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Suspendre la démocratie

14 mai 2014, 07:14

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Fermé pour cause de vacances. Le Parlement a encore été mis en veilleuse. Les députés et ministres n’ont pas eu à reprendre leurs strapontins dans l’hémicycle hier. Les travaux de l’Assemblée nationale ont été suspendus pour une période indéfinie. C’est comme si la démocratie avait été suspendue.

 

Dans une société moderne, une telle situation est inimaginable. Pourtant, c’est une réalité à Maurice. Le leader de la majorité l’a annoncé lundi. Ainsi, les ministres n’auront pas à rendre compte de leurs actions au peuple. Les projets de loi annoncés attendront encore avant d’être inscrits à l’agenda parlementaire. Les députés se verront privés de l’occasion de faire remonter, au Parlement, les griefs de leurs mandants. Parce que le Premier ministre doit réfléchir à la réforme électorale.

 

La raison invoquée officiellement n’est pas plausible. Qui va croire que la rédaction d’un projet de loi, aussi important soit-il, peut empêcher le Parlement de siéger ? À l’exception d’une petite poignée de dirigeants MMM, disposés à défendre les positions de Navin Ramgoolam mieux qu’il ne le fait lui-même, personne n’est dupe de ce prétexte.

 

Si le Parlement est contraint de stopper ses travaux, c’est probablement parce que le Premier ministre y trouve son intérêt. Il craint des séances parlementaires embarrassantes pour sa majorité. Sachant qu’il ne peut éternellement mettre sous l’éteignoir le leader du MMM en agitant la carotte de l’alliance PTr-MMM, il a eu recours à l’outil extrême : la prorogation.

 

Sans les vacances, Paul Bérenger aurait fini par redevenir opérationnel et poser les questions que l’on attend d’un leader de l’opposition. Sans doute, Navin Ramgoolam a jugé que c’est trop risqué pour lui et ses ministres, dont Jeetah et Bappoo.

 

Avec la prorogation, Navin Ramgoolam gagne sur tous les fronts. Il met un couvercle sur les scandales, recrée l’atmosphère propice à des séances de «koz kozé» et finit d’achever la crédibilité de ses principaux adversaires politiques. Tant pis pour la démocratie.