite à sa mère décédée. «Je ne veux pas qu’elle se sente négligée. À chaque grande occasion, je viens la voir. Aujourd’hui, je ne pouvais pas la laisser seule.»
De même, Samantha Beeharry, accompagnée de ses sœurs Stacey et Danushka et de leurs enfants, se rendent sur la tombe de leur mère. «C’est un jour de fête et c’est notre devoir de nous rendre sur la tombe de notre maman. On ne peut pas la laisser dans l’obscurité. Les fleurs sont comme des lumières qui illuminent son chemin. Même nos enfants veulent rendre visite à leur grand-mère. Physiquement, elle n’est plus là mais sa mémoire demeure.»
À Saint-Martin, l’affluence est également importante. «Je tiens toujours à rendre visite à ma maman, mon frère et aux autres membres de la famille enterrés dans ce cimetière» , soutient Marie-Ginette Fidèle. Cette habitante d’Albion ajoute que c’est une journée spéciale pour les disparus et qu’il ne faut pas les laisser seuls.
En dépit de la pénurie d’eau actuelle, des camions-citernes ont continué à approvisionner en eau les cimetières tout au long de la journée. Cette initiative a permis aux visiteurs de veiller à l’entretien des tombes de leurs proches disparus en les rafraîchissant et en arrosant les fleurs qui les ornent.
À Saint-Martin, certains s’activent à nettoyer les tombes des défunts.
La fête des morts : le jour où l’on prie spécialement pour les défunts
Le passage d’une existence à l’autre, en cheminant vers l’espérance de la résurrection, constitue le coeur de la célébration du 2 novembre par l’Église catholique. Selon un communiqué du diocèse de Port-Louis, «en ce jour dédié aux défunts, l’Église souligne que la mort est une réalité inéluctable qu’il convient et qu’il est possible d’accepter car elle marque le passage vers Dieu à la suite du Christ ressuscité».
De plus, cette journée revêt une signification particulière : «Elle rassemble les familles, toutes générations confondues, dans le souvenir de ceux qui les ont précédés dans la vie et dans la mort. L’acte de fleurir les tombes symbolise une lueur d’espérance.» Certaines paroisses organisent des moments d’accueil et de prière dans les cimetières ou invitent ceux ayant perdu un être cher à se retrouver à l’église pour une célébration commune.
Des camions veillent à ce que l’eau ne vienne jamais à manquer dans les cimetières.
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