Plus tôt la réforme électorale sera finalisée et l’Assemblée nationale rouverte, mieux ce sera pour le pays. La nécessité de moderniser notre système électoral ne souffre d’aucune contestation, surtout pas de notre part. D’autant plus que nous sommes arrivés aujourd’hui à un niveau où le système contribue à une crétinisation de la classe politique étant donné que pratiquement tout le monde au sein du microcosme a couché avec tout le monde. Il n’y a qu’à voir les acrobaties, les pirouettes et les pitreries de nos politiciens pour se rendre compte qu’après 46 ans d’Indépendance, le système actuel commence à s’essouffler. Le faire évoluer est donc devenu une nécessité si nous voulons offrir une bouffée d’oxygène au pays à travers la possibilité de voir émerger de nouvelles forces politiques et en encourageant les débats d’idées au lieu des attaques personnelles auxquelles nous a habitués la classe politique.

Cela dit, il ne faut pas que nos deux pâtissiers en chef, pour reprendre l’analogie du gâteau de notre Premier ministre, le Dr Navin Ramgoolam, prennent une éternité à trouver la formule, non pas qui leur convient, mais qui convient au pays. Car les tergiversations autour de la question ne feront qu’alourdir davantage un climat déjà tendu et détourneront de plus en plus le regard des questions aussi urgentes ou sinon plus urgentes que la réforme électorale.

Le pays – et par ricochet l’économie – ne peut plus se permettre de continuer de subir les ébats des politiciens et d’être relégué pendant aussi longtemps au second plan surtout pas dans une conjoncture où il s’agit de se concentrer à préparer la reprise économique. D’où la nécessité d’avancer sur le dossier de la réforme électorale et d’aller chercher, une fois les discussions complétées, un mandat populaire.

Ce qui permettra enfin au pays de respirer après avoir été tenu en haleine pendant des mois par des ébats politiques. Si l’on se fie aux récentes déclarations du leader du MMM, Paul Bérenger, qui fidèle à son habitude a pris les devants pour annoncer que selon ses informations, le projet de loi sur la réforme électorale est fin prêt, nous pouvons pousser un ouf de soulagement ! Car depuis que le projet de réforme électorale est revenu sur le tapis, le pays tourne au ralenti, pour ne pas dire a été placé en mode de pilotage automatique.

Toutefois, tout le monde ne partage pas l’optimisme du leader du MMM qui, du coup, annonce également son intention de porter prochainement la question d’alliance avec le Parti Travailliste devant les instances de son parti. Un sujet que les travaillistes eux-mêmes, du moins les porte-parole officiels, évitent de commenter ouvertement.

Cette posture prudente des uns est tout à fait compréhensible surtout quand on a vu à l’oeuvre celui qui dicte désormais l’agenda politique. Il s’agit, bien évidemment, du Premier ministre qui, après avoir repris la main au défunt Remake 2000 grâce à son projet de réforme électorale, n’a fait jusqu’ici que brouiller les pistes en soufflant le chaud et le froid sur la marmite politique. Une stratégie qui lui a permis en mainte occasion de gagner du temps alors que son gouvernement était sous pression. La démonstration a, une nouvelle fois, été faite avec la prorogation de l’Assemblée nationale sans qu’il ne fasse l’objet d’attaques, du moins pas de la part du principal parti de l’Opposition. Autres temps, autres moeurs.

Reste maintenant à savoir si Navin Ramgoolam cherchera à jouer, une nouvelle fois, la montre comme il le fait si bien en allant dénicher un macadam ou un grain de sable pour repousser le projet de réforme électorale, alors que Paul Bérenger croit savoir que nous sommes pratiquement au bout du tunnel. Nous devrions y voir plus clair d’ici à la semaine prochaine à en croire le leader de l’Opposition.