C’est une image que vont savourer ceux qui furent traités d’imbéciles alors qu’ils manifestaient contre les tractations entre le PTr et le MMM. Ils se souviendront longtemps de ce vendredi où le courtier Ganoo, un texte prêt-à-signer à la main, un portable collé aux oreilles, attendait en vain que son interlocuteur décroche le téléphone.

L’envoyé de Paul Bérenger attendait le signal pour se rendre chez Navin Ramgoolam et arracher la signature qui aurait scellé l’alliance PTr/MMM. Finalement, le partenaire que Ganoo a longtemps recommandé à son parti n’a même pas daigné répondre à son appel.

C’est le 16 avril dernier que des sympathisants du MMM avaient osé descendre dans la rue pour dire non au réalignement de leur parti. Qualifiés, tour à tour, d’«imbéciles» et de «fos militan», les protestataires de la rue Ambrose maintenaient qu’ils étaient simplement révoltés par la pirouette de leurs dirigeants. Ils craignaient que les choses tournent mal pour leur parti. Les événements de ces deux derniers mois leur donnent raison.

Deux mois pendant lesquels le parlement n’a pas siégé et pendant lesquels les véritables débats nationaux ont été sacrifiés. Dans le tourbillon créé par les relations on/off durant cette période, des politiciens ont perdu le sens des priorités. Pour les rouges, ce qui comptait le plus, c’était leur survie au pouvoir. Pour les mauves, c’était la conquête facile du pouvoir. Finalement, ni les uns, ni les autres n’ont avancé vers le but rêvé.

Dans ce jeu politique, le PTr a néanmoins trouvé son compte. Car, l’opposition s’est faite complice du gouvernement pendant deux mois et les scandales étaient oubliés. Le MMM, en revanche, se retrouve perdant sur toute la ligne. Le leader du parti doit regretter aujourd’hui le choix qu’il a fait entre le jugement des «imbéciles» et celui du courtier.