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Briser le cercle vicieux
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Briser le cercle vicieux
Outre la guerre des nerfs autour du taux directeur, la dernière réunion du comité de politique monétaire a fait remonter à la surface un débat fort intéressant sur le potentiel de croissance. Bien que les avis divergent sur les chiffres, la Banque de Maurice estimant celui-ci à 4,1 %, le Fonds monétaire international à 3,5 %, le MCB Focus entre 4 et 4,2 % et la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) à 3,7 %, tous se rejoignent sur un fait : le potentiel de croissance a baissé considérablement par rapport à son niveau d’avant la crise qui tournait autour de 5,5 à 6 %.
Ce constat est des plus inquiétants car il signifie par la même occasion que le présent modèle, caractérisé par l’instabilité de la croissance économique, ne nous permettra pas de réaliser nos ambitions socio-économiques et de résorber durablement le chômage.
Face à une telle situation, les options ne sont pas innombrables pour insuffler un nouvel élan à l’économie. Le secteur privé semble l’avoir compris comme en témoignent les récentes déclarations à l’effet que le pays a besoin d’un nouvel agenda économique. Toutefois, la confusion politique du moment fait que les voix se font entendre timidement.
Pourtant, il a été clairement établi aujourd’hui que la relance passera impérativement par un plan de réformes en profondeur pour ne pas dire un plan de développement intégré élaboré sur la base d’une vision du style Vision 2020. C’est le seul choix possible. Le FMI ainsi que les analystes économiques locaux ne cessent de nous le rappeler. Malheureusement, jusqu’ici, il n’y a point de signes indiquant un changement de trajectoire.
Au contraire, un climat d’attentisme s’est ins-tallé dans le pays, comme le prouvent les récents sondages de la CCI et de TNS Analysis auprès de la communauté des affaires et des consommateurs respectivement.
Certes, le contexte politique et l’approche des élections générales peuvent, d’un certain point de vue, refroidir les ardeurs réformatrices des dirigeants du pays, mais rien ne dit que nous ne pouvons imaginer, dans la conjoncture actuelle, une proposition ambitieuse axée sur une vraie politique de démocratisation ouvrant la voie à de nouvelles perspectives de croissance.
Il est tout à fait possible de rallier le soutien populaire autour d’un projet de société visant à offrir aux Mauriciens un meilleur niveau de vie, un meilleur partage du gâteau national et à retenir ces nombreux jeunes qui ne songent qu’à aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs. Encore faut-il en avoir la volonté !
La crise globale nous a ouvert une fenêtre d’opportunités pour repenser notre modèle économique ainsi que les moteurs de croissance qui s’essoufflent. Plus nous tardons à agir, plus nous retardons le processus de reprise sur le plan national. Car nous ne pourrons pas éternellement compter sur les secteurs qui ont agi jusqu’ici comme facteurs stabilisateurs de l’économie alors que d’autres sont en difficulté.
C’est donc tout un cercle vicieux qui demande à être brisé. Rien de mieux pour démarrer cet exercice que de montrer l’exemple en procédant à une refonte totale de ces corps parapublics qui engloutissent des milliards de roupies chaque année en termes de subventions sans pour autant faire preuve d’efficacité. Ce n’est certainement pas le public qui se plaindra si un véritable « tsunami » s’abat sur ces « canards boiteux » de la République.
Pendant qu’on y est, pourquoi ne pas venir de l’avant avec un plan intégrant les beaux discours sur l’économie verte à une vision réelle du déve-loppement ? Une telle ébauche balisera le terrain pour tous les projets d’envergure qui seront exécutés à l’avenir dans la mesure où le pays se veut être un modèle en matière de développement durable. Une remise en question de la gestion de nos ressources en eau et en énergie est aussi nécessaire, surtout dans un contexte marqué par le changement climatique.
Dans le même souffle, il est important de supprimer les freins à la compétitivité du pays.
Nous pensons là, par exemple, au secteur portuaire, poumon de notre économie. Entre l’ambition annoncée de faire de Port-Louis une plaque tournante dans la région et la réalité au quotidien, il y a plus qu’un pas. Les récents cas de pillage de conteneurs frigorifiés en transbordement sont venus mettre en exergue un problème de sécurité alors que les opérateurs économiques se plaignent déjà de la productivité dans ce secteur.
L’accès aérien est un autre sujet prioritaire à être abordé de manière réfléchie si nous ne voulons pas que le nouvel aéroport ne soit qu’une simple frontière aérienne.
En somme, il s’agit de prendre le taureau par les cornes à tous les niveaux pour éviter de perpétuer les mêmes dysfonctionnements. Nous y parviendrons au moyen d’un nouvel agenda économique accompagné d’une réforme non seulement du système électoral, mais aussi et surtout du système éducatif. C’est le seul moyen de poser les jalons pour un changement de mentalité dans le pays.
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