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Hommage à nos pompiers: Maurice joue trop souvent avec le feu et la sécurité
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Hommage à nos pompiers: Maurice joue trop souvent avec le feu et la sécurité
L’horreur. Seul ce mot peut qualifier ce qui est arrivé à Fateemah, 21 ans, dont les pieds se sont retrouvés prisonniers lorsqu’une marche de l’escalateur au mall de La Croisette, à Grand-Baie, a cédé. Une jambe a été sectionnée et l’autre serait presque irrécupérable. Le tout, sous les yeux hagards de ses parents. Un très mauvais film. Les services de secours ont réagi pour la dégager rapidement. Toute notre île a été traumatisée.
Les plus hautes autorités sont arrivées sur place et ont surtout pris les décisions qui s’imposaient. Destination Chennai, seul endroit qui pourrait essayer de sauver l’autre jambe. Elle a d’ailleurs déjà subi deux longues interventions. La population dans son ensemble a manifesté sa solidarité et sa compassion pour encadrer et soutenir la famille désemparée.
Nous y reviendrons, mais ouvrons une parenthèse sur Mare-Chicose. Là aussi, les responsables, dont les politiques, ont évalué la situation devenue désastreuse par négligence. Il faudrait 25 000 tonnes de terre pour circonscrire le feu incandescent à ce dépotoir. Par solidarité, il semblerait qu’on arrivera à les trouver. Il ne faut pas toujours désespérer de nos compatriotes quand il s’agit d’être solidaire sans se soucier du communautarisme.
Au fait, à moins de nous tromper, nous n’avons pas vu des membres de l’opposition actuelle à Grand-Baie ou à Mare-Chicose. Dans de tels cas, il faut se serrer les coudes et mettre de côté les antagonismes politicards.
Les soldats du feu
Il faut rendre hommage aux courageux pompiers, ces soldats du feu qui combattent nuit et jour cette fournaise. Engoncés dans leur uniforme, bottes de circonstance aux pieds et casque sur la tête, ils n’hésitent pas à accomplir leur pénible devoir. Un ennemi recrudescent. Malgré la rotation, ils n’ont que peu de temps pour récupérer, reprendre leur souffle au milieu de la fumée, avaler quelque chose et se relancer. Vie de famille bousculée.
Le ministère concerné a-t-il minimisé l’ampleur de cet incendie ? Était-il à côté de ses… pompes ? Nos pompiers sont en tout presque un millier doté d’une flotte de 33 véhicules (chiffres datant de 2019). Ils ont même bénéficié dans le passé de l’expertise de deux spécialistes venus de Singapour. Ils ne doivent pas seulement combattre le feu, mais aussi dans certains cas sauver des vies.
Disposent-ils de tout le matériel voulu surtout quand on pense à la hauteur de nouveaux immeubles de bureau ou résidentiels et parfois le non-respect du protocole ? Pour vérifier les sorties de secours, systèmes d’alarme, caméras thermiques ou encore les facilités d’accès pour leurs camions, cette inspection est confiée au ministère du… Travail ! Or, ce dernier ne connaît rien à l’affaire. Aussi, les manquements sont légion, comme ce fut le cas pour l’incendie au Trianon Commercial Centre.
Où sont les «Fire Certificates» ?
Il existe maintenant un Mauritius Fire Code, qui aurait remplacé le Fire Certificate accordé à vie ! Si la construction change par la suite, pas de problème. Le certificat était éternel. Certains manquements donnent parfois froid dans le dos. Un millier d’écoles primaires et de collèges n’auraient pas de Fire Certificate. 90 % des bâtiments publics ne le détiennent pas non plus. Il en va de même pour des postes de police, certains hôpitaux, des dispensaires, des centres pour femmes ou jeunes, des locaux de la Special Mobile Force et même des locaux de certains ministères.
De quoi cauchemarder ! Quelle est donc la situation dans des lieux comme les smart cities, le port (à l’abandon, dit-on), le métro… Espérons que de strictes dispositions existent. Le nouveau ministre des Collectivités locales devra tout revoir à la loupe (comme les comptes aux finances) en matière de feu et de sécurité.
Mare-Chicose, un cache-misère ?
Pendant que Mare-Chicose pe donn bal, voilà qu’un nouveau foyer se déclenche au dépotoir de La Martinière à Surinam. Ce drame, et c’en est un, doit servir de leçon. C’est peut-être l’arbre qui cache la forêt. On exige de l’automobiliste qu’il ait un extincteur dans le coffre de sa voiture. À la suite du malheur de Fateemah, nous devrionsrevoir la surveillance et l’entretien des escalateurs et ascenseurs de façon systématique. Les gestionnaires de La Croisette assurent que le plus récent entretien n’avait rien décelé d’anormal dans l’escalateur incriminé. Une enquête a été ouverte et il est encore trop tôt pour tirer des conclusives trop hâtives.
Il n’en reste pas moins vrai que la jeune femme s’est subitement enfoncée sur une des marches alors que l’escalateur était en marche. Sans paniquer, il faudrait passer en revue ces escalateurs, escaliers et ascenseurs, dont le nombre ne fait qu’augmenter avec l’ouverture d’autres malls et centres commerciaux. Mais revenons à nos valeureux pompiers.
Regardons simplement le centre de la capitale ou plutôt le skyline d’une grande ville comme Quatre-Bornes. Des immeubles de huit à dix étages ont poussé comme des champignons. Mais en cas d’incendie au milieu d’un de ces immeubles ou tout en haut, nos braves soldats du feu disposent-ils d’un nombre suffisant de grandes échelles télescopiques pour lutter contre le feu et, aussi et surtout, sauver des vies ? Si deux de ces immeubles sont presque collés l’un à l’autre (c’est permis ça ?), a-t-on prévu un espace raisonnable qui permette aux camions de pompiers d’avoir accès au cœur de l’incendie ?
Quelques entreprises prévoyantes pratiquent à quelques mois d’intervalle des simulations, comme cela se fait pour un avion qui prendrait feu sur le tarmac de l’aéroport. Quid des sirènes d’alarme ? Maurice a déjà connu de grands incendies (triste souvenir de l’Amicale) mais la nouvelle disposition, en hauteur verticale, doit entraîner de nouvelles normes en matière de feu et de sécurité. Nous inaugurons en grande pompe, mais où se trouveraient les… pompes et à quelle distance en cas d’intervention urgente ?
Un camion rouge de pompier s’impose pour un enfant à l’occasion de Noël. Et lui expliquer le rôle essentiel des pompiers. Pas de… sinistrose, synonyme de psychose, mais notre île doit considérer plus souvent le revers de la médaille. Toutes nos pensées vont à Fateemah et à sa famille.
Karote?
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