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Slam engagé

Géraldine Baptiste ou quand ses maux traversent les frontières

13 février 2025, 16:00

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Géraldine Baptiste ou quand ses maux traversent les frontières

La journaliste britannique, Lorraine Mallinder, et Al Jazeera ont (re)mis les Chagos sur la carte du monde arabe et globalement. Pour cause, elle a choisi de mettre en lumière une jeune poétesse et slameuse d’origine chagossienne, âgée de 26 ans, Géraldine Baptiste et son histoire familiale. Teintée de la souffrance du déracinement en 1973 et de décennies de galère pour retrouver la terre natale, mais aussi d’espoir et de la transmission des traditions, cette histoire a traversé les océans, au-delà de l’océan Indien.

Géraldine Baptiste explique à l’express : «Je l’ai connue en 2022. Elle m’avait déjà interviewée sur mes écrits pour les Chagos. Puis, elle avait interviewé d’autres descendants chagossiens. Elle a un grand intérêt pour ce dossier-là.» Ajoutant : «Pour cet article, elle a fait l’interview lors d’un appel téléphonique. Elle m’a posé des questions sur comment j’utilise le slam pour parler de mes origines et elle a pris quelques phrases de mon texte pour inclure dans son article», explique la jeune slameuse.

Dans son article du 11 février, la journaliste explique d’emblée que la jeune femme ne mâche pas ses mots lorsqu’elle raconte l’histoire de son Granpapa, l’un des plus de 1 500 habitants arrachés à une existence paisible sur les îles Chagos par les Britanniques. Pour la jeune femme, ils ont été expédiés «kouma zanimo» vers un destin infernal à l’île Maurice. Une des façons de partager ces souvenirs de son grand-père est par le biais de ses slams. Tel un griot des temps modernes, elle relate le vécu de son grand-père lors de parties de pêche dans les eaux cristallines de l’atoll de Peros Banhos, les festins à la lumière du feu autour d’un seraz pwason et kalou (un alcool artisanal). Des moments de plénitude qui, bien-sûr, sont en contraste total avec le départ brutal de l’archipel. «Pena okenn antidot pou geri sa blesir ki ankor pe soupire», dit Géraldine Baptiste dans son slam Dernie vwayaz.

Lorraine Mallinder souligne que cette phrase est d’autant plus symbolique alors le deal Chagos entre Maurice et le Royaume-Uni bat son plein. Et, comme le décrit Géraldine Baptiste, les familles locales sont déchirées par des conflits sur l’acceptation ou non de la souveraineté mauricienne sur leur terre natale. «C’est comme un tir à la corde entre deux camps qui se détruisent mutuellement», explique la jeune poétesse à la journaliste. «Nous sommes déjà une toute petite communauté. Cela me rend tellement triste.»

Le slam de Géraldine Baptiste dont parle l’article est à découvrir dans notre rubrique Plumes engagées sur lexpress.mu

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