Rien n’est écrit à l’avance dans le scénario de la réforme électorale. Chaque jour on se demande si un nouveau rebondissement surviendra dans ce feuilleton au dénouement incertain. Une fébrilité qui est à son comble en ce moment, alors que l’audience du procès intenté par Rezistans ek Alternativ tient en haleine. Prévue pour aujourd’hui, elle est attendue avec impatience.

Le suspense engendre des rumeurs. L’une d’elles faisait état hier d’un report de la reprise des travaux à l’Assemblée nationale. Le Premier ministre aurait pris la décision de renvoyer la séance du 13 mai pour se donner un temps de réflexion avant de déposer un projet de loi électorale. Il n’est pas exclu qu’une annonce officielle soit faite aujourd’hui par le représentant de l’État devant le tribunal.

Si cela s’avère et que la réforme électorale est votée, les cartes seront totalement rebattues sur l’échiquier politique. La nouvelle formule ouvrira la voie à une lutte triangulaire aux prochaines législatives. Car, une fois la représentation proportionnelle adoptée par le Parlement, les partis politiques seront davantage tentés par des alliances postélectorales. Les blocs qui se constituent après les élections ont l’avantage de refléter les vrais rapports de force.

De plus, si l’éventualité d’une lutte à trois se précise et que les élections sont maintenues pour 2015, le Parlement devrait retrouver sa vitalité perdue. Le MMM, n’ayant plus à attendre de cadeau du PTr, sera en mesure d’abandonner sa posture molle et fonctionnera comme une force d’opposition.

Pour autant, rien n’est encore acquis. En fin tacticien, Navin Ramgoolam va sans doute essayer d’exploiter la vulnérabilité connue de son principal adversaire. Dans le passé, il lui a suffi d’envoyer un «vulgaire courtier» chez Paul Bérenger avec un message doucereux pour parvenir à ses fins. Dans les futurs épisodes, il peut surprendre avec des coups plus sophistiqués.