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Emportements amoureux
Paul Bérenger et Xavier Duval ont au moins un point commun. Ils sont tous deux attirés par Navin Ramgoolam. Le premier l’a longtemps convoité, le second l’a longuement côtoyé. Le leader travailliste ayant choisi de se passer des deux, il est normal que Bérenger et Duval soient devenus des alliés objectifs. Hier, ils se sont soutenus et réconfortés mutuellement lors de leur première rencontre depuis «très longtemps».
Ces retrouvailles ne constituent pas qu’un banal exercice de dramaturgie politique. Elles symbolisent une nouvelle manière de faire de la politique. Aujourd’hui, la priorité, ce n’est pas de faire avancer des grandes causes. D’ailleurs, sur bien des sujets, les positions des partis varient en fonction de la conjoncture. Les combats sont désormais tactiques, pas idéologiques.
La meilleure illustration de cette évolution est fournie par le MMM. Qui l’aurait cru ? Ce parti, qui a donné à des générations entières une conscience politique, affiche depuis peu une grande souplesse et adapte sa réflexion à ses intérêts. Par exemple, il a défendu la prorogation du Parlement avec plus d’ardeur que le Premier ministre lui-même au lendemain de la mesure, au plus fort de son emportement amoureux. Aujourd’hui, devenu un soupirant déçu, il attaque Ramgoolam sur la prorogation. Il va jusqu’à prôner une manifestation de rue pour réclamer le rappel du Parlement.
Manifestement, à l’ère des alliances On/Off, la conception de la politique est dominée par une approche plus politicienne que morale. L’on cherche plutôt à régler des comptes, à satisfaire des ambitions personnelles, quand ce n’est pas la recherche du plaisir qui dicte les conduites.
Dans ces circonstances, le MMM ne peut espérer susciter un enthousiasme populaire en déclenchant un mouvement d’opposition au gouvernement. Parce qu’on a du mal à le suivre. Hier il encensait le régime, demain il présentera une motion de censure contre ce même régime. L’encenseur devenu censeur.
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