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La vraie classe
C’est une curieuse inversion des valeurs. Avoir la classe, pour Navin Ramgoolam, se résume à rouler en limousine. «Il faut avoir la classe pour faire ce que je fais» a-t-il déclaré, lundi, en réponse à une question de la presse sur la Rolls Royce dans laquelle il circulait lors d’un récent séjour à Londres.
À la même occasion, le Premier ministre a invité le journaliste trop inquisiteur à éprouver du bonheur par procuration. En le voyant à bord de sa Rolls, le journaliste est censé partager son plaisir. «To pas content to trouve to Premier ministre dans ene Rolls Royce ?» lança-t-il.
Le leader du PTr devait également invoquer la jalousie pour expliquer les réactions hostiles qu’a suscitées la publication de la photo de la Rolls immatriculée RR 10 RAM dans l’hebdomadaire «Week-end».
Navin Ramgoolam se trompe. Ce n’est pas avec un regard plein d’envie que le citoyen mauricien a découvert les plaisirs qu’il s’offre quand il est en vacances dans la capitale britannique. L’opinion publique a le droit de s’intéresser à son train de vie, comme à celui de tout autre politicien. Dans une démocratie qui se veut transparente, le public doit se demander si le patrimoine des dirigeants peut être justifié par des revenus légitimes.
Le Premier ministre se trompe également sur les signes qui symbolisent la classe. Un véhicule de prestige est loin d’en constituer un. En revanche, on reconnaît un dirigeant qui a la classe à son sens de l’honnêteté et d’intégrité. Par exemple, quand le Premier ministre sud-coréen, Chung Hong-won, engage sa responsabilité après le naufrage d’un ferry et présente sa démission, il donne une leçon de classe et d’élégance.
En revanche, quand il est établi que le Gabonais Omar Bongo et ses proches possèdent, en France, des biens immobiliers, des comptes bancaires et une flotte de voitures de luxe, on ne parle pas de classe mais de fantasmes de dictateur.
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