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Élection au parlement aujourd’hui

Gokhool président, Hungley vice-président : destins croisés à la State House

6 décembre 2024, 05:00

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Gokhool président, Hungley vice-président : destins croisés à la State House

L’élection du président et du vice-président de la République, Dharam Gokhool et Robert Hungley respectivement, se tient aujourd’hui. Ils succèdent à Pradeep Roopun et Eddy Boissézon.

L’élection du président et du vice-président de la République de Maurice aura lieu cet après-midi. Les deux noms cités sont Dharam Gokhool, du Parti travailliste (PTr), et Robert Hungley, du Mouvement militant mauricien (MMM), en remplacement de Pradeep Roopun et d’Eddy Boissézon dont les mandats sont arrivés à terme le 2 décembre. Bien que les deux éventuels personnages au sommet de l’État n’en aient pipé mot de ces nouvelles responsabilités jusqu’ici, voici leur parcours – politique et professionnel – au fil des années…

Pour l’éventuel président de la République, beaucoup ne savent pas que Dharam Gokhool commence sa longue carrière politique au sein du MMM en 1980, comme beaucoup de jeunes de son époque, à son retour au pays après ses études supérieures en 1975. Il est candidat aux législatives de 1982 dans la circonscription n°7 (Piton–Rivière-du-Rempart) sous la bannière du MMM en alliance avec le Parti socialiste mauricien (PSM) d’Harish Boodhoo. Il est élu en deuxième position derrière feu sir Anerood Jugnauth (SAJ). C’est le premier 60-0 de l’histoire du pays. Dharam Gokhool n’obtient pas de portefeuille ministériel.

Un an après, c’est la cassure entre le MMM et le PSM. Beaucoup d’élus et non élus du MMM quittent le parti pour se joindre au Mouvement socialiste militant (MSM) nouvellement créé par SAJ. Même le PSM se saborde et ses membres adhèrent au parti soleil. Mais pas Dharam Gokhool qui, contre toute attente, demeure au MMM. Lors des législatives du 21 août 1983, il est battu dans la même circonscription n°7. En face, le MSM était allié au PTr.

En 1987, Dharam Gokhool sera candidat dans la circonscription n°15 (La Caverne–Phoenix) où il est élu et officie dans l’opposition. Il est même le maire de Vacoas– Phoenix de 1990 à 1991. Puis en 1991, c’est le revirement de situation politique : le MMM s’allie au MSM et affronte le PTr-Parti mauricien social-démocrate.

Dharam Gokhool, toujours fidèle au MMM, obtient l’investiture MMM-MSM au n°16 (Vacoas–Floréal) et y est élu en seconde position derrière Sheila Bappoo. Il devient alors Parliamentary Private Secretary en 1993. Il n’est pas candidat aux élections de 1995 lorsque le MMM s’allie au PTr et remporte le deuxième 60-0 face au MSM et le Renouveau militant mauricien. Dharam Gokhool retrouve alors sa chaire d’Associate Professor à l’université de Maurice.

Dharam Gokhool change cependant de parti en 2005 en rejoignant le PTr. Il obtient un ticket au n°9 (Flacq–Bon-Accueil) où il est élu en troisième position, battant le candidat du MMM/ MSM, Sangeet Fowdar, par plus de 5 000 voix. C’est ainsi qu’il est désigné ministre de l’Éducation jusqu’en 2008. Puis, de 2008 à 2010, il est ministre de l’Industrie.

De 2010 à ce jour, il n’a plus jamais été candidat lors des législatives… Il a d’ailleurs une riche carrière professionnelle, Dharam Gokhool a été lecturer, senior lecture puis Associate Professor, Officer-in-Charge et Doyen de la faculté de Law & Management à l’université de Maurice (UoM). Par la suite, il a été le Chairman du Mauritian Institute of Management, Honorary Fellow du Mauritian Institute of Management, officier de l’Ordre des Palmes académiques du gouvernement français et à ce jour, il est membre de l’UoM Ethics Committee.

Robert Hungley, qui devrait assurer le poste de vice-président de la République. C’est quelque chose pour cet homme tranquille issu d’une modeste famille de huit enfants et qui a perdu son père alors qu’il n’avait que 16 ans. La vie est encore plus difficile pour ce jeune qui grandit à Résidence Plaisance, Rose-Hill. Et c’est tout naturellement que Robert devient un activiste du MMM dès qu’il atteint l’âge de raison dans les années 70. Il est encore adolescent quand il participe, avec des amis de collège, au mouvement estudiantin de 1975 et il fait son entrée officiellement au MMM quelques années plus tard.

Il est candidat et élu aux élections municipales de 1995 à BeauBassin–Rose-Hill. Il est conseiller des villes sœurs jusqu’en 2005. Il y est même maire en 2004 et 2005. Robert Hungley est candidat du MMM aux législatives de 2010 au n°18 (Belle-Rose–Quatre-Bornes) et en 2019, au n°4 (Port-Louis-Nord–Montagne-Longue). Malheureusement, il n’est élu ni en 2010 ni en 2019, le MMM se présentant seul à ces deux joutes électorales. Il n’a pas de ticket non plus en 2024, ayant cédé sa place à Ludovic Caserne au n°4. Son sacrifice n’aura pas été vain puisqu’il vient d’être désigné vice-président de notre République.

Bien sûr, ce poste n’est pas aussi prestigieux que celui de président qui irait à Dharam Gokhool. Robert Hungley veut cependant redonner ses lettres de noblesse au poste de vice-président. Selon son entourage, il ne compte pas faire de la figuration, et attendre une absence du pays du président pour se faire voir et entendre. Il souhaite établir un système où le vice-président se montre toujours présent et actif. «Il faut aussi mériter le salaire que beaucoup critiquent», souligne un membre du MMM.

Professionnellement, Robert Hungley a une longue carrière dans l’import/export. Il a travaillé dans une grande société transitaire et, à sa retraite, y est devenu consultant. Il ne refuse jamais de prodiguer gratuitement des conseils sur le business d’importation et d’exportation. Il fait d’ailleurs partie de l’Association des transitaires de Maurice, dont il fut même le président. Il a eu l’occasion de partager son expérience et ses compétences dans le projet de modernisation du système de déclaration de douane. Robert Hungley est intervenu à de nombreuses occasions dans les médias concernant les problèmes au port et le prix du fret, et sur les autres soucis que rencontrent les importateurs et exportateurs.

À 67 ans et toujours en bonne santé, Robert Hungley entame le dernier virage de sa carrière politique et professionnelle. Ce dont sont sûrs ceux qui le connaissent bien, c’est que ce dernier ne fera pas l’objet de polémiques à ce poste. «C’est quelqu’un qui conserve et observe toujours les valeurs militantes.»

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