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Qui suis-je ?
Souvent, quand je rencontre des gens, on m’encourage pour cette Kronik dominicale que vous lisez en ce moment. Et chaque fois je réponds : « Non, non, ce n’est pas moi ! » Bien évidemment, personne ne me croit. Or, c’est la vérité vraie : KC Ranzé n’est pas une personne, une plume, mais un collectif d’idées et de voeux citoyens et patriotiques rassemblés derrière un pseudonyme-slogan. L’existence précédant l’essence ou vice versa, cette rubrique s’efforce de nourrir une conscience en permettant aux idées de voler la vedette aux signatures des journaux et de l’espace public mauricien.
Dans notre petit pays d’interconnaissance, on a cette fâcheuse tendance à faire des commentaires, souvent désobligeants et farfelus, sur des personnes (qu’on ne connaît même pas) en fonction de leur âge, appartenance sociale, apparence physique, cercle d’amis, orientation sexuelle, croyances, ou équipe de football, etc. Les idées, elles, sont reléguées au second plan. A cause de la taille exiguë du bassin mauricien, on cultive cette tendance à se mettre en avant, devant et sur les autres, pour voler la lumière, alors même que le fond demeure souvent creux dans pareil panier de crabes. KC Ranzé s’est donné pour mission d’essayer d’inverser, à l’échelle de ses modestes possibilités, cette tendance, en dépouillant les idées de leurs pesanteurs identitaires.
Pour plaire aux dirigeants du jour et me faire voir sur la MBC, j’aurais pu, comme beaucoup le font par opportunisme, afficher un optimisme béat comme le ministre Choonee, communiquer sur le « feel good factor », mais j’ai choisi la langue de vérité dure, sans détours, sans rien attendre en retour, sauf des tentatives d’intimidation qui me font sourire.
Respirons à pleins poumons et avouons-le : « something is terribly rotten in the state of Mauritius ». Et on ne guérira pas cette gangrène diabétique en refilant du sucre au malade, comme ces « marsan siro » qui le font matin, midi et soir. La cupidité, le farniente et le lèchebottisme ne sont pas de bonnes fréquentations pour une réforme sincère. Ceux qui sont à la tête du pays auraient dû montrer l’exemple au lieu de se battre comme des chiens devant une chienne en chaleur. C’est normal que tout commence à péricliter. L’ouvrier chargé d’un travail qui ne tient pas parole, le journalier qui ne respecte ni les heures, ni l’esprit de son contrat, l’emprunteur insolvable qui pousse des cris de putois illustrent la faillite des mentalités, l’habitude de l’indiscipline, la pourriture sociale que les institutions sont censées décourager et dont elles sont elles-mêmes de pernicieux exemples.
Aujourd’hui, chaque lobby pète plus haut que son nez. On bloque un projet pour obtenir une « compensation ». On a des permis parce qu’on caresse la nuque d’un prince. Les emplois qu’on aurait pu recycler de notre secteur public improductif sont présentés comme des crimes contre l’humanité et c’est sans rire que le ministre explique à l’opinion publique qu’il a travaillé d’arrachepied pour faire accepter une petite réforme du marché du travail que tous les pays dignes de ce nom acceptent sans rechigner pour se moderniser.
Comme pour les soûlards, il doit y avoir un ange gardien pour Maurice. On n’est pas (encore ?) Madagascar, ni le Malawi, encore moins le Soudan. Mais la guerre, la nôtre, pour éviter le pire n’est pas fi nie. Elle ne finira jamais et va requérir patience, intelligence et effort pendant de nombreuses années et générations. En aucun cas on ne peut souffler. En tout cas, moi, je ne vais pas souffler !
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