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Une alliance… Pour quoi faire ?
Une alliance, cela ressemble beaucoup à un mariage. Mais il y a quand même quelques différences fondamentales.
Un certain nombre de mariages (la majorité !) sont quand même basés sur ce frisson particulier, presque indescriptible, que l’on appelle l’amour. Il peut être d’ordre romantique ou charnel, ou les deux, mais l’amour demeure ce philtre magique qui efface toutes les difficultés ou toutes les « contraintes » qui pourraient surgir de part et d’autre. Si l’amour est fort, il soude une relation pour très longtemps, parfois pour la vie. En alliance, par contre, il n’y a pas d’amour. Peut-être tout au plus, pour rester dans le jargon, une « alchimie ». Ce qui peut aider, mais une alliance est surtout un mariage de raison (pas forcément de passion) et un alliage d’intérêts, un compromis culturel, un « trade off » de concessions froidement calculées et il n’est aucunement « pour la vie » sauf s’il devenait fusionnel (comme le PSM qui se dissout dans le MSM, pas comme le PMSD face au Ptr). Si dans un mariage, on peut vivre l’extase, dans une alliance, on compte. Les tickets, les ministères, les nominations, les avantages divers, mais aussi les objectifs et leurs échéances, un programme commun, un plan d’action…
La grande alliance, qui nous fascine depuis des semaines entières, n’est pas un mariage d’amour et son socle, comme dans toute alliance politique, sera donc continuellement mis à l’épreuve par les cultures et les ambitions différentes des deux partenaires. Prenez l’aspect du « grand nettoyage » promis par Bérenger. Cela devrait inévitablement procéder sur la base d’un certain nombre de victimes expiatoires, mais il y aura compromis sur d’autres qui ont pourtant suscité critiques acerbes et « dégoût » fortement proclamé en maintes occasions passées. Il y aura donc, sous la cendre, un tiraillement soutenu entre ce qui est dit et ce qui est pensé à propos de divers alliés. Le compromis, par nature, n’est jamais ni tout à fait sincère, ni parfait. C’est bien pour cela que l’on parle de concession et de compromis. Et pour avancer vers un gouvernement fort, c’est inévitable. L’autre force destructrice potentielle relève de ce que toute nouvelle initiative sera inévitablement cataloguée comme une remise en question, un blâme, de ce qui a été entrepris (ou négligé) jusqu’ici pendant 10 ans de gouvernement travailliste. Une alliance, cela nous désole aussi, voudra mathématiquement dire moins de place pour les jeunes. Qui n’auront pas un quota d’un tiers, eux !
Peut-on dépasser ces faiblesses prévisibles d’alliance ?
Oui, probablement, mais on ne peut imaginer que deux scénarios possibles.
Le premier, le pire, celui qu’il faut craindre par-dessus tout, concrétiserait un consensus mou entre deux partenaires qui acceptent de régner plutôt que de gérer, au motif que le partage des prébendes du pouvoir est quand même mieux que risquer de les perdre (travaillistes) ou risquer de ne plus jamais les conquérir (MMM). Cette approche fi nirait par scléroser le pays et le divorcer de tous ses choix difficiles. Et donc de son avenir. C’est le scénario cynique.
Le second scénario fait l’hypothèse que Ramgoolam et Bérenger, sincères et émus, ont établi un programme réformiste fort, global, bien réfléchi sur lequel ils se concentreront, le temps de donner une impulsion décisive au pays et d’y laisser leurs marques respectives comme ceux qui, au-delà des clivages de la politique politicienne et de l’ethnicité qui nous alourdit, ont décidé d’unir leurs forces pour une franche chance de progresser matériellement pour sûr mais bien plus encore !
Dans ce second scénario-là, les chantiers sont embrassés à deux, pour le bien du pays, même s’ils ne sont pas nécessairement populaires au départ ; la population ayant été déjà largement polluée mentalement à chercher un « bout » en toute circonstance. On parlera ici de réformes institutionnelles, de méritocratie, de plus de discipline, de moins de gaspillage, d’approfondissement de la démocratie (et notamment de la transparence financière des partis), de la productivité érigée en modèle intégré, d’une « Freedom of Information Act », de la télévision (la vraie) privée, d’un secteur éducatif dynamique, innovant, porté par le désir d’ouvrir les esprits, de susciter la soif d’apprendre et de partager pour la vie, de réussir bien au-delà d’un examen écrit, d’une conscience écologique nationale qui fasse de nous un exemple planétaire comme promis par le MID. Tiens, c’est assez largement ce dont les deux parlaient hier à leur conférence de presse conjointe… Ils ont aussi mentionné : corruption, économie.
Le ton, d’hier, était d’ailleurs prometteur. Reste plus qu’à concrétiser… (Texte initial terminé à 14 h 32)…
PS : Mais quelques instants plus tard, à l’issue du comité central du MMM, il n’était plus question du tout de concrétisation mais d’abandon d’alliance. Jusqu’à quand vont-ils se moquer de leur électorat ?
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