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« Putting competence first »

22 novembre 2009, 05:17

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Corruption électorale. C’est ainsi que de nombreux politiciens et observateurs ont qualifié l’annonce de Rama Sithanen durant son discours de mercredi. En effet,le budget 2010 prévoit l’embauche de 2 700 personnes. La concordance de ce recrutement avec la période électorale ne peut que faire peser des soupçons sur l’intention réelle ou inavouée du gouvernement. La situation n’est pas aussi prosaïque.

La nouvelle méthode de présentation du budget est encore méconnue du grand public. C’est dommage, car le Programme Based Budgeting (PBB) adopté depuis 2008 permet de comprendre quels résultats les ministères produisent en utilisant les ressources humaines, matérielles et financières mises à leur disposition. A la lecture du PBB de 2010, on comprend que les recrutements dont on parle semblent justifiés au vu des objectifs de performances fixés par les ministères concernés.

Santé, Education, Police et Maurice Ile Durable (MID), voici les secteurs qui vont accueillir les nouvelles recrues. Dans la police, par exemple, les 900 recrues seront vite mises à la tâche. Car le doublement du nombre de patrouilles mobiles et d’opérations de détection de stupéfiants est prévu en 2010. A la santé, le recrutement de 400 personnels soignants et de 300 médecins et spécialistes permettra notamment au ministère de mettre en oeuvre un vaste programme de prévention, de détection et de soin des maladies non transmissibles. Tout en essayant parallèlement de diminuer le temps d’attente avant les interventions chirurgicales.

Ailleurs, le recrutement d’une centaine de personnes pour piloter le projet MID apparaît comme une excellente nouvelle. En effet, MID semblait souffrir depuis plus d’un an d’un double handicap. Un manque de moyens humains et une absence de politique claire. Une première étape semble avoir été franchie à travers ce budget. En effet, la centaine de recrues dans les différents ministères aideront, chacun à sa manière, à la concrétisation du projet. Soit en participant à l’élaboration des politiques comme la « Renewable Energy Development Strategy » ou en mettant à contribution leur expertise durant les audits énergétiques ou environnementaux des administrations publiques ou des entreprises. Avec le PBB, nous pourrons suivre la performance des ministères. A pareille époque, l’année prochaine, nous serons donc en mesure d’évaluer si l’apport de ces recrues a
permis la réalisation des objectifs ambitieux de ces ministères.

En attendant, la suspicion perdure. Et elle n’est en rien injustifiée. Car le gouvernement reste fautif de pratiques s’apparentant davantage à du copinage qu’à une gestion  raisonnée des ressources humaines et financières. Le ministre du Tourisme, Xavier-Luc Duval, vient d’en donner la preuve éclatante. Porté par l’élan de la « réunification de la famille des bleus », il a recruté, en octobre, deux conseillers proches du Parti mauricien social démocrate. Son « Senior Advisor on Project Implementation and monitoring » et « advisor on information matters » reçoivent respectivement Rs 50 000 et Rs 42 500 par mois. Cela n’aurait rien de choquant s’ils avaient tous deux une expérience dans leur domaine respectif.

Non seulement ce n’est pas le cas, mais en plus, ils ne sont tous deux titulaires que de simples « School Certificates ». De telles pratiques politiciennes expliquent pourquoi l’on continue à regarder les procédures de recrutement avec méfiance. Un défi important attend le gouvernement durant le recrutement de ces 2 700 personnes. Il faudra que le pouvoir démontre clairement que ce sont les candidats les plus qualifiés et expérimentés qui ont été retenus. Par la nature même des emplois à pourvoir, il y a peu de chances  qu’on découvre que des titulaires du « Certificate of Primary Education » se sont faits embaucher comme infirmiers. Toutefois, il y a toujours la perception qu’en temps électoral, les personnes proches du pouvoir ont plus de chances que les autres d’accéder à des postes de fonctionnaires.

Face à cette situation, le gouvernement gagnerait à faire de la compétence le seul critère de recrutement durant les mois à venir. Il faudrait revisiter le slogan de campagne de l’alliance en 2008 : « Putting competence first ». Mais il n’est pas dit que le gouvernement puisse s’appliquer cette rigueur. On peut toujours espérer l’improbable…

Rabin BHUJUN