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La fin d’un cycle
Il y a des signes qui ne trompent pas. Alors que les arrivées touristiques sur le plan mondial ont crû de 5 % en 2013, atteignant de nouveaux records, ici, à Maurice, nous continuons à lutter pour atteindre la barre du million de visiteurs. Pire, tandis que l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) prévoit que les résultats de 2013 « plantent le décor d’une nouvelle année positive pour le tourisme international », nous ne pouvons en dire autant pour le tourisme mauricien.
Les chiffres officiels de l’institut des statistiques sont en ce sens très révélateurs. Les arrivées touristiques pour les trois premiers mois de l’année ont baissé de 1 % par rapport à 2013. Une tendance également ressentie au niveau des recettes qui ont chuté de 4,5 % pour atteindre Rs 11,5 milliards. Un autre fait inquiétant à relever est la dépense moyenne par touriste qui recule de 3,6 % au premier trimestre, pour se situer à Rs 43 738, contre Rs 45 381 lors de la période correspondante en 2013.
Pour remuer le couteau dans la plaie, une étude intitulée Hospitality Outlook 2014-2018, publiée la semaine dernière par la firme PwC, indique que le revenu des chambres d’hôtel a plongé de 8,7 % en 2013. Dès lors, la question se pose : pourquoi ? La destination est-elle trop chère ? L’étude de PwC nous apprend, par exemple, qu’une chambre d’hôtel à Maurice coûte en moyenne 170 euros, soit 2,7 fois plus que le prix moyen en Afrique du Sud et 28 % de plus que le prix moyen d’une chambre cinq -étoiles dans ce même pays.
Il s’agit donc d’un problème de compétitivité. C’est ce que le Fonds monétaire international (FMI) s’évertue à nous faire comprendre à travers l’analyse suivante : « Mauritius is in the 8th lowest decile in the group of tourism-dependent countries, which can be interpreted as having low competitiveness against its peer group…»
Pourtant, il y a quelques années, la destination mauricienne dépassait de loin des concurrents comme les Seychelles et les Maldives. À l’époque, la solidité de cette industrie était telle que dans un de ses rapports, l’institution de Bretton Woods avait attiré l’attention sur le fait que les arrivées avaient progressé de l’ordre de 340 % entre 1985 et 2000. Il est clair qu’aujourd’hui, le vent a tourné. Il n’y a qu’à voir la contribution de l’industrie au produit intérieur brut pour s’en rendre compte. Celle-ci est passée d’environ 9,6 % en 2008 à presque 7 % cette année, selon Statistics Mauritius.
Les repositionnements dans le secteur hôtelier témoignent également de cette réalité nouvelle à laquelle l’industrie est confrontée. Pas plus tard que la semaine dernière, Sun Resorts, un des fleurons de l’hôtellerie mauricienne, a annoncé avoir signé un accord avec le groupe Shangri-La pour la gestion de l’hôtel Le Touessrok. Dans la foulée,
le groupe mauricien cède 26 % à Shangri-La dans SRL Touessrok Hotel Limited, la compagnie qui détiendra les actifs de l’hôtel Le Touessrok. Ce partenariat vient non seulement confirmer que le temps du business as usual est révolu, mais démontre aussi que les chaînes hôtelières, jusqu’ici largement nationales, ont compris l’enjeu de l’ouverture.
Qu’en est-il de toutes les parties prenantes de l’industrie ? Réussiront-elles à se mettre d’accord sur les maux qui rongent le tourisme mauricien et à trouver des solutions pérennes ? Le temps ne joue certainement pas en notre
faveur. L’industrie touristique est à la croisée des chemins et ce ne sont pas quelques mesures cosmétiques çà et là qui la remettront sur les rails. Il s’agit là d’une refonte en profondeur car le concept Sun, Sea and Sand ne fait plus rêver !
La tâche qui nous attend est considérable mais pas insurmontable. La preuve ayant été faite avec la transformation de l’industrie sucrière en une industrie cannière et la montée en gamme dans le textile mais faut-il pour autant en avoir la volonté.
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