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Dire non

«Ar nou non», disent-ils au leader de l’opposition. Et les voix qui s’y opposent ne viennent pas des rangs du gouvernement. Ceux qui disent «non» aujourd’hui à Bérenger font tout aussi partie de l’opposition. Ceux qui disent «non» au leader du MMM réclament également, à cor et à cri, la réouverture de l’Assemblée nationale. Ceux qui disent «non» aux Mauves disent pourtant «non» au gouvernement de Ramgoolam. Mais voilà, les koz koze, les tergiversations, les on/off ont eu raison de la crédibilité d’un MMM qui se retrouve complètement seul avec son projet de manifestation/réclamation de la reprise des travaux parlementaires.
Ainsi, le PMSD, malgré ses différentes «visites de courtoisie» ici et là, ne veut pas, selon Bérenger, après quatre ans au gouvernement, «rush things», choisissant donc une posture plutôt décente. Le MSM, par la voix de Pravind Jugnauth, a fait savoir, hier, que le leader mauve utilise l’opposition à son propre avantage pour entamer de nouvelles discussions avec Ramgoolam, la ligne de mire étant toujours une éventuelle alliance MMM/PTr, dixit Pravind Jugnauth. Celui-ci a alors décidé d’allonger la liste des «non».
Les autres formations ancrées à gauche – Lalit, Resistans ek Alternativ, Mouvement 1er Mai –, ceux que Bérenger appellent les «groupuscules» et qui, faut-il le rappeler, projettent une meilleure image politique que les partis traditionnels, ont eux aussi décliner cette invitation avec, comme raisonnement – et ce n’est pas faux –, que le MMM a été lui-même complice du verrouillage des portes de l’Assemblée nationale. A-t-on oublié le bénéfice du doute, donné le lendemain de la prorogation du Parlement, à Ramgoolam par une opposition qui, au lieu d’opposer, avait décidé de se montrer loyale pendant que l’opinion publique criait au scandale ?
Du coup, le refus de tous les autres partis de participer à une réunion élargie, prévue initialement pour demain, mais abandonnée faute de solidarité collective, sonne comme une claque, forçant ainsi le MMM à revoir son plan. Et même si les dirigeants mauves n’abandonnent pas l’idée d’une mobilisation devant le parlement, force est de constater que le MMM, sans les différentes forces parlementaires et extra-parlementaires de l’opposition, ne créera pas le dynamisme attendu. Fallait-il pire humiliation pour le principal parti d’opposition qui, clairement aujourd’hui, souffre d’une image brouillée, confuse, quand son leader ne renvoie pas un portrait arrogant envers ses militants traités, hier, d’imbéciles à cause de ses koz koze avec Ramgoolam, et à qui il a demandé, lors de la dernière assemblée des délégués, de voter contre une alliance avec le PTr ? Ce à quoi, un militant courageux et fatigué des zigzags de son leader (celui-ci était visiblement mal à l’aise face à cet exercice) ne s’est pas fait prier pour rappeler qu’il est difficile de voter contre une alliance pour laquelle il n’a jamais voté pour. Et vlan !
À ceux qui, toujours lors de l’Assemblée des délégués, cherchaient des garanties qu’il n’y aura aucune nouvelle discussion avec les Rouges, Bérenger a sorti l’une de ses formules anecdotiques dont lui seul a les secrets : «Même si Ramgoolam deguiz li en Miss Universe, pa pou ena». La décision de couper les ponts avec les Rouges étant, selon ses propres mots, définitive. Mais après les deux dernières semaines, où l’annonce des fiançailles prématurées cédait ensuite la place à une séparation hâtive pour inaugurer d’autres nouveaux flirts, qui oserait affirmer, d’une manière sûre et certaine, que d’autres négociations mauve-rouge n’auront pas lieu ?
Dignité ? Cohérence ? Crédibilité ? Depuis longtemps, certains ont oublié la signification de ces mots. L’espérance vient de ceux qui, façon Edwy Plenel, savent dire «non» comme pour provoquer un sursaut démocratique tant attendu !
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