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Gaspillage d’énergie !
Salutaire, après tout, ce livre blanc sur la réforme électorale. Il génère pas mal de propositions qui remettent en question, non seulement notre système électoral, mais le fonctionnement même de notre démocratie. Nous sommes peut-être arrivés à une période charnière de notre histoire, où il importe de minimiser nos divergences politiques, sociales, ethniques et religieuses afin de nous consacrer, en priorité, au développement intégral et intégré de Maurice.
Les agitations et autres secousses citoyennes qu’on ressent ça et là sont saines. Elles nous démontrent que la gestation d’une deuxième république se révèle plus participative que nos débats constitutionnels antérieurs (accessions à l’Indépendance et au statut de république). Et elles confirment que l’émancipation de la nation mauricienne et de sa jeunesse est bel et bien en route.
Seuls quelques doux rêveurs nostalgiques croient qu’un million d’habitants vont contempler, avec leur apathie légendaire, des dirigeants politiques et des clans dynastiques gavés, vieillis et pourris. Ceux traditionnellement écartés du jeu politique – et électoral –, communalisé à outrance, attendent leur heure patiemment. De toute façon, Maurice ne pourra atteindre un autre palier de son développement qu’en détruisant d’une manière ou d’une autre l’ordre actuel des choses.
Dans nos échanges sur l’état du pays, un ami cher me rappelait toujours que le développement n’est qu’un autre mot pour exprimer la survie. Cette conception de développement, de survie, dépend d’un état d’esprit, d’une attitude dans toute la population. C’est un peu la tâche que s’est donnée notre groupe de presse : multiplier les informations autour des projets, des idées, des réalisations et des échecs, afin de donner au pays sa chance, toutes ses chances.
Mais pour arriver a créer ce climat fait d’esprit d’aventure, d’innovation, d’expérimentation, il faut que les dirigeants comprennent, une bonne fois pour toutes, que l’interaction est incontournable. Cet effort collectif que nous revendiquons ne dépend pas de l’identité du gouvernement du jour ou de l’opposition – il est au-dessus d’eux, de nous, de nos petites personnes. C’est une question d’altitude !
Et de la hauteur, c’est justement ce qu’il manque à ce gouvernement. Prenons le dossier de l’énergie renouvelable, nous sommes en train de reculer au lieu de progresser – voir en pages 10-11. Le formidable projet Maurice Ile Durable (MID) – qui avait, à un moment, pour ambition d’être un modèle de la fusion réussie entre le numérique et l’énergétique – est devenu un slogan creux. Si, dans les grandes conférences internationales, Joël de Rosnay explique que les énergies renouvelables (le parrain de MID en dénombre 12) doivent être combinées entre elles (afin de diminuer les énergies fossiles) avant d’être distribuées a travers une grille intelligente (“smart grid”), force est de constater que chez nous, dans les officines du pouvoir, on s’en contrefiche. Sinon comment expliquer le feu vert accordé, en ce triste 27 décembre 2013, à la centrale à charbon CT Power et sa capacité polluante de 110 MW. Pourquoi les cris de protestation du Kollectif Pu Lenerzi Renouvelab, les 35 000 signatures réunies pour contrer le projet et le plan d’action de la plateforme National Energy Commission ne sont-ils pas pris en considération ?
C’est précisément ce genre de gaspillage d’énergie citoyenne qui doit être stoppé.
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