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La partie d’échecs… du peuple

21 avril 2014, 09:52

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Une poignée de militants en colère ne fera pas le printemps mauricien. Une poignée de militants en colère n’empêchera pas une éventuelle future alliance du MMM avec le PTr. Tout comme une poignée de militants en colère n’avait pu empêcher le making of du Remake avec un MSM qui, la veille encore, était au gouvernement et tirait sur l’opposition, et fut accueilli le lendemain à bras ouverts par Bérenger.

 

N’empêche que cette cruelle scène d’un soldat lalit traité de «vander» (on aura beau dire que ces critiques ne viennent pas d’agents mauves, on n’a qu’à visionner les vidéos en circulation pour constater que des militants de longue date faisaient partie du mouvement de protestation), suivie par une grande majorité de Mauriciens grâce aux radios privées et aux réseaux sociaux, a traduit l’image d’un chef fatigué, dépassé, incohérent dans sa tactique et qui, faute d’arguments raisonnables et rationnels, a préféré une posture d’arrogance, demandant aux protestataires de «vinn divan» alors que certaines voix l’invitaient à «koz ar nu Paul». Ce, parce qu’il était incapable d’exprimer clairement ce que tout le monde voit depuis longtemps : il est mal à l’aise aux côtés du MSM, à qui il a promis 30 tickets et qui ne lui sert pas politiquement.

 

Scène pathétique d’un chef qui a échoué dans sa stratégie passéiste, qui se débat coûte que coûte pour faire partie du prochain gouvernement, quitte à embrasser fougueusement l’ennemi. L’évidence ? Depuis l’échec aux dernières législatives de 2010 (et après d’autres défaites antérieures), les dirigeants du MMM n’ont pas fait preuve de créativité pour reconstruire et renouveler leur parti auquel adhère plus de 40 % de la population (ce qui n’est pas rien) qui a soif de démocratie et de justice sociale.

 

Pourtant, le MMM était bien servi par une actualité qui a fait montre de ses talents, avec ses scandales tout au long de ces quatre dernières années. Mais à la première occasion, le leader de l’opposition a non seulement changé son fusil Medpoint d’épaule (provoquant la surprise et semant le doute), mais a aussi cru bon de se précipiter dans les bras de Pravind Jugnauth avant de demander à l’ex-Président de quitter le Réduit et de descendre dans l’arène politique pour découvrir, à une année des élections, qu’il n’y a pas eu d’effet SAJ. Ses autres tactiques furent vouées à l’échec : la lèche indécente à Xavier-Luc Duval, l’hameçon lancé à quelques membres du gouvernement, en comptant sur leur responsabilité (oui, on peut rire) morale…

 

Face à ces constats, Bérenger avait alors le choix de casser le Remake, d’aller seul comme il fut réclamé depuis longtemps par une bonne partie de sa base. Mais il fit ce en quoi il excelle le mieux : entretenir le flou. Sur les ondes de Radio One, il déclara son envie de conduire le MMM seul aux élections, évoqua la possibilité de considérer le MSM comme un junior partner, mais s’attend parallèlement à ce que son assemblée des délégués vote pour l’alliance mauve-orange à laquelle pourtant il ne croit plus.

 

Quand la proposition ferme de la réforme électorale survient (coup de maître de Ramgoolam), son body language ne ment plus et sachant que plus que jamais le MMM peut aller seul aux élections, il attendra le premier prétexte pour se déclarer bien «amerdé» avec le MSM. S’il perd en crédibilité, c’est que presque au même moment, il se montre «flatté» par une «alchimie» découverte soudainement par Ramgoolam à son égard, les deux discutant ensuite non seulement réforme, mais aussi deuxième République, projet qui pourrait les mettre dans le même bateau d’un avenir commun au pouvoir.

 

Aujourd’hui, tout ce remue-ménage n’est autre qu’une banale scène de la realpolitik. La carte MSM (que Bérenger a choisi d’humilier hier encore et avec qui il est toujours en alliance, semble-t-il) n’a pas marché, le flirt PMSD non plus. Les élections semblent venir plus vite que prévu. Le MMM ne veut pas prendre le risque d’y aller seul. Il reste donc l’option rouge.

 

Mais pour avaler cette couleuvre, il faudrait être cynique, perdre sa capacité de s’émouvoir et ne plus croire en la politique dans son sens noble. Heureusement qu’il reste toujours une bonne partie de la population capable de s’indigner. Tout comme il reste une poignée de militants qui a pris la liberté d’exprimer sa colère… avant ces autres Bérengistes disciplinés qui ont tenté, hier, de rattraper le coup en jurant fidélité au chef.

 

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