Vendredi avant le chant du coq. Woop ! Woop ! Je pars en excursion, comme quand j’etais zanfan lekol. Je suis excitée comme une puce, j’ai des fourmis rouges dans les jambes et punaise, j’espère que je ne vais pas devoir me carapater avant la fin du trajet, foi de morpion. En route.

Gazelle-yeux-de-biche vient frapper à ma porte. Je suis votre guide pour la journée, me dit-elle, de sa voix de Bambi. Elle roule ses R et son matak jusqu’au car, je la suis. Direction Flic-en-Flac, où d’autres touristes, de vrais ceux-là, nous attendent.

Carte en main, Dora l’exploratrice nous explique que « here in Mauritius », qu’il fait chaud et froid, que nous n’avons pas de serpents venimeux à part les hommes. La demoiselle semble avoir une canine blanche contre la gent masculine. « A votre droite, des orangers », nous dit-elle, pour designer le cimetière de Bambous. Elle voulait dire les os rangés… Gad Elmaleh peut aller se rhabiller.

Qu’est-ce donc que cet attroupement ? On a découvert un cadavre ? Non, le jardin de Pamplemousses, rempli comme un oeuf. Des Italiens, des Allemands, des Français, des Anglais, des Russes, je suis dépaysée. A l’entrée, un artnaqueur essaie de refi ler ses tableaux de dodo exécutés au Pentel. Le prix du papier bristol : entre Rs 50 et Rs 150. «Trase mo nwar.»

Sauterelle-boute-en-train nous fait ensuite découvrir, en quatrième vitesse, le palmier rouge à lèvres, des fruits en forme de boulets de canon, des fleurs de lotus, l’arbre qui saigne. Elle a bien appris ses leçons. Nous rendons ensuite une visite médicale aux nénuphars. Ils sont moins nombreux qu’avant, mais ils semblent avoir repris du poil de la bête. Histoire de passer du coq à l’âne, nous apercevons des cerfs de Java, des tortues ninja et des boucs qui nous tournent en bourrique.

Quelques kilomètres plus tard, le bus magique nous débarque à la Citadelle. Après un petit tour aux toilettes, nous sommes invités à nous promener à notre guise dans ce lieu chargé d’histoires d’amour où des couples se bécotent sans vergogne. Des Chinoises ont sorti leurs habits du dimanche, des Indiens se croient dans des fi lms bollywoodiens, des Australiens se croient à Adélaïde. Trop fort.

La morale de l’histoire ? A Rs 1200, cette rando n’est pas donnée. Mais si tu veux tuer quelques heures, faudrait aller voir du pays en jouant les visiteurs.