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Le véritable plus grand parti…

7 juin 2014, 07:44

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Le véritable plus grand parti…

Leur script commun en main depuis plusieurs semaines, Ramgoolam et Bérenger sont parvenus à la fin du premier acte de leur pièce de théâtre qui ne fait que commencer. Ils se sont débarrassés, sans surprise et sans aucun état d’âme, de leurs partenaires respectifs. Jugnauth et Duval ont pris du temps pour comprendre que, quoi qu’ils disent, quoi qu’ils fassent, leur sort était scellé sur l’autel de la réforme électorale et de la seconde République.

 

Libéré, le ‘Power Couple’ va pouvoir s’aimer à nouveau, se pavaner ensemble, devant les caméras complaisantes de la MBC. Clarisse House, pas loin de chez eux, redeviendra leur nid d’amour.

 

Seul bémol, d’ordre psychologique, les deux nouveauxanciens tourtereaux ont déjà été échaudés l’un par l’autre dans le passé. À cause de cela, ils risquent d’être en permanence sur le qui-vive, un peu comme l’amant trompé qui veut, mais ne peut, faire confiance à l’autre. Eh oui, ce ne sera pas du gâteau, ces nouvelles noces PTr-MMM. Pour plusieurs raisons.

 

D’abord, il suffit de bien écouter Ramgoolam et Bérenger pour comprendre leur dilemme. Certes, les deux parlent du PTr et du MMM comme “les deux plus grands partis de Maurice”. Mais Ramgoolam dit d’abord le PTr et ensuite le MMM, alors que Bérenger dit la même chose mais en inversant l’ordre des partis. Davantage que pour leur amour-propre, ils le font surtout pour leurs partisans – afin que ces derniers croient que c’est leur parti qui est la locomotive de la nouvelle alliance rouge-mauve. Or, il ne peut y avoir deux locomotives pour le même train. Avec la répartition des tickets, l’on saura, assez vite, qui des deux leaders se taillera la part du lion et qui acceptera d’être sous les ordres de l’autre. C’est clair que la formule 30-30 ne marchera pas dans leur cas.

 

Ensuite, il leur faudra rassurer leurs troupes. Indépendamment du nombre de tickets négocié, il y aura d’autres sacrifiés encore, des deux côtés. Ce qui ne va pas aider pour redévelopper des liens affectifs entre les adversaires d’hier. Si ceux qui ceinturent leur leader aux bureaux politiques seront peut-être compensés par une nomination par-ci ou une affectation par-là, qu’en sera-t-il de ces milliers de délégués des 20 circonscriptions qui se sont étripés depuis 2010 ? Comment faire, dans la pratique, pour cimenter les agents du PTr et du MMM ? Comment faire, parallèlement, pour désolidariser les agents rouges des bleus (qui ont travaillé ensemble depuis 15 ans) alors que ces derniers vont reprendre le chemin de guerre contre la réforme électorale et l’alliance PTr-MMM ?

 

Enfin, il y aura des politiciens frustrés de la nouvelle configuration politique, genre Duval et Collendavelloo, qui vont tout faire pour essayer de surfer sur ce qui est peut-être le véritable plus grand parti de Maurice : les indépendants ! Il y a plus d’une année, on estimait qu’au moins 41 % de l’électorat ne se considérait proche d’aucun parti politique. Il est fort probable que ce chiffre soit encore plus conséquent. Serait-ce la vraie raison qui a poussé Ramgoolam dans les bras de Bérenger pour leur pénultième danse, avant leur seconde République ?

 

***

Alors qu’on se focalise sur la chose politique, il est un fait inquiétant pour notre économie : deux ministres des Finances ont claqué la porte durant cette présente législature. Dans la sphère économique, des actes politiques, comme les départs de Pravind Jugnauth et de Xavier Duval, n’engendrent pas seulement un effet, mais des séries d’effets, qu’on voit progressivement, dans le temps. Le journaliste-économiste français Frédéric Bastiat (1801-1850) a beaucoup écrit sur «ce que l’on voit» et «ce qu’on ne voit pas», afin de vulgariser la notion selon laquelle l’activité économique n’est pas une activité close. Et alors que l’on se dirige vers des élections, on a tendance à perdre de vue deux indicateursclés de notre économie : l’investissement et la productivité, qui sont en fait deux faces d’une même pièce de monnaie. L’avantpropos du ‘Top 100 Companies’ 2014 de Business Magazine (qui sera publié sous peu) tire la sonnette d’alarme sur le fait que l’investissement – privé et public - baisse depuis quelques années alors que la productivité, elle, progresse très mollement depuis plus d’une décennie. C’est à cause d’un leadership politique plus affairé à ses petites affaires qu’aux grandes problématiques auxquelles il a à faire face…